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Liban - Environnement

Un plan « modifié » pour la gestion des déchets sur la table du Conseil des ministres

Aujourd'hui devrait être discuté le plan national de gestion des déchets en Conseil des ministres. La date de fermeture de la décharge de Naamé est toujours incertaine. Dans la rue, la colère gronde.

Le nouveau plan national de gestion des déchets, préparé par une commission ministérielle et présenté en Conseil des ministres en décembre avec un retard de plusieurs mois, sera débattu demain en vue de son adoption. L'adoption de ce plan devait avoir lieu lors de la précédente réunion du Conseil des ministres fin décembre, mais avait été retardée en raison de remarques faites par les ministres du parti Kataëb. Une série de réunions a eu lieu hier entre le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk et des responsables du parti Kataëb.
Interrogé sur ce point par L'Orient-Le Jour, le ministre de l'Économie Alain Hakim a confirmé que les réunions ont bien eu lieu, rappelant que « les remarques des ministres Kataëb portaient sur davantage de transparence dans le processus de répartition des zones et sur les appels d'offres ».


Rappelons que le plan de gestion des déchets est fondé sur une répartition du Liban en zones, chacune de ces zones devant être prise en charge par une société privée, désignée suite à un appel d'offres lancé par le CDR. Le plan a été modifié plusieurs fois déjà, notamment en ce qui concerne la répartition des zones. Il vient de l'être une énième fois sous l'instigation du parti Kataëb. Le bureau du ministre Sejaan Azzi nous informe que trois réunions ont eu lieu hier : une entre les ministres Azzi et Machnouk, une deuxième quand le ministre de l'Environnement s'est rendu au siège des Kataëb à Saïfi pour rencontrer le président Amine Gemayel et les députés et ministres du parti, et, enfin, une troisième plus technique au ministère de l'Environnement, à laquelle a assisté le député Sami Gemayel. La principale question débattue au cours de ces réunions : la modification des appels d'offres et des contrats à l'intention des sociétés.

 

(Lire aussi : Résoudre le problème des déchets en un seul clic !)


Selon M. Hakim, « c'est bien le plan modifié suite aux remarques formulées par les Kataëb qui sera discuté aujourd'hui en Conseil des ministres ». Il précise que son parti avait identifié cinq points sur lesquels il était intraitable, entre autres une répartition des zones davantage basée sur le découpage par cazas (avec Beyrouth comme zone unique par exemple), davantage de responsabilité accordée aux municipalités dans la question de la collecte notamment, ainsi qu'un processus « plus transparent » dans l'appel d'offres (les ministres Kataëb avaient dit craindre que le cahier des charges ne privilégie un type particulier de société au détriment d'autres). Le ministre estime qu'il n'y aura probablement pas d'objection majeure à l'adoption du plan aujourd'hui.

 

Une nouvelle crise en vue ?
Nous n'avons pu joindre le ministre Machnouk hier pour un commentaire, mais celui-ci avait cependant précisé, lors d'un entretien sur Radio-Liban, que « les ministres Kataëb ont présenté leurs remarques hier (mardi) et ont reçu des réponses satisfaisantes ». « Je crois que nous arriverons à un résultat dans la réunion de jeudi (aujourd'hui) car le problème ne supporte plus d'être reporté une nouvelle fois », a-t-il poursuivi.
Le ministre a abordé l'autre question épineuse, celle qui l'a opposé au ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb (également injoignable hier) : le report de la fermeture de la décharge de Naamé. Cette décharge est opérationnelle depuis l'adoption du plan d'urgence de gestion des déchets en 1997, recevant tous les jours les déchets du Grand-Beyrouth et du Mont-Liban, ainsi qu'une partie du Nord. Les habitants de la région ont exprimé à plusieurs reprises leur ras-le-bol de la proximité de cette décharge, en raison de la dégradation de leurs conditions de vie, liée aux odeurs et à la propagation de maladies, disent-ils. L'apogée de leur mouvement a eu lieu en janvier dernier et pourrait se renouveler dès le 17 janvier, date officielle de fermeture de la décharge.
Or, selon le ministre Machnouk, et il l'a répété hier, une fermeture immédiate de la décharge, à la date d'expiration du contrat avec la société privée chargée de sa gestion, « sera nuisible en cette période de transition, car nous avons besoin de temps pour effectuer les appels d'offres ». « Nous ne sommes pas sur le point de renouveler le contrat de Sukleen, mais il s'agit d'un service public qu'on ne peut interrompre », a-t-il précisé.


Le ministre a ajouté que c'est la population qui paierait le prix fort d'une nouvelle crise des déchets et personne d'autre. Il a espéré que « ceux qui ont patienté 17 ans comprendront la situation et nous accorderont un délai suffisant pour terminer les nouveaux contrats ».
Or les habitants des villages qui entourent la décharge ne l'entendent pas de cette oreille. Imad el-Kadi, porte-parole de la campagne civile pour la fermeture de la décharge de Naamé, assure à L'Orient-Le Jour que « la confiance dans les responsables est perdue ». Selon lui, la campagne « met en garde le gouvernement contre un report de la fermeture de la décharge dans sa réunion de demain (aujourd'hui), car cela entraînera inévitablement une escalade au niveau des habitants ». Il rappelle que « le Premier ministre Tammam Salam avait promis une fermeture définitive de la décharge le 17 janvier 2015 ». Le blocage des routes face aux camions de la compagnie privée, venus décharger les déchets, est donc à l'ordre du jour pour ce rassemblement, selon lui. Il nous confie par ailleurs qu'une entente sur une prolongation de trois mois serait en train de se nouer sous la table, selon des informations obtenues par la campagne.


Pour sa part, le Mouvement écologique libanais (LEM), un rassemblement d'une soixantaine d'ONG, a publié hier un communiqué dans lequel il estime que « la fermeture de la décharge de Naamé dans les délais peut se transformer d'une crise en une opportunité ». Paul Abi Rached, président du LEM, résume ainsi l'alternative dans un entretien avec L'Orient-Le Jour : les régions pourraient toutes recourir au tri et au compostage dans des centres de rechange. Beyrouth et le littoral du Metn pourraient utiliser le centre déjà existant de la Quarantaine. La banlieue sud et Choueifate pourraient envoyer leurs déchets au centre de Amroussieh, d'Aley et de Choueifate dans le centre de tri et de recyclage de Naamé (sans utiliser les autres services de la décharge). Selon lui, les autres cazas n'auraient pas de problèmes à aménager des terrains pour la gestion de leurs déchets, notamment dans les carrières désaffectées. Le LEM milite pour un rôle grandissant des municipalités dans la gestion des déchets et affirme qu'elles pourraient s'y lancer dès à présent. En réponse à une question, M. Abi Rached estime que le délai très court n'empêcherait pas ce plan d'être mis à l'œuvre rapidement.
Quoi qu'il en soit, l'issue de ce bras de fer semble plus incertaine que jamais.

 

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LES DÉCHÊTS... SUR LA TABLE... ET AUTOUR...

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 47, le 08 janvier 2015

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Commentaires (2)

  • LES DÉCHÊTS... SUR LA TABLE... ET AUTOUR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 47, le 08 janvier 2015

  • DE LA NOUVELLE "BOUFFE"... POUR LES DÉCHÊTS QUI ÉTOUFFENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 10, le 08 janvier 2015

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