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Lifestyle - Hotte d’or

Georgia on my mind

C'était avant-hier lundi. Comme tous les matins, ma toujours très moustachue Louisa m'a apporté mon petit déjeuner vers les 13h00, suivant scrupuleusement les ordres de ma délicieuse Binou, mon guru de santé, Sabine Kassouf. Sur le plateau Alessi mao-mao rouge trônaient une infusion de fenouil sauvage et un pot de Coconut nectar Cocofina estampillé A New Earth avec une cuiller en nacre, un tournesol dans un soliflore et une lettre, flanquée d'un coupe-papier en nacre également. Très intriguée, je trempais machinalement un index somnolent dans le pot de coco avant que de le lécher patiemment pendant que, de l'autre main et des dents, je déchirais l'enveloppe. Chère Madame, Je me permets de vous importuner par la présente pour solliciter un rendez-vous des plus urgents. Je ne puis vous en dire davantage par écrit, je vous demande de me faire confiance et de m'accorder quelques minutes de votre temps au plus vite. Bien à vous, votre dévoué Béchara Maroun. Je restais interloquée. Pourquoi ce jeune Maroun qui écrit comme chez Choderlos de Laclos ne m'a pas appelée au téléphone... Je veux bien, je suis réfractaire à tout genre de réseau social, mais tout de même, je ne suis pas une momie égyptienne ni la Pompadour, et j'use et abuse de mon iPhone 5 Black Diamond ! J'ai appelé L'Orient-Le Jour où œuvre ce gentil garçon, demandant qu'on le prévienne : je l'attends en début de soirée, vers les 18h00. Extrêmement ponctuel, il arrive, tout preppy dans sa chemise blanche, son blazer bleu marine, son jean tout repassé, ses chaussures à lacets et un mignon bouquet de pivoines rosâtres qu'il m'a tendu en rougissant. Je m'étais drapée dans une tunique en satin Heidi Slimane avec, aux pieds, les bicolores de Stella McCartney. Madame Marguerite, commença-t-il (heureusement que je ne me prénomme pas Claude...), c'est très grave, c'est scandaleux, c'est impensable et seule vous, oui, vous, pouvez faire quelque chose. J'ai calmé ce jeune homme en l'invitant à s'asseoir tout près de moi, en lui mettant une main nonchalante sur le bras, en lui poussant une coupette de Veuve Clicquot aux lèvres et en l'enjoignant à se servir sans vergogne de miniblinis sans gluten mais avec leur mousse betterave-caviar. La campagne dont est victime Saly Greige est ignominieuse, faites quelque chose, je vous en prie, je ne vous demande pas de vous enchaîner nue en chinchilla aux grilles du ministère du Tourisme comme vous l'aviez fait jadis à celles de l'Environnement pour sauver un lionceau, mais votre entregent est himalayen, faites quelques chose, c'est insupportable. Je lui souris, panthère sur le point de terminer son régime Dukan : mais qui est cette madame Greige? Il m'explique alors que c'est Miss Liban et qu'elle est vilipendée de partout parce que Miss Israël s'est invitée sur un selfie pendant les préparatifs de Miss Univers. Je me déchaussais. Je vais te raconter une histoire, mon enfant, écoute-moi. En 1971, une femme sublime a été couronnée Miss Univers. Non, ce n'était pas moi, j'étais bien plus âgée à l'époque, mais une jeune fille de 18 ans, qui savait exactement ce qu'elle voulait et comment l'obtenir, avec, toujours, cette élégance qu'on ne peut ni apprendre ni acheter. Quelques jours après son élection, elle a demandé à me rencontrer, tu vois, il n'y a pas que toi, pour que je la noie de conseils. Quatre ans plus tard, j'ai guidé et abrité ses amours avec un homme sublime, le Palestinien Ali Hassan Salameh, le créateur de la Force 17 assassiné par le Mossad en 1979. Je lui narre alors toutes ces péripéties dignes des plus grands films d'espionnage que nous avions vécues à trois, comment l'on réussissait à semer l'ennemi, tous les ennemis, les tueurs comme les paparazzi, et comment, un soir, nous avons fini à quatre, dans une taverne à Budapest, Georgina, Ali, Marcello Mastroianni et moi, à boire de la vodka et manger des concombres farcis jusqu'à 8h00 du matin. Oui, mais Saly ? Je le rassure : Je vais appeler ma Georgia et lui dire de te recevoir, si elle pense qu'il y a quelque chose à faire, nous le ferons. Les yeux de Béchara Maroun ont alors brillé d'un éclat de bonheur. Il avait oublié cette Saly. Miam-miam.

 

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C'était avant-hier lundi. Comme tous les matins, ma toujours très moustachue Louisa m'a apporté mon petit déjeuner vers les 13h00, suivant scrupuleusement les ordres de ma délicieuse Binou, mon guru de santé, Sabine Kassouf. Sur le plateau Alessi mao-mao rouge trônaient une infusion de fenouil sauvage et un pot de Coconut nectar Cocofina estampillé A New Earth avec une cuiller en nacre,...

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