Rechercher
Rechercher

Culture - Cimaises

Visiter l’atelier londonien de Souheil Sleiman, rue Abdel Aziz

C'est une exposition génétiquement modifiée que propose la galerie Agial. Ni installation ni présentation d'œuvres achevées, mais petite incursion dans l'univers créatif de Souheil Sleiman, sculpteur hors des courants et des conventions.

Souheil Sleiman, artiste libanais installé à Londres.

Les galeries confient de plus en plus leurs espaces à des curateurs, pratique jadis réservée à des espaces d'exposition plus larges, comme les musées ou autres centres artistiques. Le curateur conçoit alors l'exposition autour d'un thème ou prépare une certaine rétrospective d'un artiste généralement connu et confirmé. Amanda Abi Khalil propose ainsi, pour la galerie Agial, une entrée dans l'univers d'un artiste. L'univers matériel d'abord. Celui des tables, de cette grande table en bois brut qui supporte le plus gros du travail. De la grande panoplie des outils du sculpteur, du burin au maillet, en passant par le marteau ou les tournevis et les ciseaux. Des chevalets, des carnets, des papiers de toutes tailles. Des esquisses, des lignes, des gribouillages, des notes, des dessins plus ou moins aboutis. Un fouillis, mais qui reste très ordonné. À se demander si l'antre de Souheil Sleiman à Londres est tout aussi méticuleux. L'artiste-sculpteur, né à Mizyara, vit sous le règne de Sa Majesté depuis les années 70. Son atelier, appelé « Amhurst Republic », est très vaste. Les « citoyens » s'y réunissent pour des soirées « arty » qui servent aussi à recueillir des fonds pour promouvoir ou venir en aide à des artistes. Mais revenons à Beyrouth. Rue Abdel Aziz, plus précisément. La vitrine d'Agial est occupée par un poster, reproduction d'un mur sur lequel on peut lire « Classtrophobic ». La phobie des classes ? L'homme, habillé en Boho, avec foulard en lin vert sapin autour du cou, sourit. Il désigne les outils, le métal, les tubes, les crayons. «C'est mon univers», dit-il, sans trop s'épancher. L'air de dire: je laisse l'éloquence à mon travail. À son œuvre, connue pour tâter des questions sociopolitiques et écologiques d'actualité.


«Tout support propice au dessin ou à l'écriture est le bienvenue », assure l'artiste en désignant un paquet de croquis réalisés sur des feuilles au dos imprimé. Le mur aussi porte ses empreintes graphiques, ses griffonnages, réalisés avec de la peinture, de l'encre ou charbon sur papier. Plusieurs œuvres sont proposées à la vente. D'un commun accord entre l'artiste et le galeriste Saleh Barakat, les prix ont été fixés entre 100 et 900 dollars, pour les œuvres encadrées. « Les œuvres que je réalise en sculpture ne sont pas à vendre, explique l'artiste. Alors lorsqu'un jeune homme m'a avoué, lors du vernissage, avoir acquis ce jour-là sa première œuvre artistique, j'ai eu l'impression d'avoir accompli quelque chose. »


« Ce projet n'est ni une exposition ni une installation. C'est une proposition qui se situe entre les deux. L'espace de la galerie ressemblera à un studio d'artiste, accueillant une série de croquis préliminaires à ses œuvres sculptées », lit-on sur un pan de mur. Sur celui adjacent, la retranscription d'un dialogue Skype entre l'artiste et la curatrice, qui ont déjà collaboré l'été dernier à une résidence d'artistes dans le village de Mizyara.
La scénographie inhabituelle de « Just About Touching the Structure » est intéressante, innovatrice et didactique. Certains pourraient regretter que les croquis, dont chaque groupe présente les étapes successives d'un projet de sculpture, ne montrent pas l'œuvre une fois terminée. Mais ce serait peut-être aller à l'encontre de l'intention de cette «ni-expo ni-installation». Car l'œuvre achevée ne se trouve pas dans l'atelier. Elle est ailleurs. Et là, on y touche à peine. On caresse ses esquisses en somme.

 

« Just About Touching the Structure », Agial Art Gallery, Hamra, jusqu'au 6 janvier. Tél. : 01/345213.

Les galeries confient de plus en plus leurs espaces à des curateurs, pratique jadis réservée à des espaces d'exposition plus larges, comme les musées ou autres centres artistiques. Le curateur conçoit alors l'exposition autour d'un thème ou prépare une certaine rétrospective d'un artiste généralement connu et confirmé. Amanda Abi Khalil propose ainsi, pour la galerie Agial, une...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut