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Liban - Le commentaire

La présidentielle en otage

Le duo Aoun-Nasrallah continue de prendre en otage le quorum des deux tiers pour empêcher une élection présidentielle qui leur échapperait, l'adoption d'une loi électorale qui ne garantirait pas leur victoire aux législatives et la prorogation du mandat de la Chambre si Michel Aoun n'est pas élu président... Le tandem CPL-Hezbollah aspire au vide institutionnel total s'il ne parvient pas à mettre la main sur l'ensemble de l'appareil de l'État.
Ni les cris de Bkerké ne serviront à quelque chose, ni les déclarations des autorités politiques et religieuses, ni les initiatives de Saad Hariri, Boutros Harb, Walid Joumblatt et autres ne pourront sortir le Liban de cette crise artificielle tant que le tandem Aoun-Nasrallah maintient – chacun pour ses raisons – son emprise sur le quorum des deux tiers. Seul Téhéran peut couper le nœud gordien, comme il l'a fait en Irak, en renvoyant Nouri al-Maliki chez lui.
Le président de la Chambre, Nabih Berry, qui insiste de son côté sur la libanisation de l'échéance et déploie tous ses efforts à cette fin, ne trouve aucun moyen de libérer l'élection présidentielle des deux tiers. Pour lui, il n'y a que le consensus. Le chef du Courant patriotique libre se solidarise avec le secrétaire général du Hezbollah dans ses efforts pour torpiller le quorum du moment qu'il est le seul candidat du parti à la présidence ; Hassan Nasrallah, lui, insiste pour que Aoun reste le seul candidat du Hezbollah afin de continuer à torpiller le quorum... Les deux avancent vers les mêmes objectifs : provoquer un vide global dont la seule issue serait une Constituante qui permettrait une révision de la Constitution issue de Taëf, et la mise en place de plus d'équité entre les trois grandes communautés du pays au sein d'une nouvelle formule. Ainsi, la présidentielle resterait une carte aux mains de Téhéran pour qu'il puisse négocier dans ses relations avec les États-Unis, notamment s'agissant du dossier syrien et de l'influence iranienne dans la région.
Le 14 Mars devra attendre longtemps avant qu'il y ait une élection consensuelle. Hassan Nasrallah a en effet réitéré son soutien au général Aoun à la présidence. Il a appelé à dialoguer avec ce dernier lors de son dernier discours, alors qu'il sait très bien que personne ne peut discuter de cette question avec le chef du CPL... Qui plus est, le secrétaire général du Hezbollah ne veut pas que Michel Aoun accède à la présidence, et ce dernier le sait. Il veut juste faire en sorte que le quorum des deux tiers reste une carte entre ses mains, ce que seul Aoun et son bloc peuvent continuer à lui garantir.
Quant au maintien du cabinet Salam, il s'agit d'un point de rencontre entre le Hezbollah et le courant du Futur. En fait, Hassan Nasrallah a voulu préciser que ce gouvernement avait été formé dans le but de remplir le vide présidentiel – et peut-être même parlementaire... Cependant, le Hezbollah peut mettre fin aux jours du cabinet dès qu'il le souhaite afin d'imposer une révision de Taëf.
Dans les faits, il n'y a aucune solution à la présidentielle si les intentions ne sont pas sincères. L'élection devrait se faire lors d'une même séance, à la majorité absolue, au terme d'un consensus. Ou bien il faudrait alors aller vers une prorogation technique, et de quelques mois, du mandat de la Chambre.

Le duo Aoun-Nasrallah continue de prendre en otage le quorum des deux tiers pour empêcher une élection présidentielle qui leur échapperait, l'adoption d'une loi électorale qui ne garantirait pas leur victoire aux législatives et la prorogation du mandat de la Chambre si Michel Aoun n'est pas élu président... Le tandem CPL-Hezbollah aspire au vide institutionnel total s'il ne parvient pas...

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