Après l'Espagne, le Liban a connu le pire recul au monde en matière de liberté économique, a indiqué l'Institut Fraser dans son dernier rapport. Le pays s'est rangé 60e parmi 152 économies dans le monde, soit une chute de 21 places en comparaison avec sa 38e position dans le classement de 2013, selon le Lebanon this Week qui cite le rapport.
Samir Daher, conseiller économique de l'ancien Premier ministre Nagib Mikati, explique la dégringolade du Liban en matière de liberté économique par le coût supplémentaire de la nouvelle grille des salaires. « Cette question a considérablement gonflé le budget et augmenté la taille du secteur public au détriment de celui du privé », a-t-il estimé dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour.
C'est également l'avis de Nassib Ghobril, économiste en chef à la Byblos Bank. « Ce recul du Liban ne me surprend pas. Le pays ne cesse de dégringoler dans la plupart des classements mondiaux, a-t-il déclaré. Aucune réforme n'a été entreprise pour alléger les coûts opérationnels sur le secteur privé, tandis que les attaques envers le secteur bancaire se multiplient dans le pays. » L'économiste fait référence aux nouvelles taxes prévues pour financer la nouvelle grille des salaires. « Lentement mais sûrement, nous avançons vers l'État providence », s'inquiète-t-il.
Les pressions internationales sur le secteur bancaire en cause ?
« Le Liban ne jouit effectivement plus de la même liberté économique qu'auparavant, mais cela est une bonne chose, commente Greta Saab, professeure d'économie à l'Université de Balamand. Le pays n'est plus la Suisse du Moyen-Orient. Dans le monde, le libre-marché a prouvé ses limites comme en 2008. Il est temps de réguler l'économie. »
Selon l'économiste, la situation politique en 2014 et les pressions internationales à répétition sur le secteur bancaire libanais ont poussé les institutions financières locales à prendre des mesures plus sévères pour ne permettre aucun questionnement sur les pratiques bancaires. « Après le cas de la Lebanese Canadian Bank, accusée en 2011 d'avoir blanchi de l'argent de la drogue aux États-Unis au profit du Hezbollah, puis l'adoption de la Fatca par le Congrès américain, dont l'objectif principal est de combattre l'évasion fiscale des Américains via leurs comptes offshore, le Liban est désormais soumis à de nombreuses réglementations internationales et commence à les appliquer à la lettre, et cela est une bonne chose », estime Greta Saab.
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Avec une économie fortement dollarisée où 75 % des transactions sont effectuées en billets verts, le Liban est obligé d'être bon élève en matière de transparence bancaire. « Nous ne pouvons nous permettre la moindre interrogation concernant le secteur bancaire, poursuit l'économiste. Il s'agit du fer de lance de l'économie libanaise. La position conservatrice de Riad Salamé en la matière est d'ailleurs exemplaire. »
Le Liban a en outre été classé 10e parmi 39 pays à revenus moyens supérieurs (PRMS) inclus dans l'étude et 7e parmi 14 pays arabes. L'indice utilisé par l'institut mesure le degré de liberté dans une économie en se basant sur 42 variables divisées en cinq facteurs influant sur la liberté économique. Ces derniers sont : la taille du gouvernement, la structure juridique du pays en matière de protection des biens de propriété, l'accès au financement, le libre-échange avec les pays du reste du monde, la réglementation des crédits, du travail et des entreprises.
En comparaison avec le reste du monde, le Liban est « économiquement plus libre » que l'Albanie et la Jamaïque, mais moins que la France, l'Ouganda et le Koweït. Par ailleurs, l'économie libanaise a été considérée « moins libre » que celles de l'île Maurice, du Pérou, du Costa Rica, de Roumanie, du Monténégro, de Bulgarie, de Hongrie et du Botswana parmi les PRMS.
Le Liban s'est ainsi vu attribuer le score de 7,19 points sur une échelle allant de 0 à 10, une note en baisse en comparaison avec les 7,42 points obtenus en 2013. Le score du Liban a été inférieur à celui de la moyenne des pays du Golfe (7,46 points), mais au-dessus de celui de la moyenne des pays arabes (6,50 points), de la moyenne mondiale (6,85 points) et de celle des PRMS (6,70 points).
Plus en détail, le score du Liban dans la catégorie « taille du gouvernement » a chuté de 7,9 % en comparaison avec 2013, celui concernant l'accès au financement ayant perdu 0,5 %, celui sur la réglementation des crédits, du travail et des entreprises 1,7 %, celui évaluant la structure juridique du pays en matière de protection des biens de propriété ayant diminué de 7,7 % et celui sur le libre-échange avec les pays du reste du monde, de 0,3 % en glissement annuel.
Rappelons que l'Institut Fraser est un centre de recherches indépendant basé au Canada dont la mission est d'étudier et de mesurer l'impact de la compétitivité des marchés et de l'intervention des États dans le bien-être individuel.
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commentaires (4)
AU LIEU D'AUGMENTATIONS DE SALAIRES, DANS LA SITUATION Où EN EST LE PAYS, IL FALLAIT DÉCIDER DES RÉDUCTIONS DE SALAIRES... DANS LE PUBLIC ET DANS LE PRIVÉ... POUR RELANCER L'ÉCONOMIE... QUE LES BOYCOTTAGES DE L'ABRUTISSEMENT ET LES AVENTURES DANS LE VOISINAGE... GÉNÉRATEURS D'INSÉCURITÉ... POUSSENT TOUS LES JOURS... DE PLUS EN PLUS... PLUS PROFONDÉMENT DANS L'ABYSSE !
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 49, le 26 octobre 2014