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À La Une - Syrie

L'EI prend position au centre de Kobané

La Turquie dément tout accord avec Washington pour l'utilisation de ses bases contre l'EI.

Kobané en Syrie, vue depuis le poste-frontière turc de Mursitpinar, après des raids de la coalition anti-EI le 13 octobre 2014. PHOTO / ARIS MESSINIS

Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont pris position pour la première fois dans le centre de Kobané (Aïn el-Arab) lundi, à la veille d'une réunion à Washington des chefs militaires d'une vingtaine de pays de la coalition anti-EI.

De violents combats entre les combattants de l'EI et les forces kurdes ont par ailleurs eu lieu lundi dans les faubourgs nord de Kobané, à moins d'un kilomètre de la frontière entre la Syrie et la Turquie. Washington, leader de la coalition anti-EI, fait pression sur Ankara pour que la Turquie ouvre aux avions américains des bases aériennes d'où ils pourraient mener des raids en Syrie et en Irak.


Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les jihadistes ont pu s'emparer lundi du centre culturel de Kobané et s'installer pour la première fois dans le centre de cette localité qu'ils convoitent depuis le lancement le 16 septembre de leur grande offensive contre cette région kurde de la Syrie. "Auparavant, ils venaient de l'est, avançaient puis reculaient mais cette fois ils se sont bien installés (au centre). Ils contrôlent désormais la moitié de la localité", a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

 

(Repère : Eliminer les jihadistes de l'EI : Avant la frappe, le renseignement)


Dans la troisième ville kurde de Syrie, la journée a par ailleurs été marquée par trois explosions à la voiture piégée déclenchées par des kamikazes de l'EI, selon l'OSDH, qui n'était pas en mesure de fournir un bilan des victimes.


Deux de ces explosions ont eu lieu au nord de Kobané dans une zone où un journaliste de l'AFP présent à la frontière turque a pu constater que les jihadistes avaient lancé une offensive.

 

"Objectif stratégique"
Ce secteur du poste-frontière de Mursitpinar est emprunté quotidiennement par des civils fuyant les combats et par des combattants kurdes évacués pour être soignés dans les hôpitaux de Suruç en Turquie.


C'est devenu "un objectif stratégique" pour les jihadistes, a indiqué à l'AFP Feyza Abdi, élue au conseil municipal de Kobané et réfugiée en Turquie, qui indique que l'EI assiège "déjà la ville de trois côtés différents".
"S'ils réussissent à prendre le contrôle de cette zone, ils fermeront tous les accès et pourront commencer leur massacre" à Kobané.


Si l'EI a pu installer une position au centre de la ville, une semaine après être entré à Kobané et trois jours après avoir délogé les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de leur QG, ces derniers ont mené une contre-offensive dans le sud de Kobané et repris deux positions des jihadistes, selon l'OSDH.

 

(Lire aussi : La zone tampon voulue par Ankara dans le nord de la Syrie vise avant tout à maîtriser la question kurde)


Près de trois mois après le déclenchement de la campagne aérienne contre l'EI en Irak et près de trois semaines après le début des raids visant les jihadistes en Syrie, les chefs militaires de 21 pays de la coalition vont faire le point mardi à Washington sur leur campagne. Cette réunion  rassemblera notamment des représentants de tous les partenaires européens de la coalition ainsi que des cinq pays arabes --Bahreïn, Jordanie, Qatar, Arabie saoudite et Emirats arabes unis-- qui jouent un rôle actif dans les frappes aériennes en Syrie.

 

Attentats à Bagdad
Des déclarations contradictoires de Washington et Ankara sur un accord concernant l'utilisation de bases aériennes turques par les avions américains pour effectuer des raids contre l'EI ont semé une certaine confusion.

 Alors qu'un responsable américain indiquait dimanche que les Etats-Unis pourraient utiliser la grande base d'Incirlik (sud), où 1.500 Américains sont stationnés, une source gouvernementale à Ankara a affirmé lundi qu'un tel accord n'avait pas été signé.


Actuellement, les avions américains employés pour les bombardements contre l'EI décollent des bases aériennes, plus éloignées, d'Al-Dhafra aux Emirats arabes unis, d'Ali al-Salem au Koweït et d'Al-Udeid au Qatar. Cette confusion illustre les relations difficiles entre la Turquie et les Etats-Unis, deux pays de l'Otan, sur le dossier syrien.

 

(Lire aussi: L'EI fier d'avoir réduit des femmes et des enfants yazidis en esclavage)


Ankara refuse pour l'instant de se joindre à la coalition militaire internationale au motif que les frappes aériennes dirigées contre les jihadistes pourraient renforcer par ricochet le camp du président syrien Bachar el-Assad, la bête noire de ses dirigeants islamo-conservateurs.


Les autorités turques ont posé comme conditions préalables à leur participation la création d'une zone-tampon et d'une zone d'interdiction aérienne dans le nord de la Syrie, l'entraînement et l'armement des rebelles de l'opposition syrienne modérée et la réaffirmation de l'objectif de renverser l'actuel régime de Damas. Les Kurdes ont dénoncé ces derniers jours la passivité turque face à la situation à Kobané, et des émeutes pro-Kurdes ont fait une trentaine de morts en Turquie.


En Irak, les Etats-Unis sont préoccupés par la situation dans la province occidentale d'Al Anbar, à majorité sunnite, qui risque de passer sous contrôle total de l'EI après une série de revers des forces irakiennes
A Bagdad, au moins 22 morts ont trouvé la mort dans trois attentats à la bombe qui ont eu lieu en moins d'une heure lundi dans des quartiers chiites.

 

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commentaires (1)

Ankara en donnant son feu vert pour la mise à disposition des États-Unis des bases pour lancer les raids contre l'EI joue un double jeu en appuyant en même temps l'EI.

Sabbagha Antoine

17 h 49, le 13 octobre 2014

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Commentaires (1)

  • Ankara en donnant son feu vert pour la mise à disposition des États-Unis des bases pour lancer les raids contre l'EI joue un double jeu en appuyant en même temps l'EI.

    Sabbagha Antoine

    17 h 49, le 13 octobre 2014

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