Le 20 novembre 1989, sous l'égide de l'Onu, le monde ratifiait la Convention internationale des droits de l'enfant. Un grand mot, le monde. Bon élève pour une fois et assez étrangement, vu les circonstances de l'époque, le Liban a fait partie, en 1991, de la première fournée de signataires. On sait (et c'est plutôt surprenant, s'agissant d'un pays où l'enfant semble roi) que les États-Unis se sont exclus de ce bel élan, avançant que de nombreux lobbies pensent que cette convention ôte aux parents des droits sur leurs enfants. La vérité est qu'à l'époque, de nombreux États américains appliquaient encore la peine de mort aux mineurs, même handicapés mentaux. Ils n'y ont renoncé qu'en 2005. L'autre pays n'ayant pas ratifié cette charte est la Somalie, dépourvue à ce moment-là d'un gouvernement reconnu. Un pays riche, un pays pauvre, c'est une mesure qui permet de relativiser l'impact du niveau de vie sur le bien-être d'un enfant.
Il y a 25 ans, comme aujourd'hui, étaient donc établies en 54 articles les conditions à respecter pour qu'aucun enfant sur cette terre ne soit sans défense face aux abus des adultes, pour que les enfants soient enfin considérés comme des personnes à part entière. Les journées internationales servent à faire des bilans. Chez nous, comme rien ne va comme il le faudrait, quand on pense à la situation des droits de l'enfant, c'est le plus visible qui nous vient à l'esprit, et le plus révoltant d'ailleurs : la mendicité des gamins par tous les temps dans les rues des villes comme sur les grandes routes, phénomène rendu encore plus aigu par l'affluence des réfugiés de tous les azimuts sur le territoire que nous considérons nôtre.
La mendicité, comme chacun sait, n'est que le sommet d'un iceberg de problèmes parmi lesquels l'absence de domicile et peut-être de papiers d'identité, donc l'impossibilité d'accéder à la scolarisation, à l'hygiène, d'avoir une journée structurée, un repas chaud, des soins médicaux. Sans abri, c'est surtout la précarité, l'insécurité, la vulnérabilité, l'exposition à toutes sortes de prédateurs, notamment sexuels. Tous les jours, ces enfants écrasent leurs bouilles fatiguées contre les vitres de vos voitures, geignent la mélopée immémoriale que leur ont apprise les chefs de bande qui les recrutent avec toute leur fratrie. L'été, déshydratés et suffoquant de chaleur, ils manquent s'étaler sous vos roues pour vous vendre une bouteille d'eau qu'ils n'en peuvent plus de porter. Sous des pluies diluviennes, ils se présentent trempés jusqu'à l'os et cognent à votre pare-brise où les essuie-glaces peinent à dégager la vue. Ils incarnent « toute la misère du monde » contre laquelle, quoi qu'on fasse, nous semble-t-il, on ne peut rien. Ils sont notre mauvaise conscience qui marche sur la terre. Pourtant, on peut toujours faire quelque chose. Au lieu de donner de l'argent qui leur sera confisqué par un adulte, gardons en voiture des vêtements, des sandwiches, une boisson, un cahier, des crayons de couleurs. Pareils à ces oiseaux du ciel qui ne font ni semailles ni moissons, ils attendent un geste de la Providence. Et la Providence, chacun de nous l'est pour l'autre.
Conventions et Providence
OLJ / Par Fifi ABOU DIB, le 20 novembre 2014 à 00h00
commentaires (3)
IL N'Y A JAMAIS EU DANS L'HISTOIRE DE L'HUMANITÉ UNE PÉRIODE PLUS NOIRE QUE CELLE D'AUJOURD'HUI Où LES ENFANTS... DES DEUX SEXES... SONT KIDNAPPÉS POUR LEURS "PIÈCES DE RECHANGE" AH,OUI ! OU VENDU(E)S... OU CONVOYÉ(E)S POUR GARNIR LES BORDELS MIXTES DES QUATRE COINS DU MONDE... AU PROFIT DES INCONSCIENTS ANIMAUX DE CETTE INCONSCIENTE MODERNE HUMANITÉ DU 21ÈME SICLE ! QUE D'AUTRES INJUSTICES AUSSI !
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 26, le 20 novembre 2014