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À La Une - Santé

Après les scandales alimentaires, des produits radioactifs dangereux à l'aéroport et au port de Beyrouth

Tensions entre les ministres de l'Economie et de la Santé au sujet du sucre au port de Tripoli.

"Les autorités douanières ont saisi au port et à l'aéroport de Beyrouth des produits et ustensiles ménagers ainsi que des produits industriels et autres, contenant des substances radioactives nocives, en l'occurence le Cobalt 60, prohibé d'entrée dans les pays selon des conventions internationales, a annoncé Ali Hassan Khalil, le ministre des Finances, le 5 janvier 2015. Photo Nasser Trabulsi

Comme si les scandales alimentaires à répétition ne suffisaient pas, le ministre libanais des Finances Ali Hassan Khalil annonce aux Libanais que les autorités douanières ont récemment saisi des produits importés contenant du Cobalt 60, un isotope radioactif utilisé pour les radiothérapies, mais toxique en concentration excessive.

"Les autorités douanières ont saisi au port et à l'aéroport de Beyrouth des produits et ustensiles ménagers ainsi que des produits industriels et autres, contenant des substances radioactives nocives, en l'occurence le Cobalt 60, prohibé d'entrée dans les pays selon des conventions internationales, a annoncé le ministre des Finances. Cette substance est hautement nocive pour les humains". "Nous faisons face à un  problème de mort lente et progressive de citoyens, pouvant être provoquée par une intoxication due à cette substance", a-t-il martelé.

Interrogé sur les produits en question, M. Hassan Khalil a précisé qu'il s'agit d'ustensiles ménagers, des cuillères, des couteaux, des fourchettes, ainsi que d'engins électroniques, notamment des systèmes d'alarme et autres. "Je ne peux ni confirmer ou infirmer pour l'instant si des biens (contenant du Cobalt 60) sont déjà entrés sur le territoire libanais (avant cette saisie)", a-t-il ajouté.

Indigné, le ministre des Finances a martelé qu'"il est inadmissible que le Liban soit un dépotoir de produits nocifs et dangereux. Nous rendons publics ces faits, après avoir attendu les résultats des expertises. Certains des produits saisis sont importés d'Inde. Je ne condamne pas le pays concerné, mais plutôt les importateurs, qui seront poursuivis".

Tirant la sonnette d'alarme, M. Hassan Khalil a précisé qu'"il n'existe aucun moyen au Liban pour traiter ces substances. Les quantités sont considérables et aucun entrepôt spécialisé ne peut les accueillir. C'est pour cela que les produits devront retourner dans leur pays d'origine, aux frais des importateurs". Un processus qui pourrait prendre un peu de temps, a-t-il reconnu.

 

(Pour mémoire : Hygiène alimentaire : Bou Faour transmet le dossier de l'AIB au parquet)

 

"Que les ministères fassent leur travail"

Au niveau de la sécurité sanitaire des aliments, la campagne continue de provoquer des remous et des tensions entre les ministères concernés. Le ministre de l'Economie Alain Hakim a ainsi énergiquement critiqué la manière dont se déroule la campagne menée par le ministère de la Santé et a répliqué aux critiques qui ont été adressées à son ministère.

"Concernant la polémique entre le ministère de la Santé et le ministère de l'Economie, je voudrais dire que dès le départ, nous soutenons les objectifs de la campagne, mais nous nous opposons à la manière dont elle est mise en œuvre", a souligné M. Hakim lors d'une conférence de presse.

Malgré le fait que plusieurs ministères ont rallié la campagne initiée par le ministre de la Santé Waël Bou Faour, les tensions entre ce dernier et M. Hakim, et plus généralement leurs ministères respectifs, se sont exacerbées récemment. Leurs désaccords sont apparus notamment lors de leur dernière visite aux silos à blés du port de Beyrouth.

