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À La Une - France

Sarkozy "conférencier", une mode anglo saxonne pas encore ancrée en France

Un livre récent a estimé à 2 millions d'euros le montant total des conférences de Nicolas Sarkozy.

Depuis sa défaite en 2012, l'ancien chef d’État enchaîne de part le monde des déplacements très rémunérateurs. Photo d'archives AFP.

La conférence de Nicolas Sarkozy à Abu Dhabi le lendemain de l'échec de l'UMP à l'élection partielle du Doubs est la dernière en date d'une quinzaine données par l'ex-président, qui s'est mis à une mode anglo-saxonne, pas encore ancrée en France.

Brasilia, New-York, Séoul, Lagos... Depuis sa défaite en 2012, l'ancien chef d’État enchaîne de part le monde des déplacements très rémunérateurs. Celle d'Abu Dhabi a relancé la polémique pour celui qui est maintenant président de l'UMP. "Ce n'est pas quelque chose qui est entré dans les mœurs en France", décrypte Philippe Darbois, dirigeant de Premium communication, société spécialisée dans cette activité.

Parmi ses 800 conférenciers, des sportifs, philosophes, chercheurs, médecins, journalistes, et quelques hommes politiques. Comme l'ancien ministre du Budget et actuel président du Conseil général de l'Orne, Alain Lambert, qui est "un formidable conférencier", selon M. Darbois. "Le marché se développe", souligne-t-il.

Rama Yade, ancienne secrétaire d’État et conseillère régionale d'Ile-de-France, fait aussi des conférences, et peut intervenir sur des thèmes comme "la santé" ou "le bonheur", explique-t-il. Hubert Védrine, Claude Allègre, Luc Ferry, Bernard Kouchner ont fait partie des précurseurs. L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin donne aussi quelques conférences et en redonne "selon les cas" le produit à sa fondation "Prospective et innovation", explique-t-on dans son entourage.

 

(Lire aussi : Face à la montée du FN, le risque d'implosion pour l'UMP)

 

Alors à la tête de l'UMP Jean-François Copé a lui aussi donné une conférence à Brazzaville en 2013. L'ancien Premier ministre François Fillon a sa propre société de conseil. "Pour Nicolas Sarkozy, si j'ai un truc à redire c'est qu'il aurait pu donner ses droits à une entreprise française!", s'exclame M. Darbois.

 

"Au prix du marché"

L'ancien chef d’État s'affiche en effet sur l'agence américaine "Washington Speakers Bureau" où l'on trouve des sommités comme Tony Blair. A noter d'ailleurs que sa biographie en ligne retrace toute sa carrière politique mais ne mentionne pas qu'il est de nouveau président de l'UMP...

Quant au montant des rémunérations et des commissions des intermédiaires, difficile d'obtenir des chiffres précis. Un livre récent a estimé à 2 millions d'euros le montant total des conférences de Nicolas Sarkozy, alors qu'il gagnait 20 000 euros par mois lorsqu'il était à l’Élysée. "Il est au prix du marché d'un Bill Clinton ou d'un Gerard Schröeder, aux alentours de 100 000 dollars", estime M. Darbois. Pour Bruno Faure, président de la société "Paroles d'Experts, il peut y avoir des différences de tarifs car "on est pas dans la même économie à Dubaï, au Qatar ou à Paris".

 

(Lire aussi : « Sarkozy est coincé : là où on avance notre Valls, il n'a pas d'espace)

 

Pour une conférence de Nicolas Sarkoy à Lagos en décembre 2013 à l'invitation de la banque nigérienne Access, le Canard Enchaîné a avancé le chiffre de 200 000 euros. Nicolas Sarkozy est régulièrement invité par des banques: à Brasilia et New York à l'automne 2012 par PTG Pactual, en décembre dernier par la Qatar National Bank.

En juillet 2014, il va à Brazzaville pour parler "défis de bancarisation". Et en marge de ce forum Forbes, il a des entretiens avec les présidents congolais Sassou N'Guesso et nigérien Mahamadou Issoufun. Il y a deux semaines aux Emirats arabes unis, il répondait à l'invitation du Cheikh Mansour (Ben Zayed), frère du prince héritier, et du fonds souverain IPIC, selon Marianne, qui rapporte qu'il a vu le prince héritier. "Cela lui permet de garder des contacts à l'international", soulignait cette semaine un des ses proches, l'ancien policier Frédéric Péchenard.

Être homme politique et rémunéré pour des conférences "ne choque pas" le député UMP Benoist Apparu, qui apparaît d'ailleurs sur le catalogue de la société "Speakers Academy", société d'origine néerlandaise comptant parmi son catalogue quelques hommes politiques. Mais, relève M. Faure, "il y a Sarkozy et les autres". Il a remarqué l'intérêt de ses clients "quand les hommes politiques racontent les coulisses du pouvoir" et explique qu'"en France plus la personne est marquée politiquement plus c'est difficile pour un organisateur de le faire venir". Bien loin des cachets à 100 000 dollars, le marché de la conférence, toutes spécialités confondues, c'est "entre 3 500 et 10 000 euros", explique de son côté M. Darbois.

 

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