L'« État islamique » (EI, ex-Daech) est en passe de réussir un grand coup au Liban sans même avoir à trop se mouiller. La fâcheuse tendance des Libanais à flirter constamment avec les comportements du bord du gouffre donne, en effet, aux terroristes islamistes une terrible marge de manœuvre dont ils ont pu calculer l'ampleur à la suite des exécutions barbares qu'ils ont perpétrées sur deux des militaires qu'ils détiennent.
Depuis samedi soir et l'annonce de la décapitation du second soldat, Abbas Medlej, un chiite de la région de Baalbeck, un vent de panique souffle sur la Békaa. Les réactions primaires, voire primitives, l'emportant chez de nombreuses foules sur la raison, ce qui devait arriver arriva : hier, on pouvait clairement affirmer, avec la reprise des enlèvements et contre-enlèvements sur une base confessionnelle, que la région était revenue à la phase d'avant le plan de sécurité mis en œuvre avec plus ou moins de succès au début du printemps dernier.
Les terroristes, quant à eux, doivent rire sous cape : ils n'ont pas oublié, eux, qu'avant d'assassiner sauvagement le soldat Medlej, ils avaient fait de même avec le soldat Ali Sayyed, qui se trouvait pourtant être un sunnite.
Mais il est vrai qu'avant cela, le Front al-Nosra, à peine moins sinistre que son confère daéchien, avait libéré d'un bloc tous les militaires sunnites qu'il détenait en otage, donnant à penser que les terroristes avaient bien l'intention de jouer sur la fibre qui fait traditionnellement le plus de dégâts au Liban, à savoir la fibre confessionnelle et sectaire.
Voilà donc où nous en sommes aujourd'hui, à l'heure où, en plus des rapts et des fermetures de routes dans la Békaa, on assiste un peu partout dans le pays à une escalade dans les surenchères politico-confessionnelles interlibanaises, mais aussi à l'exacerbation des sentiments racistes et xénophobes à l'endroit des réfugiés syriens, simplement parce que les foules semblent incapables de ne pas céder au piège facile de l'amalgame.
Les vexations de toute sorte se multiplient dans plusieurs régions à l'encontre des populations déplacées sous prétexte d'assimilation à Daech et compagnie, et il est heureux que jusqu'ici, les lignes rouges n'aient guère été franchies sur ce plan.
C'est dans ce contexte à la fois chaotique et explosif que l'État libanais est appelé à gérer la crise des otages militaires. Pour une fois, les responsables, et à leur tête le chef du gouvernement, s'efforcent de s'acquitter aussi dignement que possible de l'affaire, en dépit du terrible dilemme auquel ils sont confrontés. La tonalité adoptée dimanche soir par Tammam Salam dans son message télévisé aux Libanais, plaidant pour un minimum de clarté et d'unité dans le combat face aux terroristes, allait tout à fait dans ce sens, mais il n'est pas sûr que l'opinion en ait saisi toute la signification.
Toujours est-il que nombre d'observateurs continuent à soutenir mordicus qu'en dépit de tous les désaccords qui déchirent plus que jamais les Libanais et leur classe politique, malgré les différences radicales dans les diagnostics qui sont faits ici ou là du phénomène de Daech et du péril qu'il représente, et quoi qu'il en est des crispations confessionnelles dans la rue, aucune partie politique libanaise n'est disposée à autoriser un dérapage ou une dérive du pays vers un conflit majeur. C'est à peu près la seule certitude unanime qui persiste vaille que vaille.
Pour le reste, tout va mal, et même très mal. Et à Rabieh, il n'est toujours pas question d'un changement de cap en matière de présidentielle.
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Seule solution, executer 3 terroristes entre les main des autorites a Roumieh pour chaque soldat assassine. C est le seul language que comprendront ces sauvages du Deach et du frot Al-Nosra. Malheureusement, le gouvernement n'a pas le courage de le faire,puisque la plupart des terroristes emprisones sont couvert politiquement....Et y a encore des cretins qui insistent a impliquer al 3adu al israili......
15 h 49, le 09 septembre 2014