Le Liberia était placé sous couvre-feu à partir d'hier face à la progression inexorable de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.
En effet, à Monrovia, capitale du Liberia, les 75 000 habitants de la banlieue de West Point se sont réveillés encerclés par un cordon de militaires et de policiers lourdement armés, à la suite du placement en quarantaine pendant la nuit du quartier, de même que Dolo Town, plus au sud. La population de West Point a réagi par des jets de pierres et des cris de colère contre la présidente Ellen Johnson Sirleaf. De plus, quatre habitants ont été blessés par balles dans des heurts avec l'armée et la police.
Le calme est ensuite revenu dans l'après-midi, mais la tension restait vive autour de West Point, où soldats et policiers étaient aux aguets. Dans le centre de Monrovia, la plupart des magasins étaient fermés, y compris à Waterside, le plus grand marché de la capitale. « C'est inhumain ce que fait cette dame. On ne peut pas nous enfermer subitement sans nous prévenir, comment nos enfants vont-ils manger ? » a déclaré un résident, Patrick Wesseh. Plusieurs habitants ont témoigné sur les radios locales d'un doublement des prix des marchandises dans le quartier.
Au Nigeria, une cinquième personne est décédée : un médecin qui avait soigné le premier patient atteint d'Ebola dans ce pays, un homme venu du Liberia. De son côté, la Côte d'Ivoire a annoncé la suspension « jusqu'à nouvel ordre » de l'organisation dans le pays des compétitions sportives internationales.
De son côté, le coordinateur de l'Onu pour Ebola, le Dr David Nabarro, était attendu dans la région à partir d'hier soir pour se rendre dans chacun des pays touchés : au Liberia, où il compte enrôler les 7 500 Casques bleus dans la lutte, puis en Sierra Leone, en Guinée et au Nigeria. Il a indiqué qu'il se rendrait à Dakar pour rallier successivement Monrovia, Freetown, Conakry et Abuja, accompagné par Keiji Fukuda, un responsable de l'OMS, afin de « revitaliser le secteur de la santé » dans ces pays, mis à rude épreuve par l'épidémie. Quelque 30 000 personnes auraient eu besoin d'un traitement ou d'un vaccin jusqu'à présent pour faire face à l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola, selon une estimation publiée hier par un chercheur britannique.
Dans le reste du monde, une alerte chassait l'autre, aucun cas de contamination hors d'Afrique n'ayant jusqu'à présent été identifié.
Aux États-Unis, un patient potentiellement exposé au virus a été admis et mis à l'isolement dans l'hôpital Kaiser Permanente de Sacramento, en Californie (Ouest). En Asie, un Birman de 22 ans de retour de Guinée et du Liberia, a été hospitalisé mardi à son arrivée à l'aéroport de la grande ville du pays, Rangoun. Au Vietnam, deux Nigérians repérés avec de la fièvre à leur arrivée lundi après-midi du Qatar ont été placés en isolement dans l'hôpital des maladies tropicales d'Ho Chi Minh Ville. En Europe, deux alertes lancées mardi se sont révélées sans rapport avec Ebola. À Berlin, une Africaine dont le malaise avait provoqué la fermeture d'une agence pour l'emploi souffre de paludisme, tout comme un habitant du Pays basque espagnol de retour de Sierra Leone, selon les autorités.
Enfin, seules trois compagnies aériennes internationales – Royal Air Maroc, Brussels Airlines et Air France – desservent encore la Sierra Leone, selon le directeur général de l'Aviation civile Abubakarr Kamara. Et une partie des personnels navigants d'Air France « n'ont pas souhaité effectuer leur mission » à destination de la Guinée, de la Sierra Leone ou du Nigeria, sans pour l'instant entraîner d'annulation de vols, selon un porte-parole de la compagnie.
(Source : AFP)
Moyen Orient et Monde - Ebola
Le Liberia placé sous couvre-feu face à la progression inexorable de l’épidémie
30 000 personnes auraient eu besoin d'un traitement ou d'un vaccin ; les fausses alertes se multiplient dans le monde.
OLJ / le 21 août 2014 à 00h00