Les manifestants qui exigent l’instauration du suffrage universel plein et entier en 2017 ont de nouveau occupé le cœur de Hong Kong, plus nombreux que jamais. Xaume Olleros/AFP
Des dizaines de milliers de manifestants prodémocratie se sont rassemblés hier à Hong Kong pour une démonstration de force le jour de la fête nationale chinoise.
Marquant à leur manière le 65e anniversaire de la République populaire de Chine, les manifestants qui exigent l'instauration du suffrage universel plein et entier en 2017 ont de nouveau occupé le cœur de Hong Kong, plus nombreux que jamais même si aucune estimation fiable n'était immédiatement disponible.
La campagne de désobéissance civile qui couvait depuis plusieurs semaines dans l'ancienne colonie britannique s'est brusquement intensifiée ces derniers jours, provoquant la plus grave crise politique depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.
Et les leaders étudiants semblent vouloir faire monter la pression d'un cran. Ils ont lancé hier un ultimatum au chef de l'exécutif, Leung Chun-ying.
« Si notre chef de l'exécutif et le gouvernement central (à Pékin) ne respectent ni n'écoutent l'opinion publique, nous étudierons différentes actions à mener dans les jours prochains, y compris l'occupation d'autre lieux comme les principaux bâtiments gouvernementaux », a déclaré Agnes Chow du mouvement Scholarism.
Leung Chun-ying devra démissionner « aujourd'hui ou demain », a-t-elle ajouté.
Un des responsables de la principale coalition des manifestants, Occupy Central, a aussitôt pris ses distances. Toute escalade sera « une initiative des étudiants », a-t-il dit, en fermant néanmoins la porte à toute négociation avec l'actuel numéro un hongkongais. « Nous pouvons parler avec n'importe quel membre du gouvernement, sauf lui », a martelé Chan-Kin-man.
Rassemblements de Paris à Los Angeles
Les meneurs des manifestations cherchent à éviter une répétition des violences de dimanche lorsque la police antiémeute avait tenté de déloger les manifestants en faisant usage de gaz lacrymogène et de gaz au poivre.
Mais ce sont les étudiants et les lycéens qui battent inlassablement le pavé et occupent les quartiers vitaux de la ville et ils répondent en premier lieu aux mots d'ordre de leurs leaders.
D'après le Wall Street Journal, le gouvernement entend jouer la montre en espérant que les protestataires se lasseront. Pékin, affirme le journal, a expressément interdit à Leung Chun-ying de recourir à la force. « Pékin a été clair avec C.Y (Leung). Vous ne pouvez ouvrir le feu », a indiqué le quotidien. « Vous devez y mettre fin pacifiquement. »
Il faut dire que « la révolution des parapluies » connaît un fort retentissement à l'étranger où la presse ose parfois la comparaison avec la répression du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989, et Pékin marche sur des œufs.
Une page Facebook « United for Democracy : Global Solidarity with Hong Kong » a annoncé des dizaines de rassemblements hier sur tous les continents. Quelque 1 000 personnes se sont réunies à Taipei, 300 à Auckland, en Nouvelle-Zélande, et des meetings étaient prévus notamment à Paris, Los Angeles, New York et Londres.
Arrestation de dissidents chinois
Leung Chun-ying n'a pas fait explicitement allusion au mouvement prodémocratie dans le discours qu'il a prononcé hier à l'occasion de la fête nationalise chinoise. Il a appelé au contraire à la coopération avec la Chine. « Le développement de Hong Kong et celui du continent (la Chine) sont étroitement liés. Nous devons travailler main dans la main pour que le rêve chinois devienne réalité », a lancé M. Leung.
« Bien sûr que le peuple de Hong Kong doit travailler avec Pékin », a rétorqué Edward Chun, un leader d'Occupy Central. « Mais ils ne peuvent pas contraindre Hong Kong à une démocratie fallacieuse. On n'est pas au Tibet ni au Xinjiang », régions chinoises en proie à des troubles, a-t-il jugé.
Sans mentionner Hong Kong, le président chinois Xi Jinping a juré mardi d'éradiquer « toutes les tumeurs qui se développeraient sur le corps sain » du Parti communiste chinois (PCC).
Selon des associations de défense des droits de l'homme, les autorités chinoises ont également arrêté une dizaine de dissidents et interrogé une soixantaine qui avaient exprimé leur soutien aux manifestants.
« La répression de militants en Chine éclaire les raisons pour lesquelles tant d'habitants de Hong Kong craignent le contrôle grandissant de Pékin sur les affaires de la ville », a écrit Amnesty International.
Enfin, Washington a fait savoir que la situation ferait partie des discussions prévues au département d'État entre le secrétaire d'État américain, John Kerry, et son homologue chinois, Wang Yi.
(Source : AFP)