Selon des experts, les conclusions auxquelles a abouti un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la cigarette électronique exagéraient ses risques et sous-estimaient son intérêt comme alternative au tabac. Photo AFP
Des experts ont contesté les conclusions d'un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la cigarette électronique, estimant qu'elles exagéraient les risques et sous-estimaient son intérêt comme alternative au tabac. Rendu public le 26 août dernier, ce rapport recommandait notamment aux gouvernements d'interdire la vente des cigarettes électroniques aux mineurs et leur usage dans les lieux publics fermés, estimant que celles-ci présentaient un « grave danger » pour l'adolescent et le fœtus.
Dans son rapport, l'agence onusienne avait également souligné que la cigarette électronique « accroît l'exposition des non-fumeurs et des tiers à la nicotine et à un certain nombre de substances toxiques ». Elle avait ainsi recommandé d'interdire aux détaillants de vendre ces produits aux mineurs et d'éliminer les distributeurs automatiques « presque partout », mais aussi d'interdire l'utilisation des cigarettes électroniques dans les lieux publics fermés, « surtout là où il est interdit de fumer, jusqu'à ce qu'il soit prouvé que la vapeur exhalée n'est pas nocive pour les tiers ».
« Nous avons été surpris par le ton négatif du rapport et avons trouvé qu'il était trompeur et ne reflétait pas de manière précise les données disponibles », estime Ann McNeill, professeur du Centre national des addictions au King's College à Londres. « Les e-cigarettes sont une nouveauté et nous n'avons de toute évidence pas encore toutes les réponses sur leur impact sanitaire à long terme, mais ce que nous savons, c'est qu'elles sont beaucoup moins dangereuses que les cigarettes qui tuent plus de six millions de personnes par an dans le monde », ajoute-t-elle dans un article publié dans la revue Addiction, rapporte l'AFP.
Les cigarettes électroniques délivrent dans la bouche une vapeur aromatisée contenant de la nicotine. Leur utilisation s'est répandue très rapidement dans le monde. Selon l'OMS, il existe actuellement plus de 400 marques tandis que le marché pour ces produits était estimé à 3 milliards de dollars en 2013.
Les partisans de la cigarette électronique estiment qu'elle est moins nocive que la cigarette traditionnelle, qui est associée à un risque accru de cancers et de maladies cardio-vasculaires.
« L'utilisation de la cigarette électronique pourrait sauver des millions de vies au cours de ce siècle et avoir l'impact de santé publique le plus important dans l'histoire de l'usage du tabac », relève pour sa part le Dr Jacques Le Houezec, un spécialiste français du tabagisme et l'un des coauteurs de l'article.
De manière plus générale, les auteurs relèvent que l'OMS n'a pas réussi à reconnaître « que les concentrations de toxines dans les cigarettes électroniques ne représentent qu'une toute petite fraction de ce qu'on trouve dans la fumée des cigarettes traditionnelles ». Ils contestent également les arguments sur l'inhalation passive des vapeurs de cigarette électronique, et rejettent une autre conclusion du rapport de l'OMS affirmant que les cigarettes électroniques « empêchent l'arrêt du tabac, alors que c'est le contraire qui est vrai ».