D'aucuns y verront sans doute une démarche de « haut-commissaire », la fin de la récréation sonnée par le grand tuteur américain. La plupart y réagiront avec le réalisme d'usage, ajustant leurs pas sur ceux de la superpuissance mondiale. Le fait est qu'à un peu plus d'une semaine de l'échéance du 24 novembre, date de la fin des négociations internationales sur le nucléaire iranien, les États-Unis ont en quelque sorte réinvesti la scène politique locale au travers de quelques déclarations faites hier par leur ambassadeur à Beyrouth, David Hale.
Pour la première fois depuis plusieurs mois, M. Hale a rajusté le tir américain, faisant du Hezbollah un « obstacle » aussi important à la stabilité du Liban que celui représenté par l' « État islamique » (ex-Daech).
Le plus remarquable dans les propos de l'ambassadeur, qui s'exprimait devant les principaux représentants du patronat libanais, est le rappel des normes touchant aux fonctions régaliennes de l'État et l'invitation faite au gouvernement libanais à mettre en œuvre les dispositions de la déclaration de Baabda, qui avait été avalisée puis reniée par le Hezbollah.
Avant de conclure sur un énième appel aux Libanais à élire un président de la République, M. Hale a abordé la querelle constitutionnelle en cours, mais pour s'efforcer de la réduire au silence : « L'heure n'est pas propice à la paralysie politique, a-t-il lancé. Ce qu'il faut, à l'heure actuelle, c'est compter sur les points forts de la Constitution libanaise, et non pas détruire l'édifice constitutionnel. » On ne saurait être plus clair.
Il convient de noter que la prestation de l'ambassadeur américain a coïncidé avec la venue au Liban de responsables du département d'État pour une visite en rapport avec la situation régionale et avec un ballet diplomatique autour de Bkerké, où M. Hale lui-même avait été reçu jeudi. Hier, le patriarche maronite s'est entretenu successivement avec l'ambassadeur de Russie, Alexander Zasypkin, et son homologue français, Patrice Paoli.
Ce mouvement donne à penser que quelque chose bouge au niveau de la présidentielle, sans que l'on puisse à ce stade évaluer les possibilités d'une tenue prochaine du scrutin. Pour le moment, on en est encore aux spéculations sur l'après-24 novembre et sur l'évolution des rapports entre les deux principaux acteurs du boycottage des séances électorales de la Chambre, le Hezbollah et le CPL.
Dans ce cadre, la visite rendue jeudi par une délégation du parti chiite au général Michel Aoun et les propos – très amicaux sur le plan bilatéral – qui ont été tenus à cette occasion sont diversement interprétés dans les milieux politiques, notamment dans le camp adverse.
Pour certains, cette visite est la confirmation de l'alliance entre les deux parties, en dépit des voies séparées suivies par chacune d'elles dans l'affaire de la prorogation de la législature, et il est à craindre qu'elle n'augure d'un nouveau raidissement sur la présidentielle.
D'autres, au contraire, pensent qu'elle pourrait marquer un tournant dans la position du Hezbollah, ce dernier cherchant à amadouer le général Aoun afin de pouvoir l'amener ultérieurement à changer d'attitude.
De fait, les observateurs font valoir qu'en envoyant ses députés à la Chambre voter la prorogation de la législature, le parti chiite a montré clairement que lorsque ses intérêts divergent avec Rabieh, il n'hésite pas à franchir le pas et à prendre la direction contraire. A contrario, cela tendrait à prouver que dans le cas des séances du Parlement pour élire un président, ce n'est pas du CPL que le Hezbollah est en réalité solidaire, mais d'abord de la stratégie iranienne.
Il suffirait ainsi, après le 24 novembre, qu'un feu vert vienne de Téhéran, et tout rentrerait dans l'ordre...
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commentaires (5)
C'est permis d'esperer ??????????????????
Soeur Yvette
11 h 54, le 15 novembre 2014