Une maison tout écologique, en plein Batroun

C'est une belle maison rénovée à Batroun qu'a réalisée Maya Karkour. Cette maison, à la base une demeure familiale, n'est pas comme les autres: la jeune femme, propriétaire d'un bureau de consultants en construction écologique, l'a conçue comme une maison écologique.

Écologique autant dans le design, la conception, la construction, l'économie d'énergie, que dans les matériaux utilisés... Les fenêtres, portes et escaliers ont tous été réutilisés et rénovés, sans perdre leur caractère d'origine. Les meubles sont eux aussi anciens. De superbes dalles antiquesd recouvrent les planchers. La pierre des murs a été retravaillée pour retrouver son aspect d'antan. Une structure en bois (issu de forêts durables) a été ajoutée au toit, pour assurer une pièce supplémentaire: elle s'insère parfaitement dans le cadre traditionnel tout en y apportant un très léger zeste de modernité.

À l'intérieur, des isolants en matières naturelles comme la laine par exemple ont été incrustés dans les murs, afin d'augmenter l'efficacité énergétique du bâtiment. Les produits pour le finissage, la peinture... sont tous naturels.
La maison est conçue de sorte que la ventilation naturelle la rende moins dépendante (ou pas du tout) de la climatisation, grâce à un design bioclimatique (l'art et le savoir-faire de tirer le meilleur parti des conditions d'un site et de son environnement) qui lui confère 55% d'efficacité énergétique en plus.

Les panneaux solaires sur le toit, les lampes LED, le système de récupération d'eau de pluie, le matériel électroménager économique, le toit et les murs «verts» (plantés, recouverts de végétation), la zone de recyclage et de compostage dans le jardin... Tout cela explique pourquoi cette maison est conforme aux normes internationales d'environnement les plus strictes, et a déjà gagné un prix.

Mordue d'écologie
Maya est arrivée peu à peu à l'écologie, mais elle en est mordue depuis: diplômée en business, elle poursuit un master en environnement à la London School of Economics. «C'est là que j'ai senti qu'il fallait orienter ma vie vers un mode plus écologique, se souvient-elle. Quand je suis rentrée au Liban, j'ai été dérangée par la dégradation de l'environnement.»

Pour en arriver à la construction écologique, Maya suit une formation avec un partenaire à Londres. «Il est très important de concevoir les bâtiments de manière conforme aux normes environnementales, explique-t-elle. Ce sont des bâtiments qui consomment moins d'énergie, moins d'eau et moins de ressources naturelles, et qui utilisent des matériaux plus sains et moins nocifs pour la santé. L'essentiel est de montrer qu'il est possible de construire écologique au Liban.»
Même pour ses meubles, Maya a souvent recours au recyclage et à la récupération. «Tenez, ce pouf par exemple, il a été fabriqué à partir d'affiches publicitaires, dit-elle. Ces affiches sont celles de notre conférence annuelle "Build it Green Lebanon". Pour supporter les intempéries, elles sont fabriquées à partir de matières toxiques. Nous avons fait appel à la compagnie libanaise Waste Lb pour les transformer en poufs et sacs à ordinateurs portables.»

Une tournée dans le bureau de Maya suffit pour constater son souci de l'environnement: des tabourets anciens peints, des bennes pour recyclage... Et ce n'est pas tout : la jeune femme applique ses concepts dans la vie de tous les jours. «Cela fait des années que j'ai banni les sacs en plastique, affirme-t-elle. Même pour mes courses, je prends mon sac et j'y transporte mes achats. Quand les employés me regardent avec des yeux ronds, je prends le temps de leur expliquer pourquoi.»

En écologiste convaincue et anticonformiste, Maya aime parler autour d'elle de ses convictions. L'écoute-t-on? «J'ai constaté que les Libanais se divisent en trois catégories, dit-elle. Les sceptiques qui ne font aucun effort, ceux qui sont sensibilisés mais trop paresseux pour changer leurs habitudes, et enfin ceux qu'on peut influencer. Généralement, plus ils sont jeunes, plus ils sont réceptifs. De plus, j'ai remarqué que parler environnement ne garantit pas l'intérêt de son interlocuteur, mais si on lie ce discours à la santé, les gens écoutent plus attentivement et se mettent à réfléchir.»

Maya est aujourd'hui activement bénévole et membre du conseil d'administration de l'ONG «Lebanon Mountain Trail». Elle dirige le comité d'éducation qui préconise l'instruction environnementale, notamment en organisant des activités à caractère écologique dans les écoles publiques et privées.

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