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Moyen Orient et Monde - Sécurité

Patrouiller à Bangui ou à Paris demande « le même savoir-faire »...

L'armée française patrouille ardemment autour des lieux de culte et établissements scolaires juifs.

Un militaire déployé devant un lieu de culte juif à Neuilly-sur-Seine. Kenzo Tribouillard/AFP

« C'est une mission comme une autre » : posté devant une synagogue, son fusil d'assaut Famas dirigé vers le sol, le sergent Alexis est l'un des 6 200 militaires déployés en Île-de-France après les attentats jihadistes. Une présence rassurante, malgré 150 incidents répertoriés.
Son équipement de guerre est celui des soldats engagés au Mali, si ce n'est qu'il porte un béret plutôt qu'un casque. Cette fois, la mission ne vise pas à couper les routes des groupes armés jihadistes mais à protéger « H24 », un lieu de culte en banlieue parisienne, après les attentats qui ont fait 17 morts début janvier.
Patrouiller à Bangui ou à Paris demande « le même savoir-faire » sauf qu'« ici, nous devons rassurer autant que nous devons protéger et ne pas être un facteur supplémentaire d'inquiétude dans un climat de crise », explique le gouverneur militaire de Paris, le général Hervé Charpentier.
D'autre part, « l'accueil des civils est impressionnant », souffle le sergent Alexis, en piochant une tranche de gâteau offerte par une dame accompagnée d'une fillette. Le rabbin, Moïse Taïeb, offre le logement et le couvert aux huit militaires et reçoit « des couffins de nourriture pour les nourrir ».
Toutefois, les militaires, engagés sur 310 sites, principalement israélites (synagogues, écoles...) dans le cadre du plan antiterroriste Vigipirate renforcé, ont fait face depuis le 11 janvier à près de 150 incidents.
Cela va « de la simple infraction à la bonne conduite ou aux règles élémentaires de politesse et de savoir-vivre jusqu'à des agressions armées avec arme de guerre d'hommes cagoulés la nuit », décrit le général Charpentier. « Aucune ouverture de feu » mais « cela demande de la part de nos soldats une intelligence de situation » et « une grande vigilance ».

Comme en « opex »
Sur les 150 incidents, on dénombre notamment 5 menaces physiques, 18 provocations ou insultes et 58 « relevés d'objectifs » par des personnes soupçonnées de faire des surveillances ou des prises de vue du dispositif de sécurité. Tous ces faits sont transmis à la police.
Mardi soir, des militaires en faction devant un lycée juif de Montreuil ont été menacés de mort. Dans la nuit de samedi à dimanche, deux soldats postés devant un collège juif du Raincy (Seine-Saint-Denis) ont armé leur fusil d'assaut, après s'être sentis menacés par des hommes qui semblaient manier une arme.
Le gouverneur militaire en est convaincu, prévenir un attentat est « une guerre des sergents ». Par conséquent, « il revient aux sergents qui commandent les patrouilles d'être le moins prédictibles possible. Nous serons sauvés par l'intelligence du caporal ou du première classe qui comprendra avec trois secondes d'avance ce qui se prépare ».
Au centre de commandement de l'opération Vigipirate à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), le point de situation 211430L JAN 15, effectué deux fois par jour, est « satisfaisant ». Le stock de lits picots (les lits de camps de l'armée) est à l'orange et une trentaine de militaires sont victimes des maladies saisonnières.
Si une majorité des militaires peuvent dormir dans un vrai lit, un tiers d'entre eux dorment sur des lits de camp, alignés parfois dans des gymnases et se lavent sous des tentes, s'alimentant, comme en « opex », de rations militaires.
« On n'a pas besoin de beaucoup plus », affirme en souriant le capitaine Franck, commandant la compagnie Guépard de la 9e brigade d'infanterie marine. Sur son lit, le strict nécessaire : gilet pare-balle, sac d'alerte et du change pour huit jours.
« Nous sommes là au taquet du contrat de protection ». Assurer l'engagement actuel de 10 000 militaires en France nécessite de renoncer aux entraînements, à de nombreux exercices, voire à des permissions, affirme le général Charpentier. « S'inscrire dans la durée ou si la crise dégénérait, augmenter les effectifs, se ferait au prix de nombreux autres renoncements. »

Pauline TALAGRAND/AFP

« C'est une mission comme une autre » : posté devant une synagogue, son fusil d'assaut Famas dirigé vers le sol, le sergent Alexis est l'un des 6 200 militaires déployés en Île-de-France après les attentats jihadistes. Une présence rassurante, malgré 150 incidents répertoriés.Son équipement de guerre est celui des soldats engagés au Mali, si ce n'est qu'il porte un béret...

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