« Ripples of Happiness » : des vagues de bonheur

«Ripples of Happiness» est une compétition régionale qui se déroule simultanément dans six pays arabes. Dans laquelle des universitaires des pays participants – Liban, Jordanie, Palestine, Arabie saoudite, Émirats arabes unis et Bahreïn – soumettent un projet d'intérêt général, viable au niveau social et économique. À l'issue de ce programme, les trois premiers lauréats recevront une récompense financière qui leur assurera la possibilité de persévérer, après le concours, dans l'élaboration et la réalisation de leur projet. «Le but est d'initier les jeunes aux fondements de l'entrepreneuriat ainsi qu'au travail social. Il faut que leur projet soit capable de générer des bénéfices pour s'installer dans la durée», explique Fayza Saad Mehanna, directrice exécutive d'Injaz Lebanon.
Les participants, des étudiants de l'Université libanaise, de l'Université arabe de Beyrouth (BAU-Tripoli) et des étudiants membres des organisations Utopia, Loyac ainsi que la Croix-Rouge libanaise (Tripoli), sont encadrés pendant les six semaines du programme par un bénévole formé par Injaz Lebanon. Les premiers jours, le formateur les aide à identifier les besoins et opportunités dans leurs communautés. Puis il les accompagne, dans des séances de remue-méninges, jusqu'à la définition et l'élaboration de la stratégie d'exécution de l'idée adoptée. Au final, chaque équipe doit soumettre au jury un film d'environ deux minutes, sorte de bande-annonce qui présente tous les aspects de son projet. Les résultats seront annoncés à la fin du mois de janvier.

Les étudiants libanais fédérateurs de bonheur
«Les idées proposées varient en fonction de la réalité de chaque pays. Les idées des participants d'un pays comme le Liban, inspirées du vécu des gens, sont orientées vers le social, alors que les idées de certains représentants des pays du Golfe sont orientées vers la technologie», indique Aseel Naamani, chef de projet à Injaz Lebanon.
Ainsi l'équipe de l'ONG Loyac a choisi de faire fabriquer du savon par des femmes dans le besoin et cela à partir de l'huile de cuisson usagée, collectée des restaurants. «C'est un projet à dimension sociale et écologique», racontent Bushra Harakeh et Hiba al-Monla, étudiantes représentantes de l'équipe de Loyac, avant de préciser : «Notre projet comprend une campagne de sensibilisation sur l'hygiène et l'importance de bien se laver les mains qui sera menée dans les écoles et universités où sera vendu le produit. Il est également important pour nous d'éclairer la partie de la population, plutôt défavorisée, sur la notion de recyclage.»
Si leur équipe gagne, les deux étudiantes voudraient ouvrir une boutique comprenant un atelier de création de savon où des femmes s'occuperaient de la fabrication du produit, alors que d'autres le vendraient.
Utopia, à Tripoli, a, quant à elle, baptisé son projet « Flying Gardens ». Projet qui vise à réhabiliter les toits des immeubles dans le quartier défavorisé de Tabbaneh à Tripoli en y créant des espaces verts. Pour Reina Abboud et Abdelkader el-Masri, étudiants représentants Utopia, «cela évitera aux enfants du quartier de traîner dans la rue. Et, d'un point de vue économique, les habitants des immeubles peuvent devenir partiellement autosuffisants en récoltant les fruits et légumes qui y seront plantés». Ces espaces sont respectueux de l'environnement et les matériaux utilisés sont des matériaux recyclés. Leur rêve, s'ils gagnent, est d'étendre ce projet à d'autres quartiers de Tripoli et de faire de cette cité une ville aux toits colorés.
Avec une approche presque similaire, le projet
« Karanish » des étudiants de la BAU à Tripoli consiste à rénover et à embellir la corniche, jusque-là négligée, d'al-Mina. Des bancs publics et des panneaux de signalisations seront installés, et les trottoirs repeints. Ultérieurement, des voies cyclables, pour privilégier l'usage des vélos, et des pistes pour jogging seront dessinées pour encourager le sport.
De son côté, l'Université libanaise a voulu mettre en avant le travail associatif et le bénévolat avec un projet qui s'intitule « Fekrak bi ghayrak ». Penser aux autres et donc initier les jeunes au volontariat avec, à la clé, une «NGO Day», journée portes ouvertes organisée à l'UL pour recruter les jeunes et les informer des différentes possibilités du travail associatif et du volontariat. Un livret recensant toutes les associations sur le territoire libanais sera également distribué dans les écoles et les universités où l'équipe de l'UL compte organiser des conférences de sensibilisation sur le travail associatif.
Les jeunes de la Croix-Rouge libanaise de Tripoli ont, quant à eux, opté pour des activités centrées sur la cohésion sociale entre les jeunes réfugiés syriens et leurs hôtes libanais. «ABC», ou Adolescents Benefiting Cummunity, a pour but d'habiliter la jeunesse libanaise et syrienne à être le changement positif dans leurs communautés respectives, et cela à travers des ateliers de sensibilisation autour des questions de santé telles que les méfaits du tabac, l'écologie et d'autres valeurs humaines.
La motivation des étudiants est porteuse d'espoir. Leur énergie à vouloir répandre ces ondes de bonheur fait surgir cette lueur d'optimisme qui parfois semble se consumer.