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Moyen Orient et Monde - Analyse

Les cinq grands défis auxquels la France doit désormais faire face

Les limites de l'expérience américaine devraient permettre au gouvernement Valls d'éviter de tomber dans les mêmes pièges.

Le président François Hollande (g), le Premier ministre Manuel Valls et la maire de Paris Anne Hidalgo, lors d’une émouvante cérémonie d’hommage aux trois policiers tués dans les attaques, mardi 13 janvier, dans la capitale française. POOL/François Mori/Pool/AFP

Après l'émotion, vient nécessairement le temps de la raison. La France a vécu la semaine dernière une série d'événements historiques qui, à l'instar de ce qu'a été le 11-Septembre aux États-Unis, ne devraient pas manquer de déboucher sur d'importants choix en matière de politique. Parce qu'elle a été frappée sur son sol, qui plus est par trois jeunes nés et élevés en France, la société française a non seulement pris conscience de la réalité de la menace terroriste, mais aussi des limites de son modèle de vivre-ensemble. Dans un contexte houleux où l'islam est de plus en plus perçu, notamment par le Front national et ses partisans, comme le cancer de la république, les dirigeants vont devoir raison garder pour apporter des réponses lisibles à des problématiques extrêmement complexes dont les frontières sont aussi floues que les risques sont importants. Autrement dit, la France va devoir faire face à, au moins, cinq grands défis qui devraient définir l'orientation de sa ligne politique à court et moyen terme :

 

1. La balance entre liberté et sécurité
Le débat est sur la table, mais les politiques semblent divisés. Faut-il adopter une sorte de Patriot Act à la française qui réduirait une partie des libertés individuelles au nom de la sécurité générale, alors même que des millions de personnes viennent de défiler pour revendiquer le droit à la liberté d'expression ? Le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé que le gouvernement préparait une série de propositions, qui feront l'objet d'un débat parlementaire, tout en soulignant le risque de prendre des mesures d'exception. La France devrait se servir de l'expérience américaine, plus que mitigée en la matière, pour éviter de tomber dans les mêmes pièges. Ses choix seront d'autant plus difficiles qu'ils toucheront à des principes et des valeurs fondateurs de sa société.

 

(Lire aussi : « On n'empêchera pas un nouvel attentat »)

 

2. Éviter la surenchère politique
Un gouvernement de gauche peut-il, même dans de telles circonstances, durcir son discours et ses méthodes sans prendre le risque de perdre une grande partie de son électorat ? Le Front national va chercher à profiter du climat de peur et de tensions en recentrant constamment le débat sur les questions liées à l'immigration et à la sécurité ? En face, les deux grands partis politiques, que sont le PS et l'UMP, auront le choix de collaborer pour apaiser les tensions ou de se laisser entraîner dans cette surenchère qui, en plus d'attiser la discorde, ferait le jeu du FN.

 

(Lire aussi : Hollande, le président impopulaire, fait mentir sa réputation)


3. Ne pas tout confondre
La question de l'islam dans la société française, la résurgence omniprésente de l'islamisme, la montée de l'islamophobie et de l'antisémitisme, l'immigration et le modèle d'intégration, la crise économique et l'exclusion sociale, et enfin l'orientation de sa politique étrangère sont autant de problématiques indépendantes, mais dont les effets sont indirectement liés. Tout confondre serait encore pire que de refuser d'admettre que ces problématiques existent.

 

(Lire aussi : « Il y a une peur certaine en France que l'islam se répande »)

 

4. Les dangers du communautarisme
Sur les réseaux sociaux, ou même dans certains éditos, beaucoup de tabous ont été dynamités par les derniers événements, laissant place à une flopée de discours communautaires. Soit pour réagir, au nom de son appartenance, aux attentats ; soit, bien plus grave, pour montrer du doigt une communauté sous prétexte qu'elle est responsable de tous les maux de la société. Les mots précédent les actes. Dire que les communautés doivent cohabiter ensemble, c'est déjà accepter la présence effective et la réalité politique de ces communautés. C'est prendre le risque de voir ces populations se radicaliser et de voir se multiplier les actes de violence, comme c'est le cas en ce qui concerne les actes d'islamophobie depuis les attentats.

