Toujours la Syrie, toujours le jihadisme terroriste et le constat toujours vérifié d'un total cafouillis. La France a raison de le dire et de le répéter ; François Hollande a tout à fait raison de rappeler que l'Occident a été en deçà de ses responsabilités, que ses alliés lui ont tourné le dos à l'heure des décisions et qu'ils portent la responsabilité des dérives qui ont suivi : « Je continue de regretter que la communauté internationale n'ait pas agi en temps voulu pour faire cesser les massacres en Syrie et empêcher les extrémistes de gagner encore du terrain. »
Le président français ne démérite pas lorsque, à partir du porte-avions Charles-de-Gaulle, il tance quasiment ses partenaires de la coalition militaire : « C'est début septembre 2013 que la communauté internationale aurait dû déjà réagir. La France était prête, les ordres avaient été donnés, mais une autre voie a été préférée. Nous en voyons aujourd'hui les résultats », a-t-il asséné.
Pour rappel seulement : alors que l'opinion publique mondiale, bouleversée au vu des massacres commis par le régime de Bachar el-Assad, appelait de ses vœux une opération militaire qui libérerait les Syriens du joug de l'oppression ; alors même que Paris, Londres et Washington s'étaient déjà entendus sur l'opération punitive et sur son timing, Cameron et Obama ont tourné casaque au dernier moment prétextant l'absence d'un feu vert de leurs Parlements respectifs...
Arguments fallacieux quand on sait que toutes les mesures militaires avaient déjà été prises pour lancer l'attaque et que les bombardiers français n'attendaient plus que le feu vert de leur commandement pour décoller. Le président Hollande ignorait alors que Moscou avait déjà mis Washington au parfum au sujet de l'accord intervenu avec Damas sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien : non à l'assassinat par le gaz, mais permission accordée pour poursuivre le massacre par les moyens militaires classiques, barils d'explosifs compris...
Obama, qui une semaine plus tôt avait accusé Damas d'avoir violé toutes les lignes rouges, rangeait déjà sa tenue de combat alors que Hollande attendait encore son appel pour appuyer sur le bouton déclencheur de l'opération militaire... On serait frustré et en colère pour moins et le locataire de l'Élysée ne s'est pas privé de le rappeler à l'heure où la France est frappée au cœur, où la Belgique, elle aussi, est entraînée dans la spirale du terrorisme, celui-là même que les folles exactions du régime assadiste ont alimenté et exacerbé au fil des ans, barbarie étatique et barbarie jihadiste se nourrissant l'une de l'autre.
Les États-Unis ont-ils manifesté un quelconque remord suite aux multiples déconvenues et autres tragédies successives ? Nullement ! Mais ne soyons pas trop injustes : le Pentagone vient d'annoncer l'envoi d'un millier d'instructeurs militaires auprès de l'opposition modérée syrienne. Dans quel but ? Mais, pardi, pour l'aider à mieux combattre les jihadistes de l'État islamique alors qu'elle est elle-même progressivement décimée par les hordes du régime assadiste !
Realpolitik, pourrait évidemment alléguer l'administration américaine, mais la réalité est là et elle est peu réjouissante : une guerre qui se prolonge en Syrie et en Irak, une hydre islamiste qui étend ses tentacules en Afrique et la psychose du terrorisme qui gagne toute l'Europe. C'est dans ce contexte pour le moins explosif que Barack Obama s'est transformé en donneur de leçons, appelant les pays européens « à essayer de mieux intégrer la communauté musulmane ». « Notre principal avantage aux États-Unis, a-t-il cyniquement noté, est que notre population musulmane, elle, n'a aucun problème à se sentir américaine. » Le patron de la Maison-Blanche a eu quand même la décence de ne pas identifier le destinataire de ses flèches acérées.
À Damas, entre-temps, Bachar el-Assad éclate de rire et se gausse de tout et de tous : « Les dirigeants occidentaux sont myopes et étroits d'esprit ; finiront-ils, un jour, par comprendre que j'ai toujours eu raison ? »
Rideau...
P.-S. : un rideau qui ne se ferme que pour se lever sur de nouvelles catastrophes, sur l'annonce de guerres à venir comme celle qui pourrait mettre aux prises, une fois de plus, Israéliens et combattants du Hezbollah... toujours à partir de la Syrie, toujours pour essayer de sauver le soldat Bachar !
Toujours la Syrie, toujours le jihadisme terroriste et le constat toujours vérifié d'un total cafouillis. La France a raison de le dire et de le répéter ; François Hollande a tout à fait raison de rappeler que l'Occident a été en deçà de ses responsabilités, que ses alliés lui ont tourné le dos à l'heure des décisions et qu'ils portent la responsabilité des dérives qui ont...
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"Pour rappel seulement : alors que l'opinion publique mondiale, bouleversée au vu des massacres commis par le régime de Bachar el-Assad, appelait de ses vœux une opération militaire qui libérerait les Syriens du joug de l'oppression..." C'est-à-dire comme en Libye? Ya 3ain!
Georges MELKI
09 h 41, le 19 janvier 2015