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À La Une - Reportage

"Nous ne pouvons plus rester plus longtemps ici. Mais où aller ?"

Dans les camps de réfugiés irakiens, l'inquiétude avant les premiers froids.

Une femme yazidie avec ses enfants dans le camp de réfugiés de Bajid Kandala au Kurdistan irakien, le 13 août 2014. Ahmad Al-Rubaye / AFP

C'est le plus récent des camps de réfugiés en Irak. A Khanke, à quelques kilomètres de la frontière turque, les camions s'activent pour que soient montés des hébergements en dur en prévision des premiers froids de l'automne.

Géré par les autorités de la région autonome du Kurdistan irakien avec l'aide du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), Khanke devrait à terme pouvoir héberger 18 000 personnes, explique Liena Veide du HCR.
Derrière elle apparaissent les premières tentes pourvues d'un sol et d'un muret solides. "L'hiver approche", précédé par la saison des pluies fin octobre, explique Mme Veide. "Nous devons nous préparer car il semble que tous ces gens vont rester ici. Le camp est clairement prévu pour durer plus de deux mois".

Les températures flirtaient avec les 50° Celsius lorsque les premiers déplacés ont débarqué. Mais, dans les vastes plaines du Kurdistan, le gel frappe dès l'automne et la neige peut tomber à partir de novembre.
Les réfugiés ne s'attendent pas à rentrer chez eux avant l'arrivée des pluies et du froid, même si la pression militaire s'accroît sur les combattants jihadistes de l'Etat islamique avec la contre-offensive lancée depuis un mois de l'armée soutenue par les frappes américaines.

Les familles installées dans les écoles, dont quelque 600 ont été réquisitionnées dans le gouvernorat de Dohuk, seront prioritaires pour habiter les tentes bénéficiant d'un sol et de murets en dur. Les autorités espèrent ainsi que les écoles pourront rouvrir début octobre.

Le HCR évalue à plus de 550 000 personnes le nombre de personnes ayant trouvé refuge dans le gouvernorat de Dohuk depuis le début de l'année. Jetées sur les routes par l'offensive lancée le 9 juin par l'EI, elles se sont installées là où elles le pouvaient, dans des immeubles en construction, des mosquées ou dans la rue.

 

"Où aller ?"
Mais même pour les réfugiés ayant pu s'installer dans les tentes en tissu montées dans l'urgence dans les camps, l'approche de l'hiver est source d'angoisse.

"Je ne sais pas quoi faire", témoigne, désemparé, Bapir Rashwe Ravo, arrivé il y a 15 jours. Originaire de Sinjar, il a été chassé avec sa famille par l'EI qui a pris pour cible la communauté kurdophone non-musulmane des Yazidis.

 

(Lire aussi : Briyar, l'étudiant kurde devenu peshmerga anti-jihadistes)


Au total, ils sont 33 membres de la même famille à être hébergés à Khanke, avec pour unique fortune deux billets de 1 000 dinars irakiens. Soit moins de 2 dollars. La famille n'a pour se nourrir que deux casseroles de riz par jour, et cinq pains, raconte-t-il. Les ONG présentes leur ont bien fourni du riz cru et de l'huile, mais rien pour les faire cuire.

"Alors on n'a pas le choix. Même si ça (les casseroles de riz) tombe par terre, on le mange, parce que c'est tout ce qu'on a", explique cet homme de 44 ans, barbe et moustache fournies sur un visage épuisé.
"Nous ne pouvons plus rester plus longtemps ici. Mais où aller?", interroge-t-il.


Au même moment, Lokman Atrashi, qui travaille à l'hôpital suédois d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, débarque à l'entrée du camp avec des jouets pour les enfants. Les jouets sont un pis-aller car ces gamins ont aussi "besoin d'écoles, de soins, de nourriture... Il n'y a que des tentes ici", lâche-t-il. "Ils n'ont nulle part où aller, tout a été détruit. Demandez donc aux enfants ce qu'ils ont vu, c'est tragique".

Lorsque, début août, les jihadistes ont attaqué les villages yazidis proches de la frontière syrienne, certains sont parvenus à se sauver dans les montagnes, sans eau ni vivres. Mais des centaines d'autres ont été assassinés ou enlevés, tandis que des femmes étaient vendues pour quelques centaines de dollars, selon les témoignages des survivants.

"Où sont toutes les grandes organisations d'aide?", demande M. Atrashi. "Il y a bien des agences de l'ONU, mais ce n'est pas assez".

 

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