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Économie - Éclairage

EDL : les journaliers pris au piège ?

Trois mois après le début du blocage du siège du fournisseur d'électricité par les journaliers, les négociations entre les deux parties sont pratiquement au point mort. Si les grévistes campent sur leurs positions, l'établissement public, de son côté, semble peu à peu se donner les moyens de contourner le blocus.

Les journaliers qui occupent toujours l’entrée du bâtiment central d’EDL commencent eux aussi à trouver le temps long. Photo Philippe Hage Boutros

Les journaliers d'EDL, qui bloquent toujours le bâtiment central du fournisseur à Corniche el-Nahr, ont publié hier un communiqué dans lequel ils ont, une nouvelle fois, fustigé « l'attitude » de la direction de l'établissement. Ils reprochent en effet à cette dernière de tenter de « précipiter la réouverture des centres de services à la clientèle » afin de mettre les grévistes devant le fait accompli et ainsi adresser une fin de non-recevoir à leurs revendications.

Jeudi, la direction d'EDL a effectivement annoncé la délocalisation de plusieurs guichets qui étaient jusqu'alors hébergés dans le bâtiment central de l'établissement. Le traitement des demandes de travaux d'urgence, de raccordement ou d'actualisation des abonnements sera désormais possible dès lundi, à Jounieh pour les usagers résidant à Beyrouth, à Baabdate pour les usagers d'Antélias et à Aley pour les usagers de Chiah. La direction d'EDL a en outre annoncé que cette initiative constituait « une première étape » vers un retour progressif à la normale. Des sources proches de l'établissement confirment par ailleurs la reprise « prochaine » des opérations de facturation et de recouvrement, sans pouvoir toutefois donner de plus amples précisions à ce sujet.

Les journaliers ont pour leur part annoncé « la suspension des opérations d'entretien » assurées par ces derniers dans les principales unités de production et de distribution d'électricité. Le communiqué a également enjoint aux usagers, « notamment les propriétaires de sites industriels, commerciaux ou touristiques », de renvoyer à EDL toute facture qui leur serait adressée. Une mesure destinée à « aider les citoyens à se protéger contre la fraude », ont précisé les représentants des grévistes. Rappelons à ce propos qu'un employé d'EDL avait été surpris, fin septembre, en train de récupérer une série de cachets officiels appartenant à l'établissement. Les forces de l'ordre avaient alors rapidement appréhendé l'auteur de ces faits et saisi le matériel dérobé. Des sources proches d'EDL ont par ailleurs confié que « des solutions subsidiaires » avaient été trouvées pour pouvoir reprendre l'édition des factures, même « en cas de maintien du blocage du matériel stocké dans les locaux du siège ».

Un mouvement en perte de vitesse ?
Au-delà des ramifications de son volet politique, le conflit social qui paralyse une partie de l'activité d'EDL depuis le début du mois d'août ne semble pas mobiliser les dirigeants libanais outre mesure. L'Orient-Le Jour a tenté de joindre le ministre de l'Énergie et de l'Eau, Arthur Nazarian, pour recueillir la position officielle du ministère au sujet de cette crise, sans succès. À noter que la dernière intervention publique du ministre sur ce dossier date de la fin du mois d'octobre. M. Nazarian avait alors reçu les représentants du syndicat des employés d'EDL pour aborder cette question parmi d'autres. En l'absence de solution dégagée par cette rencontre, ces derniers avaient par la suite appelé les employés d'EDL à faire grève début novembre, sans que cette décision ne fasse l'unanimité au sein du personnel de l'établissement. Rappelons également que les ministres de l'Intérieur et de la Justice, Nouhad Machnouk et Achraf Rifi, n'ont toujours pas donné suite aux critiques formulées par M. Nazarian au sujet de leur manque d'engagement sur ce dossier.

De son côté, la direction d'EDL a multiplié les initiatives pour tenter de contourner le blocage du siège de l'établissement. Après avoir déménagé dans les locaux de la centrale thermique de Zouk et formulé une requête auprès des autorités afin de sécuriser une partie du matériel et des documents contenus au sein du bâtiment central, les cadres du fournisseur ont lancé de nombreux appels à mettre un terme à cette « situation anormale », selon la formule consacrée. À noter que les répercussions sur la santé financière de l'établissement restent difficiles à évaluer et que la direction ne compte pas assouplir sa position concernant le nombre de journaliers qui seraient intégrés au cadre de l'établissement (897 postes au total alors que les grévistes demandent l'intégration de l'ensemble d'entre eux).

Dans ce contexte, et après l'échec de leur mobilisation devant le siège de la National Electricity Utility Company (Neuc) la semaine dernière, les journaliers semblent de plus en plus isolés. Interrogé par L'Orient-Le Jour au lendemain de la fin de l'ultimatum fixé au prestataire de services, l'un des représentants du mouvement avait affirmé que « les négociations étaient toujours en cours avec toutes les parties ». Il se pourrait bien que cette voie soit la dernière encore praticable pour les journaliers, comme en témoigne la baisse d'intensité de leur mouvement depuis quelques semaines.

P. H. B.

 

 

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