Serait-il tenté de rire ou de fulminer ? De s'esclaffer ou de piquer une sainte colère ? Dans l'état où il est, il ne peut de toute évidence que se retourner dans sa tombe... Aurait-il été autorisé à placer quelques mots, de là où il est retenu en otage, il se serait contenté de lancer une interrogation pathétique : « Mais qu'avez-vous fait, bande d'ingrats, de mon héritage ? »
Pardon saint Maron pour cette entrée en matière un peu cavalière, mais par les temps qui courent, les égards se perdent et les symboles sont transformés systématiquement en punching-balls. Mais il faut reconnaître, après tout, que vous avez votre part de responsabilité dans ce qui nous arrive.
Si le Liban existe, c'est parce que, tout simplement, vous en avez été l'initiateur pour ne pas dire l'instigateur. Que le legs ait été, ensuite, éparpillé, subtilisé, réquisitionné, investi dans des aventures souvent tragiques, c'est que vos disciples n'ont pas été à la hauteur de leurs ambitions et de leurs rêves éparpillés.
Qu'auriez-vous pu leur dire que nous ne sachions déjà : qu'ils ont pris le risque d'un Grand Liban parce qu'ils voyaient justement grand et qu'au fil des ans leur territoire s'est rapetissé, s'est rétréci comme peau de chagrin en termes de zones d'influence et de fonctions décisionnelles. Qu'ils ont systématiquement dilapidé le capital de confiance en investissant dans des projets à court terme, dans des batailles marginales, et qu'ils en sont même arrivés, une année maudite, à s'enorgueillir de mener des guerres d'élimination fratricides.
À entendre cette litanie de nos malheurs, je sens que vous vous retournez de plus en plus vite dans votre cercueil, et pourtant, côté dilapidation de l'héritage, on est bien loin du compte. Non contents de se voir très ironiquement qualifiés de maronites sunnites ou de maronites chiites, du fait d'alliances opportunistes, les voilà vos disciples qui poignardent le dernier symbole de leur gloire passée : la présidence de la République.
Si seulement vous pouviez les voir s'étriper pour réussir à décrocher la timbale, le fameux graal : n'était votre état vous en seriez mort de rire... ou de suffocation ! Mais bon, sachez quand même que la plaisanterie dure depuis neuf mois déjà et qu'on n'est pas au bout de nos peines. Et dire que le Liban est, de tous les pays arabes, le seul à avoir un président chrétien, maronite de surcroît, grâce à vous évidemment !
Bien sûr, c'est d'un Marounistan que vous auriez pu rêver il y a quinze siècles déjà ! Mais à voir vos partisans incapables de s'entendre même sur un nom, le fantasme se serait vite fracassé contre les murs de l'imbécillité et de l'inconséquence.
En ce jour de commémoration et d'hommage qui vous est rendu, je pressens qu'au vu de tout ce que vos héritiers sont en train de commettre, vous seriez bien tenté de les renier. Mais ce qui vous retient, bien sûr, c'est votre triste localisation, à Brad en Syrie.
Et là ce serait commettre la pire des avanies. Bonne fête quand même saint Maron !
Serait-il tenté de rire ou de fulminer ? De s'esclaffer ou de piquer une sainte colère ? Dans l'état où il est, il ne peut de toute évidence que se retourner dans sa tombe... Aurait-il été autorisé à placer quelques mots, de là où il est retenu en otage, il se serait contenté de lancer une interrogation pathétique : « Mais qu'avez-vous fait, bande d'ingrats, de mon héritage...
commentaires (7)
Ce qu'il reste aux chretiens maronites libanais c'est qu'ils ont encore un Saint a qui se vouer .Pour beaucoup d'autres c'est plus le cas .Que les chretiens d'aujourd'hui se divisent en plusieurs groupe ou alliance n'est pas fortuit que je sache , il y a une cause a ca , et Saint Maron n'y est pour rien .
FRIK-A-FRAK
17 h 46, le 09 février 2015