Il est nécessaire, même si pas suffisant, que les centaines de milliers de ces réfugiés syriens qui n'ont strictement rien à voir avec quelque extrémisme, takfirisme, fondamentalisme ou barbarisme que ce soit entament une intifada, dont ils se doivent de définir la nature et la culture, contre ce petit pourcentage de leurs compatriotes infiltrés et contaminés jusqu'à la moelle, un pourcentage sinon létal, du moins extrêmement nuisible et qui dynamite minutieusement leur quotidien. Ils (se) le doivent pour eux, pour les Libanais qui les accueillent, pour l'histoire et pour l'avenir plus ou moins proche de ces relations libano-syriennes qu'il faudra un jour, des deux côtés de Masnaa, totalement réinventer.
Il est nécessaire, même si pas suffisant, que l'immense majorité des soldats libanais, aussi courageux que terrorisés, on le serait à tellement moins, entament une intifada, dont ils se doivent de définir la nature et la culture, contre cette infime minorité d'entre eux qui commettrait, à en croire ces photos insensées qui circulent sur les réseaux sociaux, des injustices immondes à l'encontre de réfugiés innocents. Naturellement, en ces temps de guerre, d'horreurs et de stress inouïs, il est difficile de constamment faire la part des choses. Difficile, mais indispensable, surtout que ces boys, contrairement à leur directoire, ont toujours été irréprochables.
Il est nécessaire, même si pas suffisant, que les habitants de Ersal entament une intifada, dont ils se doivent de définir la nature et la culture, contre certaines de leurs convictions, certains de leurs préjugés, certains de leurs réflexes. Pour cela, toute la communauté sunnite modérée, (parce que) frappée dans sa chair avant toutes les autres, devrait leur emboîter le pas, leur donner l'exemple, centupler chaque jour ces #NotInMyName, symboliques certes, mais tellement rassurants.
Il est nécessaire, même si pas suffisant, que la communauté chiite au Liban, à commencer par les mamans, entame, ou essaie d'entamer, une intifada, dont elle se doit de définir la nature et la culture, contre un Hezbollah qui ne veut toujours ni comprendre, ni entendre, ni écouter, ni voir, ni regarder ; un Hezbollah qui continue de s'engluer et de noyer tout un pays avec lui aux côtés du gang Assad en Syrie ; un Hezbollah qui ne fait que centupler la rage et la barbarie de l'État islamique.
Il est nécessaire, même si pas suffisant, que les familles des soldats kidnappés par l'hydre entament une intifada, dont elles se doivent de définir la nature et la culture, contre leur immense, leur infinie, leur incomparable douleur. Leurs angoisses. Qu'elles tentent, aussi surhumain que cela puisse être, de se mettre, ne serait-ce qu'un instant, à la place de l'État, aussi aberrant que cela puisse paraître. Qu'elles y mettent, un minimum, du leur, après garantie, bien sûr, que cet ectoplasme d'État consacrera toute son énergie et tout son temps, la crise des réfugiés, la grille des salaires, l'électricité, l'eau, le budget, les élections et autres gracieusetés pouvant attendre, à la gestion de cette tragédie nationale.
Il est nécessaire, même si pas suffisant, que cet État, (si mal) incarné par le gouvernement Salam, entame une intifada, dont il se doit de définir la nature et la culture, contre son ADN absolument, furieusement bâtard. Que cette équipe-tour de Babel réfléchisse, si tant est que cela soit possible, parle et agisse d'une seule voix. Qu'elle règle son pas sur celui de ces mamans et ces papas, épitomés des Libanais, qui crèvent de trouille à la simple idée de s'endormir pour se réveiller avec l'image de leur fils au pire décapité, au mieux achevé avec douze balles dans la peau. Que cette équipe devienne, en réalité, un gouvernement.
P.-S. : il est nécessaire, même si pas suffisant, aussi, enfin, et parce que tout ne peut pas, ne doit en aucun cas, être simplement et irréversiblement noir, glauque et étouffant, que la délicieuse Amal Alamuddin entame une intifada, dont elle se doit de définir la nature et la culture, contre elle-même. Parce qu'il y a quelque chose d'atterrant lorsque l'on choisit Sarah Burton pour Alexander McQueen, ou Oscar de la Renta, pour la confection de sa robe de mariée, alors qu'elle a l'embarras du choix avec des Zuhair Mrad, Elie Saab, Krikor Jabotian ou, surtout, Rabih Kayrouz.
L'Horreur engendre la Terreur et la Terreur pratique l'Horreur.
10 h 25, le 27 septembre 2014