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Économie

Un véritable désastre pour le groupe et ses salariés

La grève des pilotes d'Air France, qui aura duré 14 jours, est désastreuse pour le groupe et ses salariés. Au-delà d'une nouvelle fragilisation financière, la compagnie française va devoir composer pendant longtemps avec un déficit d'image auprès des passagers.

Impact financier
Air France a perdu 15 à 20 millions d'euros par jour, soit 200 à 280 millions d'euros.
Soit le prix catalogue de trois Boeing 737 neufs. Il faut y ajouter les dédommagements des passagers et des voyagistes qui feront grimper la facture de manière substantielle.
Côté investisseurs, Air France-KLM, coté en Bourse, va devoir émettre un avertissement sur ses résultats 2014, un mauvais signal pour les marchés.
Le cours du titre du groupe franco-néerlandais s'est déjà effondré de 15 % depuis le début du conflit mi-septembre.

Quel avenir à plus long terme ?
Air France-KLM avait présenté le 11 septembre son plan stratégique baptisé « Perform 2020 » largement axé sur l'essor du « low cost » grâce à sa filiale Transavia.
Ce plan de croissance du groupe avait été salué par les investisseurs et les experts du transport aérien, car jugé très ambitieux.
Ce plan était aussi présenté comme incontournable pour rester dans la course face aux concurrents à bas coûts, particulièrement offensifs sur le marché français et européen, là où Air France est structurellement déficitaire.
La grève se termine, mais la direction a dû abandonner au passage la création d'une Transavia paneuropéenne avec l'installation de bases hors de France et de Hollande, fiefs de Transavia France et Transavia Hollande. Le groupe va devoir revoir en baisse ses ambitions européennes.
S'agissant du développement de Transavia France, aucun accord n'avait été trouvé dimanche, les pilotes exigeant toujours un contrat unique entre les pilotes d'Air France et ceux de la filiale.

Une image écornée pour longtemps
Après l'accident du Rio-Paris en juin 2009, Air France avait dû faire des efforts considérables pour regagner la confiance des passagers.
Parallèlement aux restructurations consenties pour renouer avec la compétitivité et la rentabilité depuis 2012, la compagnie française avait fait de la remontée en gamme et le service aux clients ses leitmotivs.
L'image d'une compagnie cogérée par ses pilotes et incapable de s'adapter à l'environnement qui l'entoure risque désormais de lui être longtemps associée.
Les passagers, eux, se sont tournés vers la concurrence. Air France aurait-elle fait la démonstration qu'elle n'est pas complètement irremplaçable sur son propre marché ?

Des pilotes décriés et des personnels divisés
Les pilotes, arc-boutés sur leurs acquis sociaux, ne sortent pas grandis de ce conflit.
Des « nantis », « au comportement irresponsable » : les pilotes ont semblé « coupés des réalités » dans une France en crise, selon les critiques entendues au sein même de la compagnie.
L'opinion publique a massivement pris position contre les manifestants qui ont mené « une grève corporatiste », selon les termes du Premier ministre (socialiste) Manuel Valls.
Mais leur syndicat ultramajoritaire (71,28 %), le SNPL Alpa France, qui avait perdu un siège au conseil d'administration au printemps lors des élections de mars et avril 2014, au profit de son petit rival Spaf, a démontré qu'il restait incontournable, qu'il avait le pouvoir de mobiliser ses troupes et que la direction devait composer avec lui, pour le meilleur comme pour le pire.
Premier syndicat historique, très puissant et structuré, le SNPL a-t-il gagné des points auprès de tous les pilotes de la compagnie ? Réponse en mars, lors des prochaines élections professionnelles.
La grève a aussi exacerbé les tensions entre les personnels : ceux du sol et les personnels navigants commerciaux (PNC, hôtesses et stewards) n'ont pas manqué de rappeler que dans le cadre du plan de restructuration, ils avaient supporté l'essentiel des efforts de productivité exigée par la direction.
À l'issue de Transform 2015, les pilotes sont loin d'atteindre les 20 % d'efficacité économique supplémentaires visés initialement.

Un PDG affaibli ?
Le PDG du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac, ressort affaibli de ce conflit puisqu'il a dû consentir à retirer son projet de Transavia Europe.
La durée du conflit démontre aussi une rupture de confiance avec ses pilotes.
Il devra non seulement obtenir un accord sur Transavia France et s'atteler à retisser le lien social avec les pilotes.
À la tête du groupe depuis juillet 2013, le patron peut néanmoins se targuer d'avoir reçu le soutien indéfectible du Premier ministre.
Des centaines de salariés lui avaient apporté leur soutien en se réunissant ces derniers jours devant le siège de la compagnie et en réclamant le retour des « pilotes dans leur cockpit ».

La grève des pilotes d'Air France, qui aura duré 14 jours, est désastreuse pour le groupe et ses salariés. Au-delà d'une nouvelle fragilisation financière, la compagnie française va devoir composer pendant longtemps avec un déficit d'image auprès des passagers.
Impact financierAir France a perdu 15 à 20 millions d'euros par jour, soit 200 à 280 millions d'euros.Soit le prix...

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