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Vous avez vos règles ? "Touchez le cornichon"

 

Le dernier spot publicitaire de Procter & Gamble pour des serviettes périodiques en Inde remplit tous les critères des classiques du genre : une femme souriante fait un jogging en pantalon blanc avant de remporter sans effort un tournoi de tennis. Mais à la différence de la plupart des publicités de cet acabit, ce clip de 30 secondes vise à dissiper les mythes qui entourent les cycles menstruels des femmes dans un pays où les tabous sur le sujet sont encore profondément enracinés. La publicité s'achève en effet par ce slogan: "Touchez le cornichon", en référence à la croyance largement répandue selon laquelle une femme ayant ses règles qui touche un pot de cornichons le rendra impropre à la consommation. C'est une façon d'exhorter les femmes à rejeter ce genre de superstition.

Procter & Gamble (PG), le géant américain de l'hygiène, s'est dit étonné de voir à quel point de telles "pratiques primitives" étaient encore très répandues dans l'Inde moderne. Selon un sondage réalisé par l'institut Ipsos pour PG, quelque 59% des citadines continuent de suivre le précepte de leur grand-mère de ne pas toucher la jarre de cornichons que l'on peut trouver dans la plupart des cuisines indiennes.
"Éviter de toucher un pot de cornichons parce que votre corps connaît un processus biologique naturel est tout simplement risible", dit une porte-parole de Procter & Gamble à l'AFP.
Cette pratique découle de la croyance encore largement ancrée en Inde selon laquelle les femmes sont "impures" pendant leurs règles. Dans certains régions rurales, elles doivent dormir à part et manger dans des assiettes utilisées uniquement pendant cette période.

D'autres croyances leur interdisent d'entrer dans des temples et d'arroser des plantes comme le basilic, considérées comme sacrées.
Aditi Gupta, qui a crée le site menstrupedia.com il y a deux ans pour informer les plus jeunes, estime que de tels mythes ont encore largement cours en Inde. "Ces mythes se transmettent de génération en génération sans être remis en cause", dit-elle à l'AFP. "Cela n'a rien à voir avec le degré d'éducation. Il y a une honte intrinsèque qui empêche les gens de seulement parler de ces tabous", ajoute-t-elle.

Encouragée par les réactions à son site, Gupta a lancé une bande dessinée pour aider les gens à "surmonter leur honte" et à discuter ouvertement des règles. Sa motivation vient de son expérience d'adolescente, dit-elle. "Bien que j'appartienne à une famille aisée, nous devions porter de vieux vêtements pendant nos règles, que nous devions nettoyer et réutiliser", raconte-t-elle. "Ce n'était pas une question de prix. C'était simplement dû à la honte d'acheter des serviettes périodiques".

 

Supprimer la honte
A. Muruganantham s'est assigné comme mission de venir à bout de la honte qui entoure la menstruation en Inde. Originaire d'une famille pauvre du sud de l'Inde, cet homme qui n'a pas fait d'études a inventé une machine pour fabriquer des protections périodiques économiques, contribuant à améliorer la vie des femmes dans les campagnes. Muruganantham a constaté que l'absence de tampons à prix accessible obligeait les femmes à utiliser des chiffons sales. Pour tester son invention, il a même créé un faux utérus à partir d'un ballon de football qu'il a parsemé de trous et rempli de sang de chèvre.
Parcourant les villages, il a rencontré des femmes qui étaient enfermées dans de petites pièces sans lumière pendant leurs règles. Il a ainsi vu "10 à 15 femmes entassées dans une petite pièce, on leur jette de la nourriture par la porte et elles sont contraintes de manger comme des chiens dans une seule assiette".
"Même si ce genre de comportements a largement reculé, l'idée selon laquelle une femme ayant ses règles est impure continue d'être ancrée dans l'esprit des gens", dit-il à l'AFP.

Tant Gupta que Muruganantham pensent que seules une meilleure information et prise de conscience peuvent venir à bout de ces idées fausses. "Cela fait froid dans le dos de penser que certaines choses n'ont pas changé en Inde en dépit des progrès accomplis par ailleurs", dit Muruganantham. "Il nous faut sortir les serviettes hygiéniques des toilettes. Nous devons encourager les femmes à proclamer: +Oui, j'ai mes règles. Et alors?+"

 

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