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À La Une - crise

Colère en Egypte après l'augmentation drastique du prix de l'essence

A partir de lundi, les taxes sur la bière seront augmentées de 200% et celles sur le vin de 150%.

Des automobilistes faisant la file devant une station d'essence au Caire le dimanche 6 juillet 2014. MAHMOUD KHALED/AFP

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a défendu dimanche l'augmentation drastique du prix de l'essence et décrété une hausse des taxes sur le tabac et l'alcool, pour tenter de juguler l'important déficit de l'Etat.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le gouvernement avait annoncé une baisse drastique des subventions sur l'essence --dont les prix sont actuellement parmi les plus bas du monde-- provoquant la colère de chauffeurs de taxis.

Dans le pays où les crises à répétition depuis début 2011 ont fait fuir touristes et investisseurs et mis l'économie à genoux, l'Etat consacre plus de 30% de son budget aux subventions sur les hydrocarbures et les produits alimentaires.

Dimanche, rencontrant la presse égyptienne, M. Sissi --élu avec 97% des voix en mai, 11 mois après avoir destitué l'islamiste Mohamed Morsi-- a défendu cette hausse. "Que nous le voulions ou non, ces décisions devaient être prises, maintenant ou plus tard", a-t-il dit, selon des propos rapportés par le site du quotidien gouvernemental Al-Ahram. "Il vaut mieux affronter (la situation) plutôt que de laisser le pays couler", a ajouté celui qui fait campagne pour l'austérité et a appelé les Egyptiens à faire des sacrifices pour l'économie de leur pays.

Et à compter de lundi, selon l'agence officielle Mena, le prix des cigarettes importées sera augmenté de 50%, tandis que celui des cigarettes produites localement sera augmenté de 1,75 à 2,75 livres égyptiennes (de 0,18 à 0,28 euro). En outre, les taxes sur la bière seront augmentées de 200% et celles sur le vin de 150%.

Alors que des craintes se font jour sur une possible augmentation de nombreux biens de consommation en réaction à la hausse des prix du carburant, M. Sissi a reconnu qu'il n'existait pas pour le moment de mécanisme de contrôle des prix, promettant toutefois, selon Mena, qu'ils seraient mis en place sous six mois.

Le gouvernement a également approuvé une augmentation des impôts et annoncé que le prix de l'électricité augmenterait graduellement sur cinq ans.

Alors que près de 40% de la population --quelque 34 millions de personnes-- vit en-dessous ou tout juste au-dessus du seuil de pauvreté, selon le gouvernement, l'économie égyptienne surnage actuellement grâce aux aides du Golfe.


Dans la rue, les automobilistes ne cachaient pas leur colère. Mostafa Ibrahim, un chauffeur de taxi interrogé par l'AFP à une station-essence a assuré: "Avant je remplissais deux fois mon réservoir pour 12 livres par jour et aujourd'hui, en une seule fois, j'ai payé 11 livres". "J'attendais de M. Sissi qu'il supprime l'aide aux hommes d'affaires et aux chefs d'entreprise, pas qu'il s'en prenne aux pauvres en premier", a-t-il lancé.

L'opposition islamiste pro-Morsi pourrait miser sur cette grogne sociale pour tenter de grossir les rangs de ses manifestations qui s'essoufflent face à la répression. En un an, plus d'un millier d'islamistes ont été tués, 15.000 arrêtés et des centaines condamnés à mort à l'issue de procès expéditifs de masse.
Et les autorités sont régulièrement accusées d'utiliser la justice comme un outil de répression, contre les Frères musulmans de M. Morsi.

Samedi, un tribunal a condamné le Guide suprême de la confrérie Mohamed Badie et 36 islamistes à la prison à perpétuité pour une manifestation violente il y a un an et confirmé la peine capitale de dix autres co-accusés jugés pour la plupart par contumace.
M. Badie, en prison et poursuivi dans des dizaines de procès comme la quasi-totalité de la direction de son mouvement, a déjà été condamné à mort dans deux autres affaires similaires.

 

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Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a défendu dimanche l'augmentation drastique du prix de l'essence et décrété une hausse des taxes sur le tabac et l'alcool, pour tenter de juguler l'important déficit de l'Etat.
Dans la nuit de vendredi à samedi, le gouvernement avait annoncé une baisse drastique des subventions sur l'essence --dont les prix sont actuellement parmi les plus bas...
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