Les pays du Golfe, potentiels partenaires de Washington face à l'État Islamique (EI) en Irak et en Syrie, ont eu des entretiens de haut niveau cette semaine, mais des experts doutent qu'une coalition puisse se former rapidement en vue d'actions concrètes.
Les divergences et rivalités sont en effet si grandes entre certains États du Golfe que des spécialistes ne voient pas ces pays agir dans le même camp. D'abord, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a été au centre de multiples réunions depuis dimanche dernier dans la région. À l'issue de l'une d'elles sur la Syrie impliquant quatre autres pays arabes (Égypte, Émirats arabes unis, Qatar, Jordanie), un communiqué commun a été publié affirmant leur volonté « d'agir sérieusement » face à « la progression de l'idéologie terroriste et extrémiste ». Deux jours plus tard, le prince Saoud al-Fayçal a reçu le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian, le premier entretien à ce haut niveau depuis l'élection du président iranien Hassan Rohani il y a plus d'un an. La rencontre, qui a notamment porté sur les « défis qu'affronte la région comme l'extrémisme », a d'ailleurs été qualifiée de « fructueuse » par un diplomate iranien qui y a participé. Le lendemain, le prince al-Fayçal, accompagné du ministre saoudien de l'Intérieur et du chef du renseignement, s'est rendu au Qatar, première étape d'une tournée qui l'a aussi conduit à Bahreïn et aux Émirats.
(Pour mémoire : Un Saoudien emmène ses deux enfants faire le jihad en Syrie)
Tentative de rapprochement Arabie-Qatar
Parallèlement, rappelons qu'une crise diplomatique se poursuit depuis six mois entre le Qatar d'une part, l'Arabie saoudite, les Émirats et Bahreïn de l'autre. Une importante réunion des ministres des Affaires étrangères des quatre pays concernés par cette crise, ainsi que ceux du Koweït et d'Oman, qui forment ensemble le Conseil de coopération du Golfe (CCG), est prévue aujourd'hui à Djeddah. Si elle échouait, disent des experts, cela augurerait mal d'un front commun dans le Golfe contre l'EI. Selon Abdulkhaleq Abdulla, professeur de sciences politiques à l'université des Émirats, le Qatar a néanmoins multiplié les gestes au cours de la semaine écoulée pour réduire les sources de tension avec ses voisins, notamment l'Arabie saoudite. Interrogé par l'AFP sur les possibilités d'un front arabe commun incluant les pays du Golfe et de formation éventuelle d'une coalition militaire contre l'EI, Frederic Wehrey, spécialiste de la région, se montre quant à lui très prudent. Les six pays du CCG éprouvent déjà des difficultés à coopérer entre eux dans les domaines militaire et du renseignement en raison de « méfiances » et de « disputes » autour du commandement, explique M. Wehrey, expert du Golfe à l'institut Carnegie Endowment for International Peace. Si certains d'entre eux entraient en action en Syrie « en complément de frappes américaines », cela n'irait pas « au-delà d'une légitimité symbolique d'un pays arabe participant », ajoute-t-il. M. Wehrey ne voit pas non plus « l'hostilité mutuelle de l'Arabie saoudite et de l'Iran envers l'EI évoluer vers une coopération réellement significative ».
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commentaires (2)
MESSIEURS, FAITES VOS JEUX... RIEN NE VA PLUS... IL Y A RISQUE DE TRANSFORMATION DE VOS SULTANATS ET ROYAUMES MULTI COLORÉS... EN... NOIR CALIFAT !!!
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 05, le 31 août 2014