Quatre mois se sont écoulés sans président de la République, mais le général Michel Aoun se considère toujours comme candidat consensuel et attend qu'on lui explique explicitement qu'il est temps de se retirer de la course. Lui sait très bien que sa candidature non déclarée crée perpétuellement un défaut de quorum qui empêche l'élection présidentielle, et cela n'est jamais arrivé jusque-là dans l'histoire du Liban avec un candidat maronite à la présidence. Hamid Frangié n'a pas attendu qu'on lui demande de se retirer de la course mais a pris l'initiative de le faire quand il a remarqué que Camille Chamoun allait l'emporter. Et ce dernier a demandé à son bloc de voter pour Fouad Chéhab malgré la rivalité politique entre les deux hommes. Jamais Camille Chamoun n'a sommé ses députés de provoquer un défaut de quorum. Quand la majorité a affiché son soutien à Charles Hélou, Raymond Eddé a quant à lui compris qu'il ne servait plus à rien de se battre. Et quand le trio Chamoun-Gemayel-Eddé n'a pas pu récolter les voix requises pour remporter la présidentielle, ils ont tous les trois appuyé le candidat consensuel Sleiman Frangié. Jamais candidat maronite n'aura usé du processus démocratique pour torpiller la présidentielle à sa manière comme le fait le chef du Courant patriotique libre. Aujourd'hui, Michel Aoun n'a qu'à apprendre de ses prédécesseurs et suivre leur exemple, non pas pour l'intérêt d'un candidat ou d'un parti, mais dans l'intérêt du Liban.
C'est le Liban qui demande aujourd'hui à Michel Aoun de déclarer forfait et de ne plus user du prétexte du « président fort ». Un président ne peut être fort que s'il bénéficie du soutien de la majorité des composantes du pays. Dans le temps, la compétition entre les candidats chiites pour accéder à la présidence de la Chambre ressemblait à la course entre les maronites d'aujourd'hui, avant que la majorité des chiites ne s'entendent sur la personne de Nabih Berry et que la pluralité au sein de la communauté chiite ne disparaisse. Seule la communauté maronite présente actuellement des divergences au sein de chaque camp et une profusion de candidats à la présidence. Les maronites ne sont plus divisés seulement entre opposants et loyalistes, que les musulmans pourraient départager comme autrefois, et il n'est pas possible qu'un des quatre pôles chrétiens de Bkerké accède au palais de Baabda. Seul un président consensuel, non aligné et indépendant du 14 et du 8 Mars, fera l'affaire. Et il est temps que Michel Aoun le comprenne.
Liban - Le commentaire
Jamais candidat n’aura joué le jeu de Michel Aoun...
OLJ / Par Émile Khoury, le 25 septembre 2014 à 00h00
commentaires (6)
Il y a des ambitions mortelles!
Beauchard Jacques
10 h 56, le 25 septembre 2014