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Économie - Trois questions à... Jean-Marie Chevalier

Total : la machine continue à marcher malgré la disparition de son PDG

Trois questions à... Jean-Marie Chevalier, économiste français et spécialiste des questions énergétiques

Archives/AFP

Total, première entreprise française avec 189,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires et de bénéfices, vient de perdre son PDG, Christophe de Margerie. L'annonce du décès du PDG a suscité de nombreuses réactions de grands patrons et de responsables politiques. Le point sur le bilan économique de Total.

Quel est le bilan de Christophe de Margerie à la tête de Total ?
Aujourd'hui, Total a beaucoup grandi : 5e compagnie pétrolière et gazière en capitalisation boursière, un chiffre d'affaires de 189,5 milliards d'euros et surtout une diversification très profonde avec une production de gaz et pétrole partout dans le monde (10 % en Amérique, 23 % au Moyen-Orient, 29 % en Afrique et 27 % en Europe). Christophe de Margerie a dû s'atteler à une grande tâche pour rénover l'image de Total lorsqu'il a pris les rênes de la première entreprise de France. Il a tour à tour tenté de faire apprécier Total par la publicité en multipliant les interventions dans les médias pour répondre aux critiques qui visaient le non-paiement de l'impôt sur le bénéfice. Christophe de Margerie pensait aussi à l'après-pétrole, il a diversifié le groupe et mis l'accent sur les énergies renouvelables en investissant dans le solaire, une filiale aujourd'hui prometteuse. Total est aujourd'hui dans la cour des grands.

Quelle est l'importance de la relation Total-Russie ?
Dans une perspective de long terme, la Russie est un partenaire énergétique interdépendant avec l'Europe. La Russie ayant des ressources en matières premières et une grande efficacité énergétique, il est normal que Total soit intéressé malgré les difficultés politiques actuelles. La Russie devrait en effet devenir la principale zone de production pour Total en 2020. À l'image de tous les géants mondiaux du pétrole, Total n'a pas réduit ses ambitions en Russie malgré les tensions de la crise ukrainienne. Par exemple, M. de Margerie s'était à plusieurs reprises affirmé contre une position trop sévère de l'Europe vis-à-vis de la Russie. Il a d'ailleurs souligné que les sanctions étaient une voie sans issue et qu'il faudrait privilégier le dialogue avec le président russe, Valdimir Poutine. Je pense vraiment que ces tensions sont un épisode passager, mais ce n'est certainement pas facile pour Total de combiner des perspectives à long terme avec des problèmes actuels.

Quelles seraient les difficultés pour le successeur de M. de Margerie dans une entreprise comme Total ?
La vraie difficulté est de s'imposer dans un monde d'énergie en continuelle mutation et d'arriver à prendre la place de M. de Margerie dans les débats publics. Il est vrai que le successeur n'aura pas les mêmes qualités que l'ancien PDG, mais il va certainement s'orienter vers d'autres objectifs aussi efficaces pour l'entreprise. Le successeur devra notamment assurer la croissance de production d'hydrocarbures et faire face à la crise du raffinage. Il est vrai aussi que c'était le PDG lui-même qui entretenait une relation proche avec la Russie, donc on pourra peut-être se poser la question de la durabilité de cette relation avec le nouveau président, mais une compagnie comme Total a une vision stratégique qui ne concerne pas seulement le PDG. La machine continue à marcher malgré la disparition de son dirigeant.

Total, première entreprise française avec 189,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires et de bénéfices, vient de perdre son PDG, Christophe de Margerie. L'annonce du décès du PDG a suscité de nombreuses réactions de grands patrons et de responsables politiques. Le point sur le bilan économique de Total.
Quel est le bilan de Christophe de Margerie à la tête de Total ?Aujourd'hui,...

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