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Liban - Social

Au Liban, les jeunes malentendants donnent le mot d’ordre : « Réutilisez » !

Les élèves malentendants du Father Andeweg Institute for the Deaf en imposent artistiquement avec la présentation et la mise en vente de leurs objets d'art, basés sur le principe de réutilisation et de non-gaspillage.

Sur cette photo : une table en mosaïque de capsules, des cadres photo en carton provenant de boîtes d’œufs, des « arbres » en écorces de pistaches, de vieux meubles rénovés...

Quel meilleur moyen que l'art pour s'exprimer et communiquer ! À l'occasion de l'exposition artistique annuelle de leur école, les élèves malentendants de la Father Andeweg Institute for the Deaf (FAID) ont présenté vendredi au collège Notre-Dame de Jamhour un large panel d'objets de
décoration.
Sous le patronage de la ministre des Déplacés, Alice Chaptini, l'exposition pouvait être admirée dans les jardins ombragés de l'institut. Ambiance assurée : un jeune groupe de collégiens dynamiques et prometteurs interprétant différents hits musicaux !


Avec l'aide de leurs professeurs, les jeunes âgés de trois à dix-huit ans ont su savamment allier originalité et design, appliquant à la lettre le thème donné pour l'exposition de cette année : la réutilisation. Ainsi, de la remise à pied de vieux meubles à l'emploi d'éléments naturels (bois, coquilles de pistache, pommes de pin...), mais aussi d'objets usagés, le visiteur curieux a eu l'occasion d'admirer un large panel de créations. Tapis en pompons, table basse recouverte d'une mosaïque de capsules de bouteilles, fourchettes transformées en portemanteaux, arbres miniatures présentant fièrement leurs « feuilles » formées d'écorces de pistaches, miroirs devenus fleurs grâce à l'utilisation de cuillères à soupe peintes... tout témoigne d'un véritable sens artistique !


Dynamisme, couleurs et originalité sont donc au rendez-vous au FAID ! Pascale Khairallah, chargée de coordination des travaux artistiques de l'école, semble particulièrement fière et heureuse de montrer les capacités créatives et artistiques des élèves de l'institut. Pour elle, même si l'équipe éducative met tout en œuvre pour les aider à dépasser leur handicap, celui-ci les prédispose à choisir l'art comme moyen de prédilection pour s'exprimer et communiquer, dans la mesure où il abolit et transcende les barrières de la parole.
«D'ailleurs, beaucoup sont très doués ! » affirme-t-elle dans un sourire. Cette aptitude impressionnante des élèves a d'ailleurs permis d'envisager la vente de leurs objets de décoration. Et ça marche ! Pascale Khairallah remarque, au fur et à mesure de la présentation des différents stands, que certains objets se vendent bien. «Le fruit de la vente permettra d'aider au financement de l'exposition, l'institut disposant de peu de moyens », précise-t-elle.
Quant aux élèves, ils rayonnent, malgré leur timidité apparente. Interrogées sur le sujet, Reem et Syrine, en bonnes préadolescentes, sont beaucoup trop humbles pour reconnaître que le travail réalisé est remarquable. Elles affirment aisément, en revanche, que « cette activité a élargi leur horizon, leur permettant d'apprendre à utiliser leurs mains et à concevoir des choses par elles-mêmes ». En tout cas, au vu des sourires complices échangés avec Pascale Khairallah et des rires à peine contenus, elles se sont certainement bien amusées. Et c'est l'essentiel !

 

Apprendre à communiquer quel que soit le niveau de surdité
Le FAID est une organisation privée à but non lucratif fondée en 1957 par le révérend père Arie Zozinus Andeweg (1932-1999), également connu sous le nom de « Révérend Andy ». Cet anglican néerlandais, arrivé au Liban en 1956, a rapidement réalisé que le pays comptait beaucoup de malentendants, mais que peu de structures adaptées leur étaient proposées pour faciliter leur éducation et leur assimilation au sein de la société. Il a ainsi accompli un travail missionnaire au Moyen-Orient, œuvrant à la création d'associations à Beyrouth, mais aussi à Salt (Jordanie) et au Caire (Égypte).


Après sa mort, il a laissé derrière lui une œuvre conséquente et pionnière. En effet, le FAID est l'une des structures les plus importantes dédiées aux malentendants au Moyen-Orient. Utilisant des méthodes scientifiques et s'aidant de la psychologie, l'institut a ainsi contribué, depuis sa création, à l'éducation de plus de 3 000 élèves, sans considération pour leurs nationalité, religion, appartenance politique ou genre... Si le FAID a été fondé par un religieux, il ne se revendique pas pour autant d'une affiliation quelconque, ce qui lui assure une large mixité sociale.


Le but essentiel est d'apprendre aux élèves malentendants à interagir et communiquer de façon effective avec leurs pairs, leur assurant une indépendance optimale au sein de la société. Basée sur une éducation orale (anglais et arabe) et adaptée aux besoins, aptitudes et capacités de chacun, l'école, qui va de la garderie au secondaire, enseigne avant tout la confiance en soi afin de permettre le plein développement du potentiel de chacun. L'enseignement du FAID est ainsi guidé par une idée phare : tous les enfants, quel que soit leur niveau de surdité, peuvent apprendre à parler et à communiquer.

 

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