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Économie - Trois questions à l’ambassadeur Jaime García Amaral...

Le Mexique parie sur l’avenir en réformant son secteur énergétique

Photo Marisol Rifaï

Le 1er décembre 2012, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) reprenait la présidence mexicaine, après 12 ans d'absence. Quels sont les principaux changements qui ont marqué ce début de mandat ?
La présidence de Enrique Peña Nieto a marqué un vent de changement puisqu'au lendemain de sa prise de fonctions, le 2 décembre 2012, a été instauré le « Pacto por México » (pacte pour le Mexique, NDLR), un accord politique qui réunit autour de la même table les trois grands partis politiques nationaux (PRI, PAN et PRD). De cet accord vont découler une série de réformes constitutionnelles qui ont pour objectif d'endiguer le ralentissement économique, réduire la pauvreté et les inégalités sociales et renforcer le processus démocratique.
C'est d'une vision à long terme de réformes structurelles qui transcendent les intérêts de tel ou tel parti politique dont le Mexique a besoin. Des réformes qui stimulent la productivité et la compétitivité du pays à l'échelle mondiale, tout en veillant à ce que les classes sociales les plus défavorisées puissent en bénéficier. En 20 mois, onze réformes ont ainsi pu être adoptées, nécessitant 58 modifications constitutionnelles, l'amendement de 81 lois, la création de 21 nouvelles et l'abolition de 15 autres. Parmi ces réformes, six d'entre elles tablent sur l'accroissement de la productivité dans des secteurs tels que l'emploi, la fiscalité, les finances, les télécoms ou l'énergie, trois sont relatives aux droits des citoyens dans l'éducation ou la justice et deux concernent l'amélioration du processus démocratique grâce à de nouvelles lois électorales et sur la transparence de l'État.

Parmi ces réformes, celle de la privatisation du secteur pétrolier a été très médiatisée. Pourquoi après des dizaines d'années de monopole absolu de l'État ce changement de cap a-t-il eu lieu ?
Le Mexique, 8e plus grand producteur de pétrole au monde, affiche aujourd'hui une production moyenne de 2,5 millions de barils par jour. Ce chiffre n'a cessé de diminuer au cours des dix dernières années (3,4 millions de barils par jour en 2004), malgré des investissements croissants dans l'exploration et la production de pétrole. Concernant le gaz naturel, le Mexique était pratiquement autosuffisant en 1997, important seulement 3 % de la consommation nationale, contre 30 % aujourd'hui.
La compagnie nationale pétrolière Pemex (Petroleos Mexicanos) n'a donc pas su faire les bons investissements, délaissant tous les maillons de la chaîne postproduction, comme le raffinage, le développement des gazoducs plus modernes, la distribution et d'autres services à forte valeur ajoutée. Aujourd'hui, par exemple, le Mexique exporte son pétrole aux États-Unis et en importe de l'essence raffinée. Une situation économiquement absurde, qu'il était urgent de changer.
Les nouvelles réformes ouvrent ainsi aux investisseurs étrangers les portes du marché du pétrole, du gaz naturel et de l'électricité de la deuxième puissance économique d'Amérique latine et mettent fin à 76 ans de monopole de Pemex sur le pétrole mexicain. Il est cependant important de noter que les ressources d'hydrocarbures et la rente pétrolière demeurent la propriété de l'État mexicain.
Je crois que le Mexique est aux portes d'un grand tournant économique, tout comme il le fut en signant l'Accord de libre-échange nord-américain (ALlena) en 1994. Avec ces réformes, l'objectif est d'augmenter la production de pétrole à 3 et 3,5 millions de barils par jour en 2018 et 2025 respectivement, de faire baisser les prix de l'électricité et de limiter la dépendance énergétique du pays à l'égard de l'étranger.

Quelle est l'importance d'un tel changement de cap pour l'avenir du pays et comment les Mexicains pourront-ils concrètement bénéficier de ces réformes ?
Le Mexique est la 14e puissance économique mondiale avec un PIB en 2013 qui a dépassé le trillion de dollars. Et pourtant, le pays connaît encore des niveaux de pauvreté et d'inégalités inacceptables. Avec une moyenne d'environ 2 % au cours des dix dernières années, la croissance n'a pas atteint les niveaux espérés.
Ainsi, toutes ces réformes sont en réalité à vocation sociale. Elles ont été conçues pour augmenter la productivité du pays et permettre un développement économique plus fertile, générateur d'emplois et d'investissements. Avec la réforme énergétique, le gouvernement s'est fixé pour objectif d'ici à 2018 d'accroître d'un point le taux de croissance, de générer 500 000 nouveaux emplois et d'attirer 12,6 milliards de dollars d'investissements annuels.
Un fonds mexicain du pétrole va également être créé en septembre prochain dans le but de garantir aux générations futures l'assurance de pouvoir bénéficier de l'ensemble des revenus de la rente pétrolière. En octobre, toutes les législations et régulations concernant la réforme du secteur énergétique seront publiées et, en novembre, le décret pour la modernisation de l'Institut mexicain du pétrole sera présenté.
Un grand chantier donc, très prometteur, dans lequel les entreprises libanaises pourraient peut-être participer, qui sait ? Les appels d'offres pour toutes sortes de projets seront bientôt lancés...

Le 1er décembre 2012, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) reprenait la présidence mexicaine, après 12 ans d'absence. Quels sont les principaux changements qui ont marqué ce début de mandat ?La présidence de Enrique Peña Nieto a marqué un vent de changement puisqu'au lendemain de sa prise de fonctions, le 2 décembre 2012, a été instauré le « Pacto por México » (pacte...
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