Le come-back des Ahbache sur la scène sunnite

C'est dans le cadre d'un iftar donné dans le Centre islamique de Beyrouth à Zokak el-Blatt que l'association des Ahbache a consacré son retour sur la scène politique sunnite. Après des années d'éclipse, suite à l'arrestation de deux de ses membres dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri (les deux frères Abdel Aal ont été ensuite relâchés en même temps que les quatre généraux) et de la mobilisation de la rue sunnite autour du courant du Futur et de son chef, l'association des Ahbache a voulu officialiser la reprise de ses activités en conviant les médias à un iftar, au moment où la plupart des autres associations sont en train d'annuler les leurs pour des raisons de sécurité. D'ailleurs, les mesures de sécurité étaient très strictes autour de la mosquée de Zokak el-Blatt, mais les organisateurs de l'iftar ont précisé qu'ils n'ont pas voulu l'annuler justement pour ne pas céder à la peur et pour adresser aux Libanais un message d'espoir en l'avenir. Dans un film documentaire diffusé aux présents, l'association a expliqué aussi bien sa doctrine que ses activités principales qui se veulent essentiellement dédiées à l'éducation à travers un véritable réseau d'institutions pédagogiques. Le responsable de l'information au sein de l'association, cheikh Fakihani, a aussi précisé que les Ahbache se veulent un courant modéré au sein de l'islam et ont pendant des années payé le prix de cette modération, à travers la lutte systématique qui a été menée contre eux, depuis l'assassinat de leur chef cheikh Nizar Halabi en 1995 jusqu'à nos jours. Mais l'association est désormais convaincue que la rue sunnite a plus que jamais besoin de la présence de courants modérés qui rappellent et enseignent les véritables valeurs de l'islam, tout en renforçant la coexistence qui est la particularité du Liban. L'association a aussi exposé ses activités, où les médias (une station de radio et une revue, avec un supplément pour les femmes) occupent une bonne place, ainsi que les écoles et les aides fournies aux étudiants. Mais elle a aussi affiché ses options par une petite phrase sibylline lancée par cheikh Fakihani qui a dit : « Que l'on ne nous demande pas de changer nos croyances car nous ne le ferons pas », dans une allusion à l'appui des Ahbache à la résistance contre Israël et au Hezbollah, en dépit de toutes les tentatives d'intimidation, selon les responsables de l'association.