 

(Lire aussi : « La France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l'islamisme radical »)

 

5. Le débat sur la liberté d'expression
La liberté d'expression est l'un des socles les plus importantes de la démocratie française. Les millions de Français présents à la marche républicaine de dimanche ont démontré leur attachement à ce principe consacré constitutionnellement. Pour autant, l'euphorie générale ne doit pas être une raison pour éviter un débat nécessaire sur la définition et l'étendue de cette notion. Quelles sont les limites, car il y en a toujours, à la liberté d'expression à l'heure du Net ? Peut-on parler de tout, avec n'importe qui, à une époque où les sensibilités religieuses sont exacerbées ? C'est à la société française, par le biais de ses représentants, qu'il incombe désormais de répondre à ses questions au lendemain des postures hypocrites et des réactions émotives.
À noter que tous ces défis ne concernent pas exclusivement la France, mais touchent désormais la majorité des pays européens.

 

(Lire aussi : « Je ne suis pas Charlie » : à l'étranger et sur le Net, la liberté d'expression fait débat)

 

 

Après l'émotion, vient nécessairement le temps de la raison. La France a vécu la semaine dernière une série d'événements historiques qui, à l'instar de ce qu'a été le 11-Septembre aux États-Unis, ne devraient pas manquer de déboucher sur d'importants choix en matière de politique. Parce qu'elle a été frappée sur son sol, qui plus est par trois jeunes nés et élevés en France,...

commentaires (3)

LE PREMIER ET PLUS GRAND DÉFI SERAIT DE FAIRE PRÉVALOIR LA LOGIQUE !!!

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 33, le 14 janvier 2015

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Commentaires (3)

  • LE PREMIER ET PLUS GRAND DÉFI SERAIT DE FAIRE PRÉVALOIR LA LOGIQUE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 33, le 14 janvier 2015

  • 6- Reconnaitre rapidement un etat de Palestine , ce qui apaiserait les tensions et couperait court a l'influence grandissante et nefaste du criif en france .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 10, le 14 janvier 2015

  • Ces "Je suis Charlie" ne sont que des épisodes, des petits craquements dans l'écorce solide islamiste. Mais elles dévoilèrent l'abîme qui le recouvrait, sous lequel bouillonnait un océan sans fin capable, 1 fois déchaîné, d'emporter tout intégrisme. Elles annoncent à grand fracas la prise de conscience du Français Sain, secret de la période et de ses manifestations. Qui, il est vrai, ne sont pas 1 trouvaille de cette époque. Les évolutions diverses avaient 1 caractère "prise de conscience" autrement dangereux que ces manifestations. Mais, sent-on l'atmosphère respirée et qui pourtant pèse d'un poids si lourd ? La société française ne sentait pas davantage l'atmosphère "Je suis Charlie" qui la baignait et qui sur elle pesait. Il est un fait important qui caractérise ces prises de conscience et qu'aucun Français ne saurait nier. D'1 côté, elles ont fait naître des forces telluriques qu'on n'aurait pas même pu imaginer à 1 précédente période. D'autre part, les signes se multiplient d'1 déchéance telle, qu'elle éclipsera même la fabuleuse décadence des derniers moments de la royauté en France. Ainsi, toute chose parait grosse de son contraire. Ce "Je suis Charlie" qui possède le don prodigieux d'agréger le Français Sain, entraîne presque sa défaite. Les prises de conscience que ce Sain vient d'acquérir se transforment, par 1 caprice étrange de l’islamisme et non du sort, en sources de misère. On dirait que chaque victoire se paie par 1 perte de Sain caractère.... à la "Charlie" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 55, le 14 janvier 2015

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