Israël a repris mardi ses frappes sur Gaza après une brève trêve rejetée par le Hamas, dont les roquettes ont fait une première victime israélienne dans ce conflit qui a coûté la vie à près de 200 Palestiniens.
Après avoir accepté une proposition égyptienne de cessez-le-feu à partir de 06H00 GMT, Israël a repris dans l'après-midi ses raids sur l'enclave palestinienne, en réponse à des dizaines de tirs "aveugles" de roquettes, dont deux ont été détruites en vol au-dessus de Tel-Aviv, a annoncé l'armée.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays n'avait d'autre choix que "d'étendre et d'intensifier" ses opérations dans la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, un allié de l'Iran.
"Une solution diplomatique aurait été mieux, c'est ce que nous avons essayé de faire lorsque nous avons accepté la proposition de trêve de l'Egypte aujourd'hui. Mais le Hamas ne nous a pas laissé d'autre choix que d'étendre et d'intensifier notre campagne contre lui", a-t-il déclaré à la télévision. "Lorsqu'il n'y a pas de cessez-le-feu, notre réponse est +feu!+", a-t-il martelé.
Signe des tensions croissantes au sein de la coalition au pouvoir, le cabinet de M. Netanyahu a annoncé le limogeage du vice-ministre de la Défense, Danny Danon, qui a vivement critiqué la manière dont l'opération militaire était menée, la qualifiant même d'"échec".
M. Netanyahu n'a cependant donné aucune indication claire sur une éventuelle intervention terrestre dans l'enclave palestinienne, près de laquelle des troupes d'infanterie et des chars ont été ostensiblement déployés depuis huit jours. Sa déclaration a coïncidé avec l'annonce de la mort d'un civil israélien par un tir de roquette au passage d'Erez entre Israël et Gaza, la première victime israélienne depuis le début le 8 juillet de l'offensive aérienne contre Gaza et l'intensification des tirs palestiniens.
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Selon les services de secours israéliens, ce civil de 38 ans était venu distribuer de la nourriture aux soldats postés dans le secteur.
Dans la bande de Gaza, deux hommes de 24 et 77 ans ont d'autre part péri dans les raids israéliens dans l'après-midi. Au total, 194 Palestiniens ont été tués et près de 1.300 blessés, dont une grande majorité de civils, en huit jours de conflit.
L'armée a ostensiblement déployé des troupes d'infanterie et des chars aux abords de Gaza, mobilisant 40.000 réservistes en vue d'une éventuelle invasion, une option qu'Israël envisage même si elle risque d'être coûteuse en vies humaines.
Le ministre de Affaires étrangères Avigdor Lieberman, un faucon, a plaidé pour que "l'opération se termine avec l'armée contrôlant toute la bande de Gaza", dont elle s'était retirée unilatéralement en 2005.
Pas de "reddition"
Le Hamas, affirmant avoir eu connaissance du plan égyptien par les médias, a écarté tout cessez-le-feu qui n'inclurait pas un accord global sur la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l'ouverture du poste-frontière avec l'Egypte et la libération de détenus.
"Un cessez-le-feu sans parvenir à un accord est exclu. En temps de guerre, on ne cesse pas le feu pour ensuite négocier", a déclaré à Gaza Fawzi Barhoum, un porte-parole du puissant mouvement islamiste considéré par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne comme une "organisation terroriste".
La branche militaire du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a qualifié la proposition égyptienne de "reddition".
Dans la journée de mardi, plus de 80 roquettes ont atteint Israël, dont l'une a visé la région de Haïfa, à 160 km au nord de Gaza. Un soldat a été légèrement blessé à Sdérot, près de Gaza. En huit jours, 900 projectiles ont touché le territoire israélien, selon l'armée.
Les Occidentaux tentaient de trouver un moyen d'enrayer le conflit, sans succès pour le moment. Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier est en visite en Israël, de même que son homologue italienne Federica Mogherini, dont le pays préside l'UE. Les Etats-Unis ont pour leur part répété qu'ils étaient disposés à tout faire "pour aider les deux parties à se rassembler". M. Steinmeier, qui doit encore voir en Cisjordanie le président palestinien Mahmoud Abbas, a insisté sur le droit d'Israël à se défendre, tout en insistant sur la nécessité d'une trêve.
"Miséricorde de Dieu"
Très en retrait dans cette crise, M. Abbas doit se rendre dans les jours à venir en Egypte puis en Turquie, pays allié du Hamas dont le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a accusé Israël de "terrorisme d'Etat" et de perpétrer un "massacre".
La nouvelle spirale de violences a été enclenchée après l'enlèvement et le meurtre de trois étudiants israéliens en juin, attribués par Israël au Hamas qui a démenti, suivis de l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem, pour lequel trois extrémistes juifs doivent être inculpés.
L'agence de l'Onu pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) s'est alarmée de la situation humanitaire à Gaza, où les trois-quarts des victimes sont des civils. "Le niveau de pertes humaines et de destruction à Gaza est vraiment immense", a déploré à Genève un porte-parole de l'UNRWA, Sami Mshasha.
De plus, selon la Croix rouge internationale, "d'ici quelques jours, l'ensemble de la population de Gaza risque de se retrouver à court d'eau". Témoignant de ce désespoir, Souheir al-Hossari, 44 ans, dont l'immeuble a été détruit par une missile israélien, raconte comment il a tout perdu. "Le repas qu'on avait préparé pour la rupture du jeûne du ramadan est sous les décombres de ma maison (...). Je vais rester là maintenant à ciel ouvert en me reposant sur la miséricorde de Dieu", dit-il.
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LA LIBRE EXPRESSION
15 h 59, le 16 juillet 2014