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Moyen Orient et Monde - Syrie

L’EI envoie des renforts face à la résistance farouche de Kobané

Ankara confirme sa décision de renforcer militairement l'opposition modérée.

Les combats à Kobané ont fait, depuis le 16 septembre, près de 580 morts. Umit Bektas/Reuters

Les jihadistes de l'organisation État islamique (EI, ex-Daech) ont envoyé hier des renforts vers Kobané, où les forces kurdes leur opposaient une résistance farouche dans cette ville syrienne devenue aux yeux du monde le symbole de la lutte contre l'EI, et où les combats ont fait jusque-là près de 580 morts depuis le 16 septembre.

En effet, les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) ont progressé hier d'une cinquantaine de mètres en direction de leur QG d'où ils ont été délogés vendredi dernier, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Mais la situation reste à l'avantage des jihadistes, plus nombreux et mieux armés. Ils contrôlent environ 40 % de la ville, particulièrement le secteur est et des quartiers dans le sud et l'ouest. L'EI a par ailleurs tiré 11 roquettes sur le centre-ville, a précisé l'OSDH.

(Repère : Eliminer les jihadistes de l'EI : Avant la frappe, le renseignement)


La défense acharnée des forces kurdes a néanmoins contraint l'EI à faire venir des renforts en provenance de Raqqa et Alep, leurs bastions du nord syrien, selon l'OSDH. « Ils envoient même des hommes qui n'ont pas beaucoup d'expérience du combat, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Il s'agit bien d'une bataille cruciale pour eux. S'ils n'arrivent pas à prendre Kobané, cela va porter un coup dur à leur image (...). Ils ont mis tout leur poids dans cette bataille. »

Feyza Abdi, élue locale de Kobané, réfugiée en Turquie mais toujours en contact avec des combattants, a appelé la communauté internationale à envoyer « des armes et des munitions » mais aussi « des missiles antichars car ce sont les blindés qui nous font le plus de mal ». Sans cette aide, Azad Bekir, un réfugié en contact avec son frère à Kobané, se montre « pessimiste » : les combattants kurdes « tiennent bon » et « tuent beaucoup de "bandits" (jihadistes), mais ces derniers reviennent toujours plus nombreux ».

Les défenseurs de Kobané, eux, ne peuvent recevoir de renforts car la Turquie bloque sa frontière, empêchant notamment des Kurdes de ce pays de se porter au secours de leurs camarades assiégés. Cette attitude d'Ankara a provoqué ces derniers jours des émeutes prokurdes en Turquie, qui ont fait au moins 34 morts. Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a toutefois confirmé hier que son pays allait renforcer les capacités militaires de l'opposition modérée syrienne. « Nous avons besoin maintenant d'une force de sécurité qui protège le peuple syrien à la fois contre l'EI et contre le régime », a déclaré M. Davutoglu dans un entretien accordé au quotidien Milliyet paru hier. « La solution, c'est une troisième force autre que le régime et l'EI qui représente le peuple syrien et qui est composée de syriens, pas de combattants étrangers, a-t-il précisé. Cette troisième force doit représenter toutes les parties de la syrie, la coalition nationale syrienne et l'opposition remplissent déjà ces conditions. »

(Lire aussi : La zone tampon voulue par Ankara dans le nord de la Syrie vise avant tout à maîtriser la question kurde)

 

Aide humanitaire

Sur le plan diplomatique, le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a réitéré sa « profonde inquiétude sur la situation dans et autour » Kobané, et appelé « toutes les parties à se lever pour empêcher un massacre de civils ». La Commission européenne a, elle, annoncé l'octroi de 3,9 millions d'euros aux organisations humanitaires qui viennent en aide aux quelque 180 000 réfugiés ayant fui la région de Kobané vers la Turquie.

Côté américain, le secrétaire d'État américain John Kerry, en visite au Caire, a qualifié de « tragédie » la situation mais a précisé que l'approche de la coalition par rapport à « Kobané ne définit pas (sa) stratégie » globale contre l'EI. Kobané sera vraisemblablement au centre demain d'une réunion à Washington des chefs militaires de 21 pays de la coalition, qui vont faire le point sur leur stratégie anti-EI près de trois mois après le déclenchement de la campagne aérienne en Irak et près de trois semaines après le début des raids sur la Syrie.


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