Un pied de...

Dans le roman de Rostand, Cyrano de Bergerac, le jeune vicomte Valvert descend l'escalier et vient défier Cyrano...

Le vicomte :
- « Attendez ! Je vais lui lancer un de ces traits... » Il s'avance vers Cyrano, qui l'observe, et, se campant devant lui d'un air fat : « Vous... Vous avez un nez... Heu... Un nez... très grand. »

Cyrano, gravement :
- « Très. »

Le vicomte, riant :
- « Ha ! »

Cyrano, imperturbable :
- « C'est tout ? »

Certes, ce n'est pas tout, mais c'est beaucoup !
Critère de beauté par excellence, le nez reste l'une des premières parties du corps que les autres voient. Si le petit nez est de plus en plus demandé aux chirurgiens plasticiens, certaines stars à l'instar de Barbra Streisand, Sarah Jessica Parker ou encore Gérard Depardieu (qui a incarné Cyrano et Obélix à l'écran) font de la résistance, en restant d'autant plus beaux et charismatiques.
Il y en a même dont le nez a fait la
notoriété... ou presque ! « S'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé », pensait Blaise Pascal en parlant de Cléopâtre. Célèbre pour son nez et sa beauté légendaire, la dernière reine de l'Égypte antique se distingue par son destin hors du commun, qui fut mêlé à ceux de César et d'Antoine. Aussi habile séductrice que fine politique, Cléopâtre lutta pour sauvegarder une civilisation millénaire à laquelle elle était particulièrement attachée.
Un autre Égyptien, lui, l'a perdu... Le Sphinx. Contrairement à la légende, ce n'est pas Napoléon Ier Bonaparte le responsable. Identifié en 1980 par un historien allemand, le destructeur du nez du Sphinx de Gizeh serait Mohammad Sa'im al-Dahr, un musulman qui vécut au XVe siècle. À cette époque, le Sphinx était considéré comme une idole et vénéré par la population qui lui faisait des offrandes pour favoriser les récoltes. Agacé par cette dévotion païenne, Mohammad Sa'im al-Dahr aurait alors détruit le nez – et une partie des oreilles – à l'aide d'un bec-de-corbin : un instrument en forme de marteau à bec de corbeau.
John Pierpont (JP) Morgan fut l'un des hommes les plus redoutables du monde de la finance au XIXe siècle. Entre 1837 et 1913, il créa la banque qui porte aujourd'hui son nom et marqua à jamais l'histoire. On retrouve, entre autres, dans les financements qui lui sont attribués, la construction du Titanic ou les aciéries d'Andrew Carnegie. Si son portrait figura longtemps sur les billets du Monopoly – il a souvent été caricaturé de façon à rappeler un rapace –, s'il a volé une bouteille de La Tour d'argent à Paris (le restaurant, qui n'en possédait que deux, a accepté la lettre d'excuses du milliardaire et lui a retourné le chèque en blanc qu'il lui avait adressé en guise de dédommagement), c'est pour son nez qu'on le cite aujourd'hui ! En effet, JP Morgan avait un nez pointu et pourpre à cause d'une rosacée chronique qui le défigurait et faisait jaser : « L'organe nasal de Johnny Morgan a une tonalité pourpre... » Il fuyait les photographes, mais répétait toujours : « Je ne toucherai pas à mon nez, il fait partie de la structure économique de la ville. »
Le nez, c'est aussi un métier... Un nez est une personne qui prépare et teste les mélanges d'essences pour créer un parfum. Connaissant des milliers de senteurs, en ayant la mémoire, il peut analyser la fragrance d'un produit. Après dix ans de pratique, lorsqu'il a mémorisé les 1 500 odeurs (environ), le parfumeur peut enfin devenir « formulateur ».
Germaine Cellier fut la première femme à entrer dans le monde des parfumeurs. Son imagination et son esprit ont marqué la profession. Elle crée en 1944 « Bandit » et « Vent vert », après sa rencontre avec Balmain, puis « Cœur-Joie » de Nina Ricci. Ernest Beaux, lui, a créé le célèbre « N° 5 » de Chanel, parfum le plus vendu au monde.
On trouve également plein d'expressions avec le mot nez, aux sens bien différents : avoir quelqu'un dans le nez ; mener quelqu'un par le bout du nez ; mettre le nez dehors ; montrer le bout de son nez ; pied de nez ; piquer du nez ; se trouver nez à nez.
Et enfin, une citation que j'aime bien, d'André Maurois : « Le plus souvent, on cherche le bonheur comme on cherche ses lunettes, quand on les a sur le nez... » Nez-ce pas ? !

Sources principales : futura-sciences.com
larousse.frknowledge-tv.com