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Économie - Conférence

Liban : Pour les entreprises, les recrues souffrant de handicap peuvent devenir une valeur ajoutée

Secteur associatif, instances publiques et organismes économiques étaient réunis hier autour d'une table ronde pour débattre ensemble des moyens de mettre fin aux discriminations des personnes handicapées dans le monde du travail.

Le problème de l’exclusion dans le monde du travail n’est pas récent, mais ce n’est qu’en 2000 que l’État a fait voter la loi 220, relative aux droits des personnes handicapées dans tous les domaines de leur vie quotidienne.

Ils représentent environ 10 % de la population libanaise, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais seulement 2,5 %, selon les statistiques officielles. Cette variation dans la comptabilité des personnes handicapées est due à la classification très limitée qu'adopte l'État dans ses calculs. Dans la majorité des pays du monde, une personne malvoyante ou malentendante, par exemple, est considérée comme handicapée, alors qu'au Liban, il faut qu'elle soit complètement aveugle ou sourde. « En prenant en compte les chiffres de l'OMS, nous estimons que plus de 80 % de ces personnes handicapées n'exercent aucun emploi, ce qui représente pour le pays un manque à gagner considérable, même s'il est difficilement chiffrable », explique Doha Yahfoufi, responsable du programme d'intégration économique et sociale au sein de la LPHU (Lebanese Physical Handicapped Union). L'intégration des personnes handicapées dans le monde du travail et la prise de conscience des entreprises de la valeur ajoutée qu'elles peuvent lui apporter étaient au cœur de la conférence organisée hier à la municipalité de Ghobeiri par la LPHU et l'Institut al-Hadi pour les malentendants et malvoyants.


Le problème de l'exclusion dans le monde du travail n'est pas récent, mais ce n'est qu'en l'an 2000 que l'État a fait voter la loi 220, relative aux droits des personnes handicapées dans tous les domaines de leur vie quotidienne. Le texte prévoit pour les entreprises, entre autres, un quota de 3 % de personnes handicapées au sein de leurs équipes. Treize ans plus tard, on est malheureusement très loin du compte ;
les avancées demeurent très limitées et les mécanismes de contrôle de la loi inexistants.
« L'État étant complètement absent, il appartient donc aux autres acteurs de la société civile d'agir pour démontrer que l'emploi de personnes handicapées ne relève pas de la bonne action individuelle, mais de l'utilité économique à l'échelle nationale », a martelé le président de la municipalité de Ghobeiri, Mohammad Saïd al-Khansa.

 

Faire du handicap un atout
« Je ne fais pas que relater des théories lointaines, mais je témoigne en tant que président d'une municipalité qui emploie six personnes handicapées », a-t-il poursuivi. Selon lui, ces personnes-là ont souvent une productivité supérieure à celle de leurs collègues et s'impliquent davantage à leurs tâches « car elles ont longtemps été exclues et veulent prouver qu'elles peuvent réussir aussi bien que tout le monde ». « La société dans son ensemble gagnerait beaucoup à tirer profit des atouts de ces personnes au lieu de les confiner à leur domicile où elles deviennent alors un vrai problème social et sont condamnées à rester dépendantes de leur famille », a affirmé M. Khansa.


Pour le directeur de l'Institut al-Hadi, Ismaïl el-Zein, l'important est de tisser des liens étroits avec le secteur privé, « très réceptif à l'emploi de personnes handicapées, si celles-ci sont qualifiées ». « Nous avons fondé un partenariat avec l'Association des commerçants de la banlieue sud qui recrute largement parmi les personnes qu'on lui propose et nous espérons que cette expérience qui a prouvé son efficacité puisse s'étendre à d'autres régions », a-t-il indiqué.


Le programme d'intégration sociale et économique de la LPHU œuvre également dans ce sens depuis 2005 et possède trois bureaux de recrutement à travers le pays. « Le secteur privé qui est notre partenaire privilégié a compris que la diversité, sous toutes ses formes, est un atout », a de son côté souligné Mme Yahfoufi. « Beaucoup d'études ont montré que les entreprises qui se sentent concernées par la responsabilité sociale voient leurs bénéfices augmenter par rapport aux autres », a-t-elle poursuivi. La LPHU aide ainsi concrètement les entreprises libanaises intéressées, en signant premièrement un accord de coopération avec elles, puis en leur proposant des formations pour accueillir une personne handicapée et une aide pour aménager les locaux. L'entreprise, de son côté, peut proposer des stages à des personnes handicapées et collabore étroitement avec la Ligue quand un poste est vacant.


Mais pour la directrice de la LPHU, Sylvana Lakkis, il reste encore beaucoup à faire du côté légal. Selon elle, la loi 220-2000 n'est pas suffisante et le Liban gagnerait fortement à ratifier la Convention internationale sur le droit des personnes handicapées que le gouvernement a approuvée en 2007, mais qui attend toujours d'être ratifiée par le Parlement. « Celle-ci obligerait l'État à revoir toutes ses politiques sur le handicap et à mettre en place un plan concret pour modifier la loi », a souligné Mme Lakkis. « Même en termes d'opportunités touristiques, il faut savoir qu'environ 120 millions de personnes handicapées dans le monde voyagent, sans parler des personnes âgées avec des besoins spécifiques, et si le Liban ne s'équipe pas pour les accueillir, ce sont autant d'occasions ratées dont il serait regrettable de se priver », a-t-elle conclu.

 

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