Dans la république de l'incohérence et de l'absurdité, plus rien ne devrait nous étonner. Et pourtant, l'imagination de nos responsables politiques ne manque jamais de nous prendre de court... Alors que la prorogation du mandat de l'actuelle Chambre des députés a été votée par 95 députés pas plus tard que mercredi dernier, le ministère des Affaires étrangères n'a pas annulé l'organisation des élections législatives pour les émigrés d'origine libanaise en Australie et au Koweït, et y a ouvert les bureaux de vote comme prévu, invoquant le fait que « la loi n'a pas encore été publiée ». Il est vrai que le vote des émigrés fait l'objet d'une revendication de longue date, mais comment expliquer qu'on leur accorde cette opportunité juste quand les résidents en sont privés ?
Dans son communiqué daté de samedi, le ministère des Affaires étrangères explique donc que des élections sont organisées dans les consulats du Koweït le 7 novembre, et de Sydney et Melbourne en Australie le 9, « en vertu de la loi életorale n° 25/2008 adoptée le 8/10/2008, dont les délais ont été fixés dans le décret 321 datant du 19/8/2014 ».
« Malgré les circonstances entourant la loi sur la prorogation du mandat de la Chambre des députés qui n'a pas encore été publiée, et en dépit des obstacles à l'opération électorale, le ministère des Affaires étrangères et des Émigrés annonce que le vote a eu lieu hier (vendredi) 7/11/2014 à l'ambassade du Liban au Koweït (pour les circonscriptions de Marjeyoun et Hasbaya), et que les bureaux de vote sont restés ouverts toute la journée de 8h à 17h », souligne le texte.
Dans son communiqué sur les élections au Koweït, l'Association libanaise pour la démocratie des élections (Lade) a évoqué des retards dans les formalités entre les ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères, d'où le fait que la lettre sur les préparatifs que devait envoyer le ministère des Affaires étrangères aux ambassades du Koweït et d'Australie ne leur est pas parvenue à temps, bien que ce scrutin ait été prévu deux mois à l'avance. Malgré cela, l'ambassade du Koweït a effectué les préparatifs pour accueillir les électeurs. Toutefois, des 211 inscrits, toujours selon la Lade, seuls deux électeurs ont fait le déplacement : l'un d'eux a pu voter dans le centre consacré à la circonscription de Hasbaya-Marjeyoun, et l'autre, originaire du Kesrouan, a constaté qu'aucun centre n'était prévu pour lui, bien que son nom figure sur la liste électorale.
À Sydney, c'est le consul du Liban dans cette ville, Georges Bitar Ghanem, qui a annoncé hier que trois bureaux de vote ont été ouverts « conformément aux directives du ministère des Affaires étrangères et des Émigrés ». « Les électeurs qui se sont inscrits pour les élections de 2013 et dont les noms figurent dans les listes électorales peuvent voter pour les candidats ayant présenté leurs candidatures en septembre dernier », a précisé M. Bitar. Il a affirmé « appliquer les directives du ministère indépendamment de la prorogation du mandat de la Chambre ».
À Sydney, trois salles ont été mises à la disposition des électeurs, l'une pour le caza de Batroun, la seconde pour Minié-Denniyé et Tripoli, et la troisième pour Zghorta. Après la fermeture des bureaux de vote, M. Bitar a effectué le bilan suivant : aucun vote au centre de Batroun, deux votes au centre de Zghorta et un seul dans celui de Tripoli, qui s'est avéré être Jamal Rifi, frère du ministre de la Justice Achraf Rifi, toujours selon le consul. À Melbourne, aucun vote.
« L'opération électorale en Australie est la première de ce type dans toute l'histoire de l'émigration, a ajouté M. Bitar. Son importance réside dans le fait qu'elle a consacré le principe de la participation des émigrés dans les prochaines élections, et a montré que les missions diplomatiques sont prêtes à exécuter ce qui leur est demandé quand la décision politique est au rendez-vous. »
Une « mascarade », selon le 14 Mars
Pour leur part, les forces du 14 Mars en Australie ont qualifié de « mascarade » les élections organisées par le ministère dans leur pays d'adoption. À l'issue d'une réunion à Sydney, elles ont publié un communiqué dénonçant le fait que « les électeurs libanais (d'Australie) ont été convoqués à participer au scrutin dans un délai ne dépassant pas les 48 heures », au lendemain de la prorogation.
« En tant que communauté libanaise soucieuse des intérêts du Liban, nous aurions préféré que le ministre Gebran Bassil appelle aussi promptement le courant aouniste à se rendre au Parlement pour élire un président de la République, souligne le texte. L'État libanais ne supporte pas un vide à la tête de l'État et un autre au Parlement. Comment peut-il y avoir des élections dans les pays de l'émigration sans qu'il n'y en ait au Liban ? »
Les participants à la réunion ont exorté le ministre des Affaires étrangères à « arrêter de se moquer de la communauté libanaise en Australie, et d'utiliser les émigrés comme s'ils étaient des citoyens de seconde zone dès qu'il s'agit de décisions existentielles ». « La communauté libanaise veut participer aux élections, mais une fois qu'un président sera élu », ont-ils conclu.
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QUE BKERKÉ ORGANISE UN REFERUNDUM DE TOUTE LA DIASPORA CHRÉTIENNE POUR LUI OCTROYER LE POURVOIR DE NOMMER LE NOUVEAU PRÉSIDENT DU PAYS ET L'IMPOSER À TOUS... SURTOUT À CEUX QUI NOMMENT LES LEURS ET NOUS LES IMPOSENT ! NI "TANT-PIS"... QUI POURTANT ACCEPTE DE SE RETIRER DU MATCH... MAIS SURTOUT NI "S'EN-FOUT" QUI S'ACCROCHE DENTS, GRIFFES, MAINS ET PIEDS À LA CHAISE... NE VEUT PAS CHANGER DE BOUSSOLE ET DE VOCABULAIRE... ET ENVENIME AINSI TOUT LE PAYS !
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 21, le 10 novembre 2014