Qui du Salon du livre ou du Salon du chocolat a attiré le plus de clients, de papivores ou de gourmets ? Question fondamentale pourrait-on dire sans sourire alors que la société civile sombre progressivement dans une aphasie anesthésiante qu'aucune turpitude ou scandale n'arrive plus à dissiper ou à balayer. Nourritures spirituelles ou nourritures terrestres, tout cela est toujours bon à prendre alors que tout autour de nous se liquéfient les dernières certitudes, les dernières illusions, alors que tout autour de nous ne se monnayent que le mensonge et l'imposture.
D'une reconduction parlementaire infamante, qui a vu des alliés se tourner le dos et des adversaires se rabibocher le temps d'une pirouette, à une vacance présidentielle justifiée par les « surdoués » du blocage par « l'intérêt supérieur » de l'État (sic !), le Liban vogue au gré des humeurs chagrines des uns et des ambitions inextinguibles des autres.
Écoutez-les, plus arrogants que jamais, éructant, blablatant d'une chaîne télévisée à l'autre, suivez leurs regards assassins pointés contre des ennemis politiques encore plus hystériques, encore plus délirants. Écoutez-les, ces « responsables » chrétiens d'un autre âge, se balançant à la figure, comme des arguments létaux, les hauts faits de guerres qu'on croyait bien enfouies dans nos mémoires, celles d'une « libération » dont on n'a pas fini de payer le prix et d'une « élimination » qui draine encore rancœur et incompréhension.
Suivez les méandres poisseux des explications et autres justifications avancées par ceux qui se sont englués dans la tragédie syrienne et qui de prétendus « exécutants des bonnes œuvres » sont devenus des machines à tuer, éduquées à l'école du régime baassiste si longtemps pyromane et pompier pendant la guerre libanaise. Suivez donc leur parcours et vous réaliserez l'étendue de l'imposture, celle qui n'a eu pour conséquence que d'introduire chez nous le loup fondamentaliste qu'on assurait vouloir éliminer chez nos voisins.
Tout est boniments et affabulations. Comme cette tromperie qui dure depuis quatorze ans, depuis ce mois de mai de l'an 2000 lorsque les Israéliens, penauds, pourchassés par les combattants du Hezbollah, ont évacué le territoire libanais, jurant leurs grands dieux qu'ils n'y remettront plus le pied. Les Libanais ont pavoisé, les partisans du parti de Dieu aussi, et tout était désormais en place pour que la Résistance livre ses armes à l'institution militaire, pour que la décision de guerre ou de paix revienne enfin à l'État.
Vœu pieux évidemment, la Syrie rappelant très opportunément aux Libanais, et au Hezbollah bien sûr, l'existence d'une terre encore occupée, les fermes de Chebaa en l'occurrence, celles qu'elle-même revendique sournoisement. Message reçu cinq sur cinq par le Hezbollah. Et ce qui devait arriver arriva : malgré l'existence d'instances internationales pour régler le problème, malgré la présence de la Finul et le déploiement de l'armée, la milice chiite a gardé ses armes et d'incident en incident on a abouti à la catastrophe de 2006, au matraquage barbare des Israéliens, celui qui a poussé des dizaines de milliers de Libanais à choisir définitivement le chemin de l'exil.
Encore des mensonges, encore des menaces israéliennes et toujours le Hezbollah qui veut guerroyer ici et ailleurs et qui, avec l'arrogance qui est la sienne, allègue de l'appui d'une faction chrétienne, le Courant patriotique libre plus précisément, pour poursuivre sa politique aventureuse. Mensonges et plus si affinités... Au bout du chemin se dévoile la trahison, celle qui empêche l'État de droit de se reconstituer.
Alors, Salon du livre ou Salon du chocolat ? C'est kif-kif, tant qu'on a l'oubli...
Mensonges et plus si affinités...
OLJ / Par Nagib AOUN, le 10 novembre 2014 à 00h00
commentaires (9)
Un bon livre pour s'éduquer, un bon chocolat pour mémoriser. La combinaison idéale pour mieux attaquer les problèmes d'aujourd'hui et de demain tout en se rappelant de quelques errances du passé... Et pourquoi pas un salon de la rose et de la fleur d'oranger histoire de rappeler qu'il y a un peu de douceur dans ce beau pays?
Olivier Georges
17 h 08, le 10 novembre 2014