Les combats à Benghazi ont fait au moins douze morts et une dizaine de blessés, selon des sources hospitalières. Photo AFP
L'armée libyenne a annoncé hier son soutien au général Khalifa Haftar qui a lancé une offensive sur Benghazi pour tenter de reprendre cette ville de l'est libyen tombée en juillet aux mains de milices islamistes.
Des tirs et des explosions ont été entendus dans la matinée dans plusieurs parties de Benghazi dont les rues étaient désertes et les commerces fermés, selon un correspondant de l'AFP. Les combats ont fait au moins douze morts et une dizaine de blessés, selon des sources hospitalières. Des témoins ont rapporté hier que des chars avaient lancé un assaut contre la « Brigade du 17 février », une milice islamiste, tandis que les forces aériennes loyales à M. Haftar menaient des raids contre le quartier général de cette milice, situé à l'ouest de la ville. Plus tard, un porte-parole du général Haftar, Mohammad Hijazi, a annoncé que ses troupes avaient pris le contrôle du quartier général de cette milice. Mais il n'était pas possible dans l'immédiat de confirmer cette information de source indépendante.
Hier, l'armée libyenne a affiché clairement son soutien à l'opération du général Haftar. « L'armée libyenne appuie l'opération " Dignité ". Désormais, c'est une opération parmi d'autres de l'armée », a déclaré le porte-parole du chef d'état-major de l'armée régulière, le colonel Ahmed al-Mesmari. « La libération de Benghazi est une étape stratégique, la plus importante dans la bataille de l'armée contre le terrorisme » dans toute la Libye, a de son côté déclaré le général Haftar, 71 ans, en intervenant sur une chaîne de télévision privée. Le général, qui dit commander l'« Armée nationale libyenne » (autodéclarée), a prévenu que les « prochains heures et jours » seraient « difficiles ». Un de ses porte-parole a appelé dans le même temps les jeunes de Benghazi à sécuriser leurs quartiers et ne pas permettre aux combattants islamistes d'y accéder. Lors de son intervention télévisée, le général a en outre affirmé pour la première fois qu'il mettra fin à sa « carrière militaire » après la libération de Benghazi. Il était jusqu'ici resté évasif sur ses réelles intentions. « Je considère cette bataille (de Benghazi) comme le couronnement de ma carrière militaire », a-t-il assuré, sans préciser s'il envisageait une carrière politique.
L'opération lancée en mai par le général controversé, qui avait pris part à la révolte contre le régime Kadhafi, n'a jusqu'à présent pas remporté beaucoup de succès. Au contraire, ses forces ont été chassées de Benghazi par les milices islamistes, dont Ansar Asharia, organisation classée terroriste par Washington. Ces groupes armés ont formé une coalition baptisée le Conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi, regroupant des radicaux et d'autres plus modérés. Depuis, des combats meurtriers opposent quasi quotidiennement les deux camps et ont fait plus de 50 morts la semaine dernière.
L'annonce de cette nouvelle offensive intervient près de six mois après le lancement par le général Haftar d'une opération baptisée « Dignité » contre les groupes armés, qu'il a qualifiés de « terroristes », qui contrôlent Benghazi. M. Haftar avait été alors accusé par les autorités de transition de mener un « coup d'État ». Mais leur position a bien changé depuis, surtout après que le général à la retraite a obtenu le soutien de plusieurs unités de l'armée.
Le rapprochement entre Haftar et les autorités de transition a été dénoncé par une coalition de groupes armés, notamment islamistes et de la ville de Misrata, qui contrôle la capitale depuis août, à l'issue de plusieurs semaines de combats contre des milices progouvernementales essentiellement de la ville de Zenten. Les milices de la coalition Fajr Libya (Aube de la libye) ont formé un gouvernement parallèle à Tripoli et ont élargi leur offensive à l'ouest de Tripoli. Hier encore, des combats faisaient rage entre Fajr Libya et des forces de Zenten, en particulier autour de la ville de Kekla, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli, selon un photographe de l'AFP.
(Source : AFP)