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À La Une - Liban

Vaste opération sécuritaire à Roumieh, le Front al-Nosra menace, Machnouk crie victoire

"En réponse à l'opération sécuritaire menée depuis ce matin à Roumieh, nous posons une question aux familles des militaires otages : Nous est-il demandé d'exécuter vos fils?", lance la branche syrienne d'el-Qaëda.

Les FSI précisent qu'aucun membre des forces de sécurité n'a été blessé dans l'opération de la prison de Roumieh. Photo d'archives/M. Assaf.

Deux jours après le double attentat-suicide meurtrier qui a visé samedi soir un café de Jabal Mohsen (Tripoli, Liban-Nord), les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont lancé une vaste opération de perquisitions au sein de la prison de Roumieh, notamment le bloc B au sein duquel sont incarcérés des islamistes. Sans tarder, le Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda qui retient en otage une quinzaine de militaires libanais, a menacé de riposter.

En fin d'après-midi, le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk a crié victoire. "Après une opération menée par les FSI qui a duré 9 heures, nous pouvons parler d'une victoire de l'État et de la justice", a déclaré M. Machnouk dans le cadre d'une conférence de presse depuis la prison de Roumieh. "Toutes les histoires que vous avez entendues ces dernières années, de 2009 jusqu'à aujourd'hui, sont finies", a-t-il assuré affirmant que la "chambre d'opération de la prison de Roumieh qui coordonnait des actes terroristes" n'est plus.

Le ministre de l'Intérieur a également estimé avoir "choisi le bon moment pour mener l'opération et pour qu'elle soit menée sans violence". M. Machnouk a en outre affirmé que la prison de Roumieh sera réhabilitée "de manière à ce qu'elle respecte les droits de l'homme".

 

Lundi matin, il avait indiqué que la mise en œuvre du plan de sécurité au sein de la prison de Roumieh a débuté après que les enquêtes ont montré que certains détenus sont liés aux deux attentats de Jabal Mohsen, un quartier à majorité alaouite de la capitale du Liban-nord. Ce double attentat-suicide, perpétré à une heure de pointe et mené par deux kamikazes tripolitains, a fait 9 morts et 37 blessés. M. Machnouk a précisé à la LBCI que des appels ont été interceptés entre des individus se trouvant au sein du bloc B et des membres du groupe Etat islamique (EI) dont il avait indiqué hier qu'il était derrière les attentats de Jabal Mohsen.

 

Les FSI ont précisé dans un communiqué que certains détenus du bloc B ont été transférés au bloc D. Le bâtiment B fait régulièrement l'actualité pour des mouvements de mutinerie et la difficulté des forces de sécurité à le contrôler. Lundi matin, certains prisonniers ont brûlé des matelas, ont indiqué les FSI, qui ont précisé que la situation est néanmoins sous contrôle et qu'il n'y a pas de blessés. Les FSI ont voulu rassurer les familles des détenus, soulignant que l'opération se déroule dans le calme et que les prisonniers se portent tous bien. Un peu plus tôt, des proches des détenus avaient brièvement bloqué une route à Bhanine, dans le Akkar.

 

(Pour mémoire : Le mufti de Tripoli : les détenus de Roumieh sans procès sont opprimés)

 

Plus tard, le Front al-Nosra a menacé, via un de ses comptes Twitter, d'agir en raison de la "dégradation sécuritaire au Liban". "En conséquence de la dégradation sécuritaire au Liban, attendez-vous à une surprise en ce qui concerne les prisonniers de guerre que nous détenons", peut-on lire dans un tweet.

Vingt-cinq militaires sont toujours aux mains des jihadistes du Front al-Nosra et du groupe Etat islamique. Les jihadistes exigent notamment la libération d'islamistes détenus à Roumieh pour relâcher les otages. Quatre otages ont déjà été assassinés, dont deux par décapitation.

Sur le même compte, une photo, retweetée d'un autre compte, est publiée, montrant un homme allongé sur un matelas. Il semble gravement blessé à la tête. Cette photo est accompagnée d'un commentaire : "C'est ce qu'on fait les adorateurs de la Croix à nos frères incarcérés à Roumieh".

Et d'ajouter : "En réponse à l'opération sécuritaire menée depuis ce matin à Roumieh, nous posons une question aux familles des militaires otages : Nous est-il demandé d'exécuter vos fils? Ne nous accusez pas si nous commençons à changer de comportement avec les militaires".

 

Sur un des comptes Twitter qui semble être lié au Front al-Nosra, une photo a été diffusée en fin d'après-midi, sur laquelle l'on voit cinq hommes armés et cagoulés tenir en joue une douzaine d'hommes allongés sur la neige. Un message est écrit sur la photo "Qui paiera le prix?". Cette phrase est régulièrement utilisée par les jihadistes quand ils menacent d'exécuter leurs otages.

 

(Pour mémoire : Joumblatt appelle à un jugement rapide des islamistes à Roumieh)

 

Interrogé sur la sécurité des militaires otages, M. Machnouk a répondu : "Nous n'avons agressé personne, nous n'avons fait de mal à personne, nous les avons transférés d'un bâtiment à un autre, nous avons arrêté les contacts qui facilitaient le terrorisme". "Les menaces ne nous font pas peur, il n'arrivera rien aux otages", a-t-il martelé.

 

Les FSI ont, via leur compte Twitter, à nouveau indiqué qu'aucun membre des forces de sécurité n'a été blessé dans l'opération. Ils précisent en outre que les photos de blessés circulant sur les réseaux sociaux sont des montages.

Le 8 janvier dernier, les proches des militaires retenus en otage avaient affirmé qu'ils reprendraient leur sit-in place Riad el-Solh au centre-ville dans les quelques jours à venir, après avoir suspendu leur mouvement en raison des conditions climatiques et des dégâts causés par la tempête. Le porte-parole des familles, Hussein Youssef, avait affirmé que le sit-in se poursuivrait, souhaitant que l'optimisme exprimé par certains responsables concernant ce dossier aboutisse à la libération de leurs fils. M. Youssef a également assuré que les familles ne comptaient pas recourir à l'escalade.

Le cheikh salafiste Wissam el-Masri, qui avait annoncé la suspension de ses efforts de médiation pour la libération des otages en attendant un mandat officiel de la part du gouvernement, avait, pour sa part, confié hier à l'agence al-Markaziya qu'il n'a pas pour autant relâché l'affaire.

Le bâtiment B abritait les détenus les plus dangereux de Roumieh. Longtemps inaccessible aux forces de l'ordre, il était le lieu de tous genres de trafics, notamment de substances illicites. Les détenus de ce bâtiment, dont des islamistes dangereux, jouissaient d'une certaine impunité et avaient à leur disposition des téléphones portables et un accès à Internet. Ces détenus refusaient notamment de comparaitre devant un tribunal. Le nom de plusieurs d'entre eux ont circulé dans le cadre d'un éventuel échange avec les militaires retenus en otages par les islamistes dans le jurd de Ersal.

 

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