"La visite aux silos du port de Beyrouth, censée être normale, s'est transformée en un festival, un cirque médiatique. Les responsables des silos étaient censés nous exposer le fonctionnement des infrastructures, et les améliorations apportées", a précisé M. Hakim. "Nous demandons tous un suivi à cette campagne. Mais pourquoi les choses sont débattues dans les médias et non au sein de comités spécialisés, s'est interrogé le ministre de l'Economie. Si nous voulons parler d'un combat contre la corruption, nous ne pouvons mener un tel combat en commençant par (les restaurants, nldr) Kababji, al-Halabi, et autres. Le combat doit commencer par le sommet, par l'administration", a-t-il estimé.

Commentant les critiques adressés publiquement par M. Bou Faour au ministère de l'Economie au sujet de stocks de sucre non conformes aux règles sanitaires trouvés au port de Tripoli, M. Hakim a estimé que le communiqué de presse publié (par M. Bou Faour, ndlr) est une insulte au gouvernement et à tous les fonctionnaires. "Pourquoi ne pas nous avoir adressé un mémorandum ou une missive, comme il est d'usage ?", s'est-il interrogé. M. Bou Faour avait estimé qu'il fallait "un changement du nom du ministère de l'Économie. Il vaudrait mieux l'appeler le ministère des Économies de travail...".

 

(Pour mémoire : Au Hermel, du lait et du fromage syriens douteux dans le collimateur des responsables)

 

M. Hakim s'est par la suite interrogé : "Pourquoi perdre le temps des citoyens avec des gesticulations médiatiques ? Nous voulons protéger les Libanais et leur assurer une hygiène alimentaire saine. Pourquoi l'on cible la production du pain ? Qui en profite ? Ne pouvions-nous pas régler ce dossier par le biais des canaux ministériels ? Est-ce responsable de dire que le +Libanais partage son pain avec les rats+, a-t-il poursuivi, en réponse aux affirmations de M. Bou Faour. Ce qui se passe est inadmissible." M. Bou Faour avait lancé cette phrase lors de la visite aux silos la semaine dernière.

Et de conclure : "Aujourd'hui, c'est la dernière fois que j'aurais recours aux médias afin de traiter du dossier. Il n'y aura plus de polémiques, dorénavant".

 

La réponse de M. Bou Faour, même si indirecte, ne s'est pas faite attendre. "Que les ministères fassent leur travail". Le ministre de la Santé qui a effectué une tournée au port de Tripoli critiquant ses défaillances persistantes a également fait le point sur les stocks de sucre suspects dans le port.

"Les standards hygiéniques ne sont pas respectés dans le port. Des améliorations ont été apportées en un temps record et les personnes concernées doivent en être remerciées. Toutefois, ces améliorations ne sont pas suffisantes. La situation est meilleure, mais il demeure important d'assurer la propreté du sol et l'élimination des déchets", a souligné M. Bou Faour, qui a insisté sur le fait qu'"il n'y a aucun esprit de revanche de la part de l'Etat".

Abordant la question des stocks de sucre au port, dont certains ne sont pas datés et d'autres périmés, le ministre de la Santé a tiré la sonnette d'alarme : "Les Libanais consomment tous les jours du sucre. C'est une denrée essentielle. Le sucre qui entre sur le marché libanais, y est acheminé par ce port. L'entrepôt où le sucre est stocké est non conforme aux standards hygiéniques. Les conditions de stockage sont catastrophiques. 1 083 tonnes de sucre sont périmées. D'autres lots ne portent aucune date de péremption. Du sucre périmé ou dont la qualité est douteuse a été consommée par les Libanais. Deux milles tonnes ont été distribuées sur le marché, sans l'aval du ministère de l'Economie, a-t-il ainsi déploré. Qui en est responsable donc ? Que les ministères fassent leur travail. Le dossier a été transmis à la justice. Nous ne faisons pas de campagne médiatique, a-t-il lancé, en réponse aux critiques de M. Hakim.

"Nous sommes un Etat, et quand l'Etat est responsable de la santé de ses citoyens, tout le monde doit faire son travail, a martelé M. Bou Faour. C'est pour cela que j'ai saisi la justice. Qui peut nous garantir que cela ne se répètera pas ? Les investigations sont en cours et les portes du ministère de la Santé sont ouvertes pour les besoins de l'enquête".

"La situation est terrifiante", a-t-il conclu.

 

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