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Moyen Orient et Monde - Conférence

Le rôle de l’éthique pour déconstruire la propagande terroriste

Au Carnegie Middle East Center, trois intervenants se sont prononcés hier sur le traitement médiatique du phénomène. Compte rendu.

Les médias sont-ils dans l'obligation de diffuser l'intégralité du contenu d'une information ? Jim Muir, correspondant de la BBC à Beyrouth, a insisté sur le défi posé par les techniques très sophistiquées de la propagande terroriste. Selon lui, une élaboration aussi professionnelle place le journaliste devant un dilemme : reproduire et servir les objectifs de l'organisation terroriste, ou sélectionner l'information et, dans ce cas, quelles seraient les limites à s'imposer ? Cette tâche est rendue d'autant plus délicate par l'information massive diffusée sur les réseaux sociaux qui tend à brouiller la perception des événements. Cette position est nuancée par Barak Dehghampisheh, correspondant de Reuters au Liban, qui, tout en revenant sur les problèmes posés par la fiabilité de l'information relayée par les réseaux sociaux, ne manque pas de rappeller leur rôle bénéfique. Toutes les nouvelles qui seraient occultées par les médias mainstream sont accessibles au public en raison de la prolifération de ces réseaux.

Confusion des genres
Ayman Mehanna, directeur executif de SKeyes « Center for Media and cultural freedom » à la fondation Samir Kassir, rappelle la nécessité de recourir à la censure dans le choix de l'information diffusée pour desservir la propagande des groupes terroristes. Cette intervention a cependant provoqué quelques réactions virulentes au sein de l'audience. En effet, certains ont estimé que mettre sur un même plan la violence exercée par les groupes terroristes et celle produite par la réalité d'une situation d'occupation, relève d'une « confusion des genres ». Sur ce point, parmi les personnalités présentes, Hisham Jaber, colonel dans l'armée libanaise, a rappellé qu'au-delà de ces raccourcis, un autre problème subsiste : celui de l'utilisation du vocable « jihadiste » pour parler de « terroriste », alors que les deux termes ne sont pas interchangeables. En effet, cette liberté sémantique entretient le doute et renforce l'atmosphère islamophobe. Jim Muir a, dans cet esprit, rappellé qu'il revient aux médias, en amont, de choisir consciensieusement les concepts adéquats et les vocabulaires débarrassés de tout amalgame.

L'éthique incontournable
L'éthique doit donc jouer un rôle primordial dans le traitement médiatique. Sa prégnance importe dans le choix de ce qui doit être diffusé et la manière de le faire. Le monopole de la violence n'est pas l'apanage du terroriste mais les médias ont le devoir, en se conformant à l'éthique, de déconstruire sa logique propagandiste. Cette éthique leur imposerait de reléguer au second plan le spectaculaire et l'émotionnel au profit d'un traitement qui rende compte d'une situation objective. Sur ce point, la directice du Carnegie MEC, Lina Khatib, insiste sur l'importance du vocabulaire employé en ce sens où « les mots engagent ».
En l'absence d'un code d'éthique qui s'appliquerait à l'ensemble des médias, ces choix relèvent de la conscience professionnelle de chaque journaliste. Dans le cas libanais, les médias articulent leur stratégie d'information sur leur alignement politico-confessionnel. Selon Ayman Mehanna, l'élaboration d'une cinquantaine de codes d'éthique est restée sans effet sur la pratique des médias libanais. Il importe donc de redéfinir et identifier la mission des organismes de traitement de l'information. L'intervenant insiste également sur l'importance du rôle pédagogique et éducatif dès le plus jeune âge pour développer les capacités de discernement et le sens critique du futur « consommateur d'information ».

Les médias sont-ils dans l'obligation de diffuser l'intégralité du contenu d'une information ? Jim Muir, correspondant de la BBC à Beyrouth, a insisté sur le défi posé par les techniques très sophistiquées de la propagande terroriste. Selon lui, une élaboration aussi professionnelle place le journaliste devant un dilemme : reproduire et servir les objectifs de l'organisation...
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