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Économie - Liban - Énergie

LCPS : La sécheresse n’est pas seule responsable de la crise de l’eau

Pour le LCPS, la crise de l'eau que vit le Liban aujourd'hui n'est pas simplement le résultat de la sécheresse de l'hiver, mais la conséquence d'une mauvaise gestion de la ressource par les pouvoirs publics. L'institut propose six pistes pour gérer la crise.

Si le Liban a bel et bien connu son hiver le plus sec depuis un siècle, pour Roland Riachi, auteur d'une thèse sur l'eau et docteur en économie, la crise du secteur ne s'explique pas seulement par le manque de précipitations de la dernière saison hivernale.

La sécheresse a mis en exergue les lacunes fondamentales des politiques de gestion de l'eau dans le pays, comme l'auteur le démontre dans un article publié par le Lebanese Center for Policy Studies (LCPS) et intitulé « Au-delà des politiques ressassées, le Liban doit s'attaquer en priorité à la crise de l'eau ».
« Pour faire face à cette crise de l'eau, le Liban doit essentiellement gérer la mauvaise gestion de cette ressource et les défaillances qui se sont progressivement accumulées au cours des années. Pour cela, le gouvernement doit entreprendre un certain nombre de réformes », écrit l'expert.

Pour lui, cela doit commencer par la protection des nappes phréatiques via une réglementation accrue et une nouvelle législation. Le gouvernement doit ensuite réaliser que les barrages ne sont pas la solution à la crise de l'eau. Il doit s'atteler à réparer les infrastructures délabrées et réformer le système tarifaire pour tenir compte de la consommation interne d'eau. Selon Roland Riachi, le gouvernement doit, en outre, reconsidérer les subventions agricoles en prenant en compte la pénurie actuelle que vit le secteur et améliorer la gestion des eaux usées.

 

(Lire aussi : « Les Libanais sont impressionnants du fait de leur capacité à s’adapter au manque d’eau »)



Pour lutter contre la surexploitation des aquifères, le gouvernement doit créer des zones de protection des aquifères et revoir les lois laxistes et dépassées sur le forage des puits. « Un individu est toujours exempté de permis de forer s'il extraie moins que 100 000 litres par jour et si la profondeur de son puits est inférieure à 150 mètres, des règles beaucoup trop laxistes dans le climat actuel », estime le chercheur.

 

« Les barrages ne sont pas la solution »
« Le pilier principal de l'Autorité centrale pour le développement de l'eau a longtemps été la construction de barrages, rappelle l'expert, mais cette option est non seulement coûteuse mais menace également la fragilité de l'écosystème, sans compter les risques sismiques qui pèsent sur le Liban. »
Roland Riachi propose une alternative à la construction de barrage : la création de bassins de stockage de petites et moyennes surfaces, une option « beaucoup moins chère et plus écologique », selon lui.

Par ailleurs, les pertes d'eau dans le réseau domestique (fuites et autres gaspillages) ont été estimées à 50 % en moyenne et jusqu'à 80 % dans certaines régions, toujours selon les mêmes sources. L'expert a en outre souligné le manque de personnel dans les services publics de gestion de l'eau. « Le personnel n'a jamais été remplacé, écrit Roland Riachi, laissant 80 % des postes vacants. »

 

(Pour mémoire : Des étudiants libanais proposent une solution à la pénurie d’eau)


Selon le rapport, les ménages libanais consacrent les trois quarts de leur budget alloué à l'eau aux fournisseurs privés, en plus du tarif forfaitaire. L'expert préconise une réforme de ce système de tarification, notamment la mise en place de compteurs d'eau.

En ce qui concerne le secteur agroalimentaire, l'économiste souligne que le Liban produit « le double de la quantité nécessaire de fruits et de légumes, avec un système de subvention mis en place pour l'exportation vers les pays du Golfe. Ce flux vers l'extérieur représente 25 à 30 % de la consommation annuelle d'eau douce, insiste Roland Riachi. Un mécanisme d'incitation pourrait promouvoir l'adoption des techniques d'irrigation plus économes et plus efficaces ».
« Les politiques actuelles se concentrent sur des projets coûteux de conservation d'eau en surface et une tendance à la privatisation du secteur, tout en ignorant le vrai problème de la mauvaise gestion des ressources disponibles en eau, en particulier les eaux souterraines », a conclu l'expert.

 

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A quand un état, un vrai?

Massabki Alice

08 h 42, le 02 novembre 2014

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Commentaires (1)

  • A quand un état, un vrai?

    Massabki Alice

    08 h 42, le 02 novembre 2014

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