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Liban - Musique

Coachés par American Voices, des musiciens passionnés veulent éblouir leur public demain à Jounieh

À l'Université Notre-Dame, cent jeunes du Liban, de Syrie et du Kurdistan répètent pour le concert de vendredi.

Photo de groupe.

« Tu chantes le morceau Glitter and Be Gay, il faut que ce soit brillant ! » s'exclame Ira Spaulding, professeur de chant venu tout droit de New York à Jounieh. La soprano qui recueille sa critique acquiesce sans mot dire, et se lance de nouveau dans l'opérette de Bernstein. Jeune Libanaise de 22 ans, elle est consciente de sa chance puisqu'avec cent autres talents venus des quatre coins du Liban, de Syrie et du Kurdistan, elle a été sélectionnée par l'association American Voices pour participer au programme « Yes Academy » qui lui permet de bénéficier de leçons offertes par de grands professeurs de musique.
Tandis que la voix d'Ira fait écho à la sienne durant l'exercice, elle s'élève, plisse les yeux, portée par les « plus fort ! » et « plus théâtral ! »... jusqu''à ce que, malgré les corrections du professeur, l'on n'entende plus qu'elle. La magie fait bien son effet sur les élèves assistant à la leçon, qui n'osent pas troubler le silence laissé par la note finale... Un silence vite comblé par les commentaires d'Ira. Vendredi, ils seront tous réunis pour éblouir leur public dans le nouvel amphithéâtre de l'Université Notre-Dame (NDU). Il n'y a pas une minute, ni conseil, à perdre.
Lorsqu'on lui demande s'il a « fait tout ce chemin pour... », le professeur de chant vous interrompt pour répondre d'un grand « Yes ! J'ai fait tout ce chemin pour enseigner au milieu de ces talentueuses personnes. » « L'idée de notre association était de créer autour de la musique classique une rencontre entre des jeunes de différentes nationalités, de différentes confessions », poursuit John Ferguson, directeur de Youth Excellence on Stage (Yes). C'est lui qui, avec les fonds d'American Voices, a eu l'idée de créer cette académie qui offre durant deux semaines des cours de perfectionnement musical aux jeunes prodiges de la région.
« Lorsque pour la première édition, en 2007, John m'a demandé de partir avec lui en Irak, je l'ai regardé en me demandant s'il n'était pas fou ! s'exclame Greg Hurley, professeur de violon. Mais j'avais envie de tenter l'aventure, alors je l'ai suivi. » Les éditions de Yes se succèdent dans différents pays tels l'Irak ou la Syrie, et l'excellence des élèves ainsi que leur soif d'apprendre convainquent chaque année leurs professeurs de revenir.
Parmi les jeunes étoiles, nombreuses sont inscrites au conservatoire, mais certaines ont suivi des chemins différents. C'est le cas de Karam, qui a « appris le piano tout seul, avec Youtube ». « Sa culture musicale m'impressionne ! » s'étonne Patrick Fayad, le pianiste qui l'a repéré. « À Lattaquié (Syrie), mes parents n'approuvaient pas mon envie de devenir musicien », raconte-il. Parallèlement à ses études de médecine, il travaille donc chez un comptable pour s'acheter l'instrument tant convoité. « Mes parents sont devenus fous lorsqu'ils ont vu le piano arriver à la maison ! », dit-il en riant.
Une autre élève syrienne, Noura, explique qu'à Damas elle est membre d'un groupe qui « joue du classique, mais aussi du jazz ou de la musique orientale ». Son rêve est de monter son propre groupe à la fin de l'année, lorsqu'elle aura terminé la faculté de musicologie. Mais à Yes Academy, c'est le classique qui est à l'honneur, avec la rigueur nécessaire. « Il faut que la note soit bien ronde, il faut que la note brille ! » Alors, dans les salles de musique, on gratte, on pince et on caresse les cordes sans relâche pour que ressorte l'éclat des morceaux choisis, tels la Cumparsita de Rodriguez. « En rythme ! », s'exclame le professeur en tapant des pieds avant de passer à Britten puis Bizet. « Vous avez le trac ? interroge-t-on dans la salle de piano, lorsque Karam et Nour hésitent, au milieu d'un prélude de Rachmaninov ou de Beethoven. Plus vous avancez et plus vous aurez le trac ! C'est normal et il faut respirer. » Vu le chemin parcouru, il leur faudra prendre une grande inspiration avant la première de vendredi. Mais à entendre l'entraînante Valse minute de Chopin, ou à regarder les mains fluettes qui s'enfoncent dans les touches des pianos pour faire vibrer le public, nul ne doute qu'ils réussiront leur pari.
Entrée libre.

Vendredi 15 août, 17h30, NDU, théâtre Issam Farès : musique de chambre, ensemble vocal, pianos.
19h30 : orchestre des enfants, orchestre des jeunes.

« Tu chantes le morceau Glitter and Be Gay, il faut que ce soit brillant ! » s'exclame Ira Spaulding, professeur de chant venu tout droit de New York à Jounieh. La soprano qui recueille sa critique acquiesce sans mot dire, et se lance de nouveau dans l'opérette de Bernstein. Jeune Libanaise de 22 ans, elle est consciente de sa chance puisqu'avec cent autres talents venus des quatre coins du...
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