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Liban - Le commentaire

La fameuse « distanciation » du Liban, une arme redoutable contre le terrorisme

Aucun Libanais, quelle que soit sa tendance, ne dira le contraire : l'appel lancé par le secrétaire général du Hezbollah en faveur de l'unification des rangs pour faire face au danger de Daech (l'État islamique) était on ne peut plus pertinent.
Mais là où les Libanais ne sont pas d'accord, c'est autour de la question de savoir quel Liban nous voulons exactement, ce qui requiert de toute évidence un accord sur les questions fondamentales de sorte à pouvoir définir une vision d'avenir, la seule susceptible de nous libérer du « Daech de l'intérieur » après s'être débarrassé du « Daech extérieur ».
Les idées proposées par Hassan Nasrallah dans son dernier discours n'impliquent malheureusement pas la possibilité de pousser son camp et celui du 14 Mars à se trouver un dénominateur commun, et cela pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, son obstination à soutenir la candidature de Michel Aoun à la présidence à laquelle il reste attaché comme à la prunelle de ses yeux.
Cela veut dire qu'il laisse la porte fermée à tout éventuel candidat consensuel. Le chef du parti chiite insiste pour dire par ailleurs que la participation militaire de la résistance à la guerre en Syrie vise à protéger la résistance et à protéger ses arrières ainsi que ceux du Liban. Il assure par là même que la guerre du Hezbollah en Syrie est une guerre préventive contre les takfiristes et utilise les affrontements de Ersal comme excuse pour justifier le fait que l'implication de son parti en Syrie vise à défendre l'ensemble des Libanais sans exception. Daech étant un danger qui menace le monde entier et risque à n'importe quel moment de déborder en entier sur la Békaa. De telles mises en garde sont étrangement familières et nous rappellent lorsque, durant la guerre libano-palestinienne de 1975, les milices chrétiennes affirmaient que n'était-ce leur participation à la guerre, le Liban serait devenu une patrie de substitution aux Palestiniens. Ou encore que le Liban aurait été divisé selon le plan prévu par les responsables US à l'époque, et notamment Henry Kissinger. C'est exactement de la même manière qu'Israël justifie ses guerres préventives contre le Liban pour soi-disant empêcher la résistance palestinienne et le Hezbollah de menacer sa sécurité.
Les prises de position exprimées par le chef du Hezbollah il y a quelques jours ne sont évidemment pas de nature à convaincre le 14 Mars qui reste certain que l'ingérence du parti chiite en Syrie est la cause première de l'enlisement du Liban dans la guerre des takfiristes, que ce soit par le biais des voitures piégées, les assassinats, l'incursion à Ersal ou peut-être même ailleurs. Le 14 Mars avance aussi l'idée que cette implication du parti chiite en territoire voisin a exaspéré la division politique et communautaire entre les Libanais, se répercutant de manière notoire sur l'unité du pays.
Conséquences pratiques : désormais, toute personne qui ressent la peur, l'injustice et la révolte est devenue un fondamentaliste et un terroriste potentiel prêt à se rebeller contre cette situation. Si le Hezbollah avait pratiqué la politique de distanciation à l'instar de la Jordanie, il n'y a aucun doute que toute menace terroriste – qu'elle soit issue de Daech ou ses filières – dirigée contre le Liban aurait certainement rassemblé dans une même tranchée les citoyens, toutes communautés et tendances confondues. Par contre, toute division interne fragilise et expose indiscutablement le pays à toutes sortes de dangers.
Le 14 Mars n'est pas non plus d'accord sur le fait de minimiser, comme l'a fait Hassan Nasrallah, le rôle de la Finul et sa capacité à protéger la frontière libanaise du côté du Sud, allant même jusqu'à l'ironie en affirmant que ce sont plutôt les Casques bleus qui ont besoin d'être protégés. Cela suppose bien entendu son refus indirect de voir l'application de la résolution 1701 élargie à d'autres régions.
Il reste que la protection des frontières libanaises a besoin, avant tout, d'un État fort et capable, et surtout, de la proclamation du respect unanime de la distanciation, seule garantie de l'unité du pays et de son peuple. Selon l'adage bien connu qui dit que celui qui se mêle des affaires des autres ne peut que les encourager à s'ingérer dans ses propres affaires.

Aucun Libanais, quelle que soit sa tendance, ne dira le contraire : l'appel lancé par le secrétaire général du Hezbollah en faveur de l'unification des rangs pour faire face au danger de Daech (l'État islamique) était on ne peut plus pertinent.Mais là où les Libanais ne sont pas d'accord, c'est autour de la question de savoir quel Liban nous voulons exactement, ce qui requiert de toute...

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