Rechercher
Rechercher

Liban - Crise

Un seul mot d’ordre place Riad el-Solh : « Libérez nos fils, sinon ce sera la révolution »

Rassemblement de soutien aux familles des militaires otages, une semaine après l'assassinat du policier Ali Bazzal.

Photo Nasser Trabulsi

Une semaine après la mise à mort du policier libanais Ali Bazzal, les familles des militaires pris en otage par les jihadistes dans le jurd de Ersal ont organisé hier un rassemblement place Riad el-Solh, au centre-ville de Beyrouth. Des centaines de personnes étaient au rendez-vous pour soutenir les proches des militaires, dont des dignitaires religieux, des représentants du Parti socialiste progressiste (de Walid Joumblatt) et du Courant patriotique libre (de Michel Aoun) ainsi que des représentants de la société civile.

Les participants brandissaient pour la plupart le drapeau national et celui de l'armée libanaise. Un homme drapé dans un drapeau syrien se trouvait aussi dans la foule.

Accepter l'échange

Pour les proches des otages, le mot d'ordre était simple et repris en chœur : « Libérez nos fils, sinon ce sera la révolution dans ce pays. » Appelant le gouvernement à prendre une position courageuse, les représentants des familles ont martelé que leurs fils « ne sont pas un jouet entre les mains de certains responsables ». « Nous serons des Daech s'il le faut », a lancé l'un d'eux.
« Nous sommes ici car non seulement nos fils mais tout le Liban est pris en otage », avait déclaré, juste avant les familles, le représentant du Conseil supérieur chiite (CSC), cheikh Abbas Zgheib. « Nous appelons le gouvernement à prendre une position unifiée et traiter sérieusement avec toute partie qui offrirait son aide pour libérer les détenus, avait-il ajouté. Le gouvernement doit accepter le principe d'un échange si cela permet de rendre les militaires à leurs familles. »

Photo Matthieu Karam.



Malgré la grande colère des familles, le rassemblement était plutôt calme. Mais l'ambiance a changé quand le représentant du CPL, le député Nagi Gharios, a voulu prendre la parole. Hué par les manifestants, il s'est vu contraint de se retirer le temps que des proches des militaires calment la foule. La semaine dernière, le chef du Comité des ulémas, cheikh Salem el-Rafeï, avait assuré que ce n'était pas le Hezbollah qui s'opposait à l'échange mais bien des parties chrétiennes au sein du cabinet de Tammam Salam.
Nagi Gharios a finalement pu prendre la parole, quelques minutes plus tard, pour affirmer : « Ne pensez pas que seuls ceux qui viennent vous voir ici vous soutiennent, tout le peuple libanais est solidaire de votre cause. »

Les « bourreaux » du Sérail

« J'aurais espéré voir cette manifestation quatre mois plus tôt, a souligné à L'Orient-Le Jour Hamzi Hommous, père du policier otage Waël Hommous, présent place Riad el-Solh. J'espère que les familles vont poursuivre leur démarche. » « Nous n'avons pas d'assurances quant au sort de nos proches, mais nous poursuivons nos efforts, nous ne désespérons pas », a-t-il poursuivi. Et de lancer : « Au Sérail, nous n'avons pas de politiciens, mais des bourreaux. Regardez où ils nous ont menés. Il n'y a que des martyrs... »
Un manifestant a de son côté indiqué à L'Orient-Le Jour être venu place Riad el-Solh « parce que les militaires sont nos frères et toute notre famille ». « L'armée est la seule institution que je respecte. Si elle disparaît, le pays tout entier disparaît », a-t-il poursuivi, ajoutant, amer : « J'ai fait une demande de visa pour émigrer. Si les otages sont tués, je pars définitivement de ce pays. »

Photo Matthieu Karam.



Dernier à prendre la parole, le porte-parole des familles des militaires, Hussein Youssef, a remercié ceux qui ont répondu présent à leur appel. « Votre soutien nous prouve que nous sommes toujours forts », a-t-il indiqué. Sur un ton plus ferme, M. Youssef a averti que les familles ne laisseront aucun responsable « vendre le sang de leurs fils au nom du prestige de l'État ».
Les familles des otages, favorables à une médiation du Comité des ulémas et au principe de l'échange de leurs fils contre des islamistes de Roumieh, sont soutenues dans leurs revendications par de nombreuses parties, notamment le chef du PSP qui a appelé une nouvelle fois vendredi les autorités à accepter le principe de l'échange.
Tammam Salam a toutefois assuré au quotidien panarabe al-Hayat dans son édition de vendredi que le gouvernement n'a mandaté personne afin de négocier la libération des 25 militaires toujours otages des jihadistes.

Un cheikh brièvement arrêté sur la route du jurd de Ersal

En dépit de ces assurances, il semble que la confusion règne toujours à ce niveau. Ainsi, les forces de sécurité ont interpellé, puis relâché, hier soir, depuis la caserne d'Ablah, où il avait été conduit, cheikh Houssam el-Ghali, mandaté, semble-t-il, par le Comité des ulémas pour rencontrer un responsable du Front al-Nosra et négocier un arrêt total des menaces d'exécution des otages.
Deux Syriens ont été arrêtés avec cheikh el-Ghali, et l'un d'eux portait une ceinture d'explosifs. Le dignitaire religieux a prétendu ne pas savoir qu'ils étaient en possession d'armes. Maintenus en état d'arrestation, les deux Syriens ont prétendu avoir voulu profiter de la course pour faire parvenir la ceinture d'explosifs aux jihadistes du Front.

Photo Matthieu Karam.

 

Cellules dormantes

Signalons pour finir que trois suspects ont été arrêtés au Akkar, et un quatrième à Feytroun, dans le cadre de la chasse que mène l'armée contre les cellules dormantes terroristes et les agents infiltrés. Les trois suspects ont été arrêtés à l'aube, dans les régions de Bhanine et de Minié (Akkar). Selon un communiqué de l'institution militaire, l'un d'eux avait participé aux récentes attaques contre la troupe dans la région.
L'armée a en outre annoncé avoir pris en flagrant délit un homme qui tentait de cambrioler un magasin qui vend des téléphones portables dans la région de Feytroun (Kesrouan). Ce dernier a tiré en direction de la patrouille, l'obligeant à riposter. Blessé, il a été transporté à un hôpital de la région.


Lire aussi

Le triangle de Chebaa, nouveau foyer potentiel de tensions, le décryptage de Scarlett Haddad

Qui sont les militaires libanais otages des jihadistes?

Trois pistes pour une possible sortie de crise

Une semaine après la mise à mort du policier libanais Ali Bazzal, les familles des militaires pris en otage par les jihadistes dans le jurd de Ersal ont organisé hier un rassemblement place Riad el-Solh, au centre-ville de Beyrouth. Des centaines de personnes étaient au rendez-vous pour soutenir les proches des militaires, dont des dignitaires religieux, des représentants du Parti socialiste...

commentaires (2)

PAUVRES PARENTS ! HONTE ! ET MILLE FOIS HONTE !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 52, le 15 décembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • PAUVRES PARENTS ! HONTE ! ET MILLE FOIS HONTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 52, le 15 décembre 2014

  • A mon humble avis, même si le diable, ami de ces ravisseurs, peut ramener ces soldats sains et saufs, il faut accepter son offre et le charger de cette tâche. "khalas ba'a" !

    Halim Abou Chacra

    12 h 18, le 15 décembre 2014

Retour en haut