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Liban - Liban

Journée de folie dans la Békaa avec des enlèvements et des contre-enlèvements sunnito-chiites

La situation était très tendue hier à Saadnayel après le rapt d’Ayman Sawan. Les habitants ont promis de reprendre aujourd’hui leur mouvement de protestation. Photo Danièle Khayat

Enlèvements, contre-enlèvements entre sunnites et chiites, fermeture de routes et combats intermittents dans le jurd de Ersal, jamais la situation dans la Békaa n'a été aussi proche de l'explosion. Les soldats, mais aussi les responsables et les parties politiques font de leur mieux pour tenter de désamorcer la bombe de la discorde, mais l'instabilité reste de mise.
Des affrontements ont été ainsi enregistrés dans le jurd entourant les villages de la Békaa du Nord entre l'armée et les groupes takfiristes. Un obus est même tombé dans le village de Laboué près de l'école secondaire et un autre dans le village de Ahmaziyé, sans faire de victime.


Mais le plus grave, ce sont les enlèvements qui ont eu lieu hier entre Baalbeck et Brital d'un côté, Saadnayel et Taalabaya de l'autre, sans oublier les habitants de Ersal, le tout sur fond de tension confessionnelle et en relation avec la prise de militaires en otage par les groupes takfiristes.
Tout a commencé lorsque des proches du soldat Ali Zayd al-Masri que les ravisseurs menacent d'égorger si l'État libanais ne répond pas à leurs exigences ont procédé à l'enlèvement de plusieurs habitants de Ersal dans une tentative de faire pression sur les ravisseurs ou sur cheikh Moustapha Hojeïry, dit Abou Takié, soupçonné d'être proche des ravisseurs. L'armée libanaise a aussitôt effectué des investigations pour tenter d'identifier les coupables de ces enlèvements et de libérer les nouveaux otages.


C'est ainsi que la disparition de Hussein et Mohammad al-Masri a provoqué de vifs remous dans la région, les membres de la famille Masri croyant d'abord à des contre-enlèvements. Mais il est rapidement apparu que les deux hommes avaient été arrêtés par l'armée pour être interrogés dans le cadre des opérations d'enlèvements. Ils ont été par la suite relâchés, ayant prouvé qu'ils ne sont pas impliqués dans la prise d'otages. L'armée continue ses investigations, sachant que le délai donné par les groupes takfiristes est sur le point d'expirer. L'épouse du militaire Ali al-Masri a lancé un appel à ceux qui ont enlevé le groupe d'habitants de Ersal de les relâcher, car, a-t-elle dit, de tels procédés ne servent pas la cause des militaires enlevés. Mais jusqu'à présent, cet appel est resté sans réponse, tout comme celui lancé par le mufti de Baalbeck cheikh Bakr al-Rifaï. Cette nouvelle a en tout cas provoqué une recrudescence de la tension dans la Békaa.


Ainsi, dans l'après-midi, Ayman Sawan, originaire de Saadnayel, a été enlevé à Taybé près de Baalbeck lorsque des inconnus à bord d'une jeep Grand Cherokee ont bloqué sa voiture. Son frère Khaled a été laissé libre, mais les ravisseurs se sont emparés de plusieurs objets appartenant à Ayman Sawan. Les habitants de Saadnayel ont aussitôt exprimé leur colère en fermant la route de Saadnayel-Taalbaya, jusqu'à Chtaura... L'armée a aussitôt effectué des perquisitions dans le village de Brital où elle a arrêté l'épouse du ravisseur et certains membres de sa famille. Mais entre-temps, le fils de Ayman Sawan, Salah, a annoncé avoir enlevé dix chauffeurs de minibus, annonçant qu'il ne les relâchera que lorsque son père sera remis en liberté.
En riposte à cette série d'enlèvements, les habitants de Siriine ont coupé la route qui mène de leur village à Riyack pour protester contre l'enlèvement d'un de leurs fils, à Saadnayel. C'est dire que tout au long de la journée d'hier, la Békaa du Nord et du centre semblait prise d'un vent de désordre et d'une vague de violence qui ne sont pas sans rappeler les pires moments de la guerre civile.

 

Condoléances et négociations...
C'est dans cette atmosphère confuse que la famille du deuxième soldat Abbas Medlej décapité par les combattants de l'EI a continué à recevoir les condoléances dans son village de Ansar dans la Békaa. Parmi les visiteurs, les députés Émile Rahmé et Nawwar Sahili qui ont affirmé que l'EI et ses semblables sont les ennemis de l'islam et de l'humanité.


En dépit de cette journée mouvementée, aucun élément nouveau n'a été signalé dans le dossier des militaires enlevés par l'EI et le Front al-Nosra. Les sources proches des ravisseurs précisent que ces derniers attendent la réponse du gouvernement à leurs exigences qui devrait leur être remise par le négociateur syrien désigné par le Qatar. Ces sources précisent que les deux formations n'ont pas remis une liste des détenus dont elles exigent la libération en contrepartie de celle des militaires, car les pourparlers n'ont pas atteint encore ce stade. Il s'agit pour l'instant de savoir seulement si le gouvernement libanais accepte le principe de l'échange ou non et s'il accepte aussi que cette personnalité syrienne choisie par le Qatar se charge de la négociation. En même temps, les sources précitées laissent entendre qu'un développement au sujet de ce dossier pourrait avoir lieu au cours des prochaines heures, sans donner d'autres précisions.


Il est certain que le Liban tout entier retient son souffle en attendant l'évolution de ce dossier qui touche l'État, l'armée mais aussi tous les Libanais.

C'est sans doute dans le cadre de cette tension que la voiture de cheikh Mazen Abdel Razzak a été brûlée à Berkayel au Akkar. Cet incident a provoqué à son tour une vague de protestations, notamment de la part du Rassemblement des ulémas musulmans qui a demandé aux autorités compétentes de mener rapidement une enquête sur le sujet et de châtier les coupables.
Enfin, des jeunes ont coupé la route de Choueifate avec des pneus en signe de solidarité avec l'armée. Mais en réalité, ces procédés ne font qu'amplifier le climat de tension et en dépit des appels au calme, la situation se complique de plus en plus.

 

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commentaires (3)

ÇA Y EST, C'EST PARTI ! ÇA VA ÉCLATER POUR DE BON !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 59, le 10 septembre 2014

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Commentaires (3)

  • ÇA Y EST, C'EST PARTI ! ÇA VA ÉCLATER POUR DE BON !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 59, le 10 septembre 2014

  • Que Dieu préserve le Liban d’une nouvelle guerre civile pire que 1975.

    Sabbagha Antoine

    12 h 39, le 09 septembre 2014

  • GARE AUX INSTINCTS ! RIEN NE PEUT PLUS SAUVER LE PAYS SI LES ABRUTIS CONTINUENT LES UNS À DYNAMITER LES INSTITUTIONS... ET LES AUTRES À PARLER POUR NE RIEN DIRE... DES TROUBLIONS ET DES NULLITÉS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 32, le 09 septembre 2014

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