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Lifestyle - Tendance

« Une mode géniale mais une époque terrible pour tant de gens »

À Berlin, le vintage des années 40, « c'est tout à la fois : les tissus, les couleurs, la finition et la haute qualité du travail ».

Avec son rouge à lèvres savamment atténué, ses boucles élégamment coiffées et son tailleur cintré typique des années 40, Constanze Pelzer semble tout droit sortie du tournage d’un film sur la Seconde Guerre mondiale. Photos Odd Andersen/AFP

Avec son rouge à lèvres savamment atténué, ses boucles élégamment coiffées et son tailleur cintré typique des années 40, Constanze Pelzer semble tout droit sortie du tournage d'un film sur la Seconde Guerre mondiale.
De la tête aux pieds, cette Allemande de 49 ans personnifie l'élégance de l'époque : de ses petites lunettes à ses bijoux clinquants en passant par ses escarpins rouges, tout est authentique. Bien que la panoplie évoque une période pénible de l'histoire allemande, madame Pelzer admire tellement la mode des années 40 qu'elle porte quotidiennement ces atours originaux, en ambassadrice d'un club qui compte bien d'autres passionnés. « C'est tout à la fois : les tissus, les couleurs, la finition et la haute qualité du travail », explique-t-elle à l'AFP dans sa boutique consacrée aux vêtements des années 1920 à 1950, sur le Kurfürstendamm, avenue commerçante chic de l'ouest de Berlin. « Dans ces vêtements du passé, je ne me sens pas déguisée, je me sens juste bien », affirme-t-elle.
Les années 40, c'est à la fois le glamour flamboyant de Lauren Bacall et de l'âge d'or d'Hollywood, mais aussi, pour les femmes ordinaires, des vêtements pratiques, liés à un contexte de guerre, des jupes sages à hauteur de genou, des pantalons larges... « Une mode géniale mais une époque terrible pour tant de gens », souligne cette passionnée qui se dit inspirée par l'esprit des femmes de l'époque défiant la pénurie et les destructions pour rester chics.
Tina Büttner, 40 ans, également amoureuse du vintage, affirme que ce sont les paradoxes des années 40 qui renforcent sa fascination pour cette période. « Je ne m'identifie pas aux idées allemandes de l'époque », dit-elle, estimant que le style des années 40 se situe pour elle aux antipodes de ce que le régime hitlérien associait à l'image de la « femme idéale ». « Ils ne voulaient pas de la diva fardée et moulée dans sa robe, mais plutôt la femme au foyer, en cuisine, avec autant d'enfants que possible, avec ses tresses et ses vêtements simples. »
Selon Mmes Pelzer et Büttner, les années 40 sont désormais une tendance internationale dont les accros aiment se réunir en Allemagne ou dans d'autres pays européens, à l'occasion de dîners ou de soirées dansantes.

Quête d'authenticité
Dans leur quête du vêtement le plus authentique, les amateurs sont également motivés par leur pratique du Lindy Hop, une des danses les plus populaires de l'époque. Et le plaisir des passionnés se trouve accentué par le fait qu'il n'est pas trop difficile de trouver encore des vêtements et accessoires de cette période, y compris certains qui ne furent presque jamais portés. En ces temps de guerre, « les gens avaient pour habitude de tout stocker au sous-sol, l'endroit parfait pour conserver les choses en bon état », relève Lucia Vicente, 34 ans, une Portugaise qui a ouvert le café berlinois Lissabonbon dont le décor rend hommage à ce passé.
Selon l'historienne de la mode Birgit Haase, le vintage a connu une explosion en Allemagne comme ailleurs à partir de la fin des années 80, que l'on peut expliquer par une recherche d'authenticité et le souci de se différencier dans un monde dominé par les productions de masse et le marketing. Mais le choix des années 40 reste pour elle un mystère : « Je trouve étonnant de prendre pour idéal ou comme source d'inspiration une période d'abord façonnée par la dictature puis par la pénurie », a expliqué cette professeure à l'Université des sciences appliquées de Hambourg.
Dans la rue, les têtes se tournent pour suivre du regard la silhouette de Mme Büttner, mais son style particulier ne suscite pas de réactions négatives, bien au contraire. Elle, qui a poussé son amour des années 40 jusqu'à n'utiliser chez elle que des objets d'époque, de la vaisselle jusqu'au téléphone, serait prête à aller plus loin. « Ce qui me manque, c'est une voiture d'époque, mais elles sont beaucoup trop grandes pour les parkings de Berlin. »

Avec son rouge à lèvres savamment atténué, ses boucles élégamment coiffées et son tailleur cintré typique des années 40, Constanze Pelzer semble tout droit sortie du tournage d'un film sur la Seconde Guerre mondiale.De la tête aux pieds, cette Allemande de 49 ans personnifie l'élégance de l'époque : de ses petites lunettes à ses bijoux clinquants en passant par ses...

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