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À La Une - Syrie

La coalition frappe l'EI dans la région où 220 Assyriens ont été enlevés

Le médiateur de l'Onu attendu samedi à Damas.

Une famille chrétienne assyrienne assiste à une messe célébrée à l'église Saint-Georges, à Jdeideh, au Liban, à l'intention des 220 Assyriens enlevés en Syrie par les jihadistes du groupe Etat islamique . AFP PHOTO / ANWAR AMRO

La coalition internationale qui combat le groupe Etat islamique a mené jeudi des frappes contre des positions des jihadistes dans le nord-est de la Syrie, où ils ont enlevé plus de deux cents chrétiens assyriens.

Dans un nouveau bilan, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état du rapt de 220 personnes, contre 90 précédemment, depuis lundi. Les Assyriens ont été enlevés dans la région de Tall Tamer, à une vingtaine de km à l'ouest de Hassaké, où l'EI contrôle désormais 10 villages chrétiens, selon l'ONG. La ville de Tall Tamer demeure, elle, sous le contrôle de forces kurdes.
Des raids de la coalition ont eu lieu autour de Tall Tamer, selon cette même source qui n'a pas fourni dans l'immédiat un bilan des victimes des frappes.

Ces trois derniers jours, près de 1 000 familles d'Assyriens, soit quelque 5 000 personnes, ont fui leur domicile pour trouver refuge à Hassaké et Qamichli, deux villes du nord-est tenues par les forces kurdes et gouvernementales, selon un responsable assyrien. "Ils sont désespérés, dans un total dénuement, ils ont tout laissé derrière eux", a raconté à l'AFP par téléphone depuis Qamichli Jean Tolo, responsable de l'Organisation assyrienne pour les secours et le développement.

 

(Lire aussi : "Un complot se trame contre les Assyriens de Syrie. Ils veulent nous chasser de nos maisons")


Joint par téléphone à Hassaké, Danny Jano, 35 ans, a expliqué à l'AFP avoir fui en pyjama avec sa femme et ses deux filles en apprenant que les jihadistes approchaient de son village. "Les combats ont commencé lundi à 04h00 du matin. Nous avons entendu le bruit des armes automatiques et des bombardements durant sept heures avant de décider d'abandonner notre maison", a-t-il raconté.

Terrorisée, la famille Jano n'avait qu'une idée en tête: gagner un endroit sûr, au plus vite et sans se faire prendre, comme de nombreux autres chrétiens assyriens.  "Bien nous en a pris, car nous avons su que Daech (acronyme en arabe pour l'EI) était tout proche de notre village" de Tall Misas, aujourd'hui entre les mains des jihadistes.

Le sauve-qui-peut des villageois s'est fait en tracteur et en voiture. "J'ai pris trois enfants sur ma mobylette et j'ai rejoint le convoi", a expliqué Danny Jano, tailleur de profession, précisant qu'il leur avait fallu cinq heures pour faire 30 kilomètres et rejoindre Hassaké.

"Ce furent les heures les plus longues et les plus difficiles de ma vie car nous avons été la cibles de tireurs embusqués et un mortier a touché une voiture". Décrivant l'échappée avec sa famille, Jano assure que "tous ont eu la peur de leur vie" mais qu'ils n'ont "pas réfléchi à deux fois". "Nous sommes partis en pyjama sans nous retourner, sans nous arrêter jusqu'à ce que nous arrivions ici". "C'est un crime indescriptible. Ils ont brûlé des maisons, fait sauter des églises, kidnappé nos familles et tout cela pourquoi ? C'est une question dont je n'ai pas la réponse", assure Danny Jano. Mais, pour se donner du courage, il affirme: "Nous retournerons chez nous. Si ce n'est demain, ce sera après-demain".

 

Boucliers humains ?
Selon Oussama Edward, directeur du Réseau assyrien des droits de l'Homme basé en Suède, les otages assyriens, "en grande majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées", ont été emmenés à Chaddadé, un fief de l'EI au sud de Hassaké.

 

(Notre dossier, pour aller plus loin : Quand les chrétiens de Syrie organisent leur protection)

 

"L'EI perd du terrain et ils ont pris ces otages pour en faire des boucliers humains", a-t-il affirmé, estimant que le groupe tentera aussi d'échanger ses otages contre des prisonniers jihadistes aux mains des Kurdes.
Au moins 35 combattants de l'EI et 25 membres des forces kurdes et assyriennes ont été tués dans les combats dans la région ces trois derniers jours, selon l'OSDH.

Le Conseil de sécurité de l'Onu a "condamné fermement" ces enlèvements de chrétiens, qui sont les premiers de cette ampleur en Syrie, et réclamé leur "libération immédiate et sans condition". "De tels crimes montrent une nouvelle fois la brutalité de l'EI qui est responsable de milliers de crimes et violations contre les gens de toutes les religions, ethnies et nationalités".

 

Une "campagne internationale"
Le groupe sunnite radical a lancé jeudi sur le web une "campagne internationale" de soutien à son "califat islamique", proclamé en juin 2014 par son chef Abou Bakr al-Baghdadi sur les territoires conquis en Syrie et en Irak. "Frères, rejoignez-nous dans cette campagne et participez au combat contre les opérations que les mécréants lancent pour nous stopper", indique l'EI dans son appel, en référence aux frappes de la coalition qui visent aussi l'EI en Irak.

 

(Lire aussi: Quand des « cow-boys » se mettent au service des chrétiens d'al-Qosh contre l'EI)

 

La montée en force de l'EI en Syrie a grandement éclipsé la confrontation entre le régime de Bachar el-Assad, mis au banc par de nombreux pays occidentaux, et la rébellion, qui entrera le mois prochain dans sa cinquième année et a fait plus de 210 000 morts.

Le médiateur de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, est attendu samedi à Damas, où il discutera de sa proposition de gel des combats entre rebelles et forces du régime pendant six semaines dans la grande ville du nord Alep, selon la presse syrienne.

Lors d'une rencontre mercredi avec trois parlementaires français, le président Assad a déclaré son appui à cette initiative, selon des participants à la réunion. L'entretien de ces parlementaires avec M. Assad, avec lequel Paris n'entretient plus de relations, a été condamné par le président français François Hollande, qui a qualifié le chef de l'Etat syrien de "dictateur".

 

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