Deux amis devenus des amants... Photos Marwan Assaf
Traduite dans plus d'une trentaine de langues et jouée autant aux États-Unis qu'en Europe, cette pièce aura séduit les plus grands talents du théâtre. Depardieu, Trintignant, Delon, Marielle dans la peau d'Andy, Anouk Aimée, Liz Taylor, Sigourney Weaver, Mia Farrow dans le rôle de Melissa.
Love Letters ou la relation épistolaire de deux amis, amoureux puis amants, que l'on découvre à travers l'écriture de leurs lettres elliptiques.
Sur scène, deux personnages assis côte à côte, le dos bien droit, lisent leur correspondance sans jamais se regarder. Alain Plisson conserve ainsi dans cette mise en scène minimaliste le souhait de l'auteur. Un hommage rendu à l'art épistolaire, comme le souligne le metteur en scène dans sa lettre d'introduction. Il regrette ce temps révolu où WhatsApp, e-mail et SMS n'existaient pas encore pour le plus grand bonheur des amoureux de la syntaxe.
Après Huit-Clos et Volpone, il nous revient avec une pièce d'un genre nouveau pour le public libanais. Pour la première fois, celui-ci a droit à une douce comédie concentrée essentiellement sur le texte. Leyla Nahas et Michel Moppert prêtent leurs intonations avec brio pour donner vie aux personnages.
De la toute première lettre griffonnée sur un cahier d'écolier aux plus passionnés de deux amants occasionnels, en passant par celles d'adolescents espiègles, ce chassé-croisé amoureux durera toute une vie. Andy, petit bourgeois, grandit avec le goût de l'effort et le sens de la valeur de l'argent. Melissa, elle, appartient à la grande bourgeoisie et a l'arrogance des enfants gâtés à qui l'on a tout donné. Andy, lui, se transforme en homme discret conformiste, tout en retenue. Melissa, elle, devient, en grandissant, une artiste dilettante, au caractère passionné et provocateur. Ces deux-là partagent une complicité rare sans se rencontrer souvent. À faire l'amour sur papier, Andy et Melissa se dévoilent à demi-mots, prisonniers d'une vie d'adulte en proie aux aléas du quotidien. A. R. Gurney fait monter la pression sensuelle et dramatique par le texte, mais aussi par les délais plus ou moins longs qui s'écoulent entre missives, appels au secours et réponses qui arrivent. Finalement, les sentiments ne s'expriment qu'à travers les lettres.
Que vous soyez férus de pièces de théâtre ou profanes en la matière, ce spectacle vous séduira par sa simplicité et sa modernité.
*« Love Letters », mise en scène d'Alain Plisson, au IF, salle Montaigne aujourd'hui, demain jeudi et vendredi. Prix des places : 20 000 LL.
