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Moyen Orient et Monde - Irak-Syrie

Les jihadistes de l’EI, sans doute les extrémistes les plus fortunés au monde

Au contraire d’el-Qaëda, dont les ressources proviennent de dons, les jihadistes de l’EI contrôlent un immense territoire sur lequel ils font régner leur loi à coups de racket, d’enlèvements et de contrebande de pétrole, et, plus surprenant, d’antiquités. Photo AFP

Les Occidentaux ont toutes les peines du monde à s'attaquer au nerf de la guerre que constituent les finances du groupe État islamique (EI), riche à millions grâce aux méthodes « mafieuses » qu'il applique dans les territoires sous son contrôle en Syrie et en Irak.


Au contraire d'el-Qaëda, dont les ressources proviennent de dons, les jihadistes de l'EI contrôlent un immense territoire sur lequel ils font régner leur loi à coups de racket, d'enlèvements et de contrebande de pétrole et, plus surprenant, d'antiquités, expliquent des analystes. Du coup, les sanctions occidentales n'ont pas prise sur ces sources de financement totalement souterraines, souligne Evan Jendruck, consultant chez IHS Jane's. À l'inverse, le régime de sanctions adopté par 160 pays a réussi à brider les flux financiers qu'el-Qaëda faisait passer par des organisations caritatives et des banques. « Prendre des sanctions pourrait un peu limiter les transferts de fonds destinés à l'EI depuis d'autres pays que l'Irak et la Syrie, mais il est beaucoup plus difficile de faire un sort au financement qui provient de la contrebande et de ses activités criminelles », note M. Jendruck dans une interview.


Les jihadistes de l'EI sont sans doute les extrémistes les plus fortunés au monde. Ils tirent leur argent du « racket des commerçants locaux et des "taxes" qu'ils prélèvent sur les automobilistes et chauffeurs routiers qui empruntent les routes dans le territoire sous leur contrôle », rapporte un responsable du renseignement américain qui s'exprime sous le couvert de l'anonymat. Le groupe « se finance grâce à des méthodes semblables à celles d'une organisation mafieuse », explique-t-il.

 

(Lire aussi : Quand l'EI se croit à Hollywood...)

 

« 2 millions par jour grâce au pétrole »
Mais sa source de revenus principale reste les onze champs pétrolifères qu'il a saisis dans l'est de la Syrie et dans le nord de l'Irak. Les jihadistes revendent le pétrole brut pour une bouchée de pain contre de l'argent liquide et les produits raffinés dans des pays voisins. Selon Lou'aï al-Khattib, chercheur au Brookings Doha, ils pourraient empocher jusqu'à 2 millions de dollars par jour grâce à la revente de pétrole. Ils raffinent l'or noir dans des raffineries de fortune puis le font passer en camion, par bateau ou même à dos d'âne vers la Turquie, l'Iran et la Jordanie, où il est revendu entre 25 et 60 dollars le baril, soit bien moins que les 100 dollars qui ont cours sur les marchés mondiaux, dit-il. Le groupe État islamique « a réussi à faire fortune sur le marché noir en développant un vaste réseau d'intermédiaires dans des pays et territoires voisins », écrivait M. Khattib récemment.

 

(Repère : Qui se bat en Syrie et en Irak ?)


Depuis 2003, Washington a mis en place des sanctions contre plus d'une vingtaine de personnes affiliées à l'EI ou à son prédécesseur, el-Qaëda en Irak, et a dernièrement ajouté deux noms à sa liste, selon David Cohen, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme. Les États-Unis entendent aussi priver les jihadistes d'accès au système financier international. Mais se pose la question du soutien des pays du Golfe à une telle initiative. Le Qatar et le Koweït en particulier ont été accusés de permettre à des fonds d'être transférés aux extrémistes, ce que les deux pays nient.


Mais le financement de donateurs privés compte pour une part assez faible des revenus du groupe islamiste. D'où la difficulté de sanctionner tel ou tel individu pour « son soutien au terrorisme », souligne Howard Shatz, économiste au centre de recherches Rand Corporation. Pourtant, les jihadistes ont déjà connu des périodes de vaches maigres par le passé. En 2009, après l'offensive conjointe des forces américaines et irakiennes, et le soulèvement de tribus sunnites, les insurgés ont perdu une bonne part du territoire qu'ils contrôlaient, réduisant d'autant leurs sources de financement. « Au final, tout est affaire de contrôle territorial », explique Howard Shatz.

 